PÉDOPHILIE, BONNE FAMILLE, PÈRE MAUDIT !
27 novembre 2005 | 1-Tout, Lectures, Poing-comme-net
Deux livres nouveaux lus. Celui de —un fort bon acteur— Robert Lalonde et celui sur un chroniqueur d’opéra —« dandy homo »— Québécois exilé à New York, Maurice Tourigny. Le premier livre « Que vais-je devenir jusqu’à ce que je meurs » ( du Victor Hugo), narre l’immense tristesse, la détresse effarante d’un écolier pauvre de 13 ans, à Oka, mis pensionnaire au collège de Rigaud sur l’autre rive de son cher lac des Deux-Montagnes. Le deuxième, écrit par l’intéressante biographe de Jean-Paul Riopelle, Hélène de Billy, est le curieux portrait d’un énergumène peu commun. Deux éditions de Boréal. « Maurice Tourigny », c’est le titre, mort du sida quand il se réfugie dans les « chics » Hampton new-yorkais, était né « chic » rue Laurier dans les hauteurs de la Vieille Capitale. Un père inaccessible —cas classique— qui fut tout un personnage, conseiller, chef de cabinet, d’un fameux « Maurice ». Duplessis. Ce père muré trouva en Duplessis un père d’adoption, le sien étant jugé indigne : un malheureux médecin, diplômé à Paris et qui, s’ennuyait de sa jeunesse parisienne à Trois-Rivières, « buvait comme un trou » !
À Québec, dans les années ’60, dans une « belle et bonne » famille, on ne badine pas sur le sujet de l’homosexualité. Le jeune Maurice se sait de cette « engeance maudite » selon les bien-pensants du temps. Protégé par sa maman, l’enfant-surprise venu tard, Maurice aime les poupées, les robes de fille, les maquillages. L’apprenti-artiste, velléitaire toute sa vie, étouffe. Il s’échappe en 1960, se sauve. Pas à Paris comme le grand-père-alcoo, non, à Manhattan. Mégapole qu’il sublime, qu’il vénère. qui l’attire. Il y sera le chroniqueur des opéras du samedi pour la radio de Radio-Canada. En 1980, l’ex-bambochard, amoureux d’un peintre morbide, attrape cette effrayante maladie toute nouvelle, et mortelle à cette époque, qui va tuer, en dix ans, plus de 100,000 invertis sexuellement. De Billy narre, sans la claire et nette chronologie habituelle, la folle vie new-yorkaise du cet exilé volontaire, ce « rejeté par papa ». Ce qui semble son drame lancinant, un chagrin grave. C’est une lecture intéressante sur ce petit monde, un peu clandestin, à jet-set fermé, à virées de dévergondages, saunas et Cie. À la fin, c’est le sombre tableau d’une mort prévisible accablante. Le bel homme est une momie !