Imagine ami-lecteur : ce jeudi-là, on roule dans la nuit et il tombe du ciel un blanc-manger, on traverse sans cesse de flasques banderoles sales de bâches de camion ! Ma chauffeure, ma Raymonde, reste prudente sur la 15. Destination ? Me faire taillarder ! La tortuesque loterie-Service-de-Santé a sorti mon numéro, mon tour. Rouler dans cette soupane pluvieuse pour se faire ouvrir au scapel, se faire tripoter les os, se faire installer à la hanche une patente-à-roulette ! Ai-je peur ? Non. Espoir d’en finir avec cette jambe douloureuse depuis presqu’un an !
Parking, l’aurore se montre enfin, couloir, pas un chat nulle part, une porte : « chirurgie d’un jour » Posez votre sac car « formulaires » à remplir. On dirait un garage, un coin d’entrepôt, éclairage blafard. Mettez vite une jaquette à cul-nu. Couchez-vous sur un grabat mobile. Attente encore. Soudain, on vous roule vers un autre coin de garage. Gros réflecteurs comme à la télé (Trauma), au cinéma.
Lapsus fou ! Je nomme sans cesse « euthanasiste » une dame masquée vêtue de « bleu et blanc » —une apparition de Lourdes ou de Fatima ! L’anesthésiste rigole…me gèle : « Vous allez entendre mais ne sentirez rien. » Il y aura aussi zest de morphine. Hon ! Hôtel-Dieu de Saint-Jérôme-sur-piquerie ? Moment solennel : voici l’arrivée de Thor ! Oui, le dieu nordique dont le sceptre est un marteau sacré. Il en a un. Pudique rideau levé entre Thor et moi Thor va cogner. Quel marteleur énergique ! J’apprendrai que ce cogneur, Patrice Makinen, a des descendants Finlandais, je saisis le rapport. Comme pour nos Inuits, il y a ces Lappons de Finlande, experts à « gosser » des os de rennes. Ou de caribous, que sais-je !
Que de bruitage de forcené ! Quel artisanat d’expert. Thor-Makinen m’apparaît enfin et me confie que tout s’est bien déroulé. Long séjour en salle de dégel. Prise de pression et de température sans cesse. Enfin, un costaud s’empare de ma couchette à roulette, ça file vers ascenseurs et ma chambre du sixième ! Ai-je eu peur ? Non. Pas du tout. La confiance des innocents ? Chambre 622 voici le défilé. Il m’en arrive sans cesse. Préposés divers, charmants, rieurs, très capables d’autodérision. Des jours et des jours à me faite avaler potions et comprimés, à pisser en bouteille, à chier grimpé sur des cuvettes haussés de faux-sièges. Samedi et dimanche —ce si beau soleil— mes premiers visiteurs aimés. Hélas, derrière mon oreiller, haut-parleur (intercom ?) qui crache des ordres et je sursaute chaque fois En face, chambre à quatre : un « club social » ma foi, ça jase, ça rigole, un du groupe, guilleret, se présente : « Je suis le clown de l’étage ! » La nuit, sans cesse, des fantômes viennent vérifier que je ne suis pas « à bas du lit et en sang » ! Leurs lueurs de torches électriques. Le pire ? On m’offre à manger des mets qui ne goûtent rien ! Inouï ! C’est pas « mauvais goût », c’est : « goûte rien ». Alors, Thor-Makinen est d’accord, je me sauverai de là et me voici chez moi, agraphé— découvrant le lac enfin « calé »—avec cannes, béquilles, marchettes, etc. À la mi-juin j’irai nager avec mes canards !
Bon retour à la terre cher grand arbre.
Après une courte carrière à enseigner la théologie à l’université et la religion, la FPS et la morale au secondaire, j’ai pris il y a 3 ans le virage de la santé pour y travailler quelques années comme préposé, par ici, c’eut pu être moi qui me serait occupé de vous…
En vous lisant, il m’a poussé quelques sourires : les fantômes de nuit, les «ca goûte rien», les haut-parleurs, les clowns d’étage qui cachent leur nervosité derrière un masque transparent, les physio qui hâtent le premier lever malgré les douleurs et les grimaces, les euthanasistes comme vous dites.
Oui, bientôt vous en parlerez au passé lorsque cet té vous nagerez parmi vos canards, ils n’auront qu’à bien se tenir accroché à leurs ailes.
Avez-vous bien reçu le livre que je vous dédicacé ?
@M. Jasmin, je vous souhaite un prompt rétablissement.
On m’a enlevé des polypes au colon …. que je suis. Celui-ci, après que l’infirmière m’ait injecté deux produits, sédatif et autre, me dit : « Vous ne « sentirez » rien ».
J’ai gueulé. J’ai appris que certains humains métabolisent plus et mieux que d’autres. Les piqures … pfuittt …mon corps les a controlé. Ce qui fait que j’ai « senti » toutes les abblations.
Résultat : Je n’ai plus d’appréhensions. Le docteur m’a dit : « Au revoir, dans 10 ans ». Bon! Dans dix ans j’aurai probablement oublié les douleurs.
Normal, après tout, qu’il me dise au revoir. Je ne l’avais pas vu beaucoup.
…:D…:D…:D…:D
OUPS….! J’ai fait des coupures à mon texte et j’ai omis d’en vérifier la cohérence….alors… voici le bout de texte corrigé.
Après que l’infirmière m’ait injecté deux produits, sédatif et autre, le docteur m’a dit : « Vous ne « sentirez » rien ».
Bonjour
Bon retour à la santé en forme
et aussi volubile et plein de fantaisies
aussi fort que Thor
joyeuse convalescence et prudence.
À bientôt vous lire de nouveau
Réjeanne Beaudin
Prompt rétablissement Claude !
Et j’ajoute un peu de couleur ( :D ) à mon commentaire
« Vous ne sentirez rien » qu’il me dit!
Évidemment, deux jours précédant l’introduction, c’était jeûne obligatoire. Le jour précédent, c’était le purgatoire. Alors, il n’y avait plus rien à sentir!