La radio. Jeudi matin. Mort de Claude Léveillée. Oh merde !
Mon petit camarade de la rue Drolet qui s’endort à jamais. Bon voyage cher Claude dans le royaume espéré, éthérisé, des esprits. Enfant, à l’école, Claude était si poli, si sage, si… sombre. Déjà ! Gamin, au Marché Jean-Talon, aux magasins de la rue St-Hubert, au kiosque à musique de fanfare du Parc Jarry, il montrait le petit bonhomme « qui se salit jamais », presque trop bien élevé qui passait devant chez moi, le dimanche après-midi pour les films du Château ou du Rivoli. Imprévisible ce trépidant compositeur qui va éclater souvent avec fureur, avec des musiques impétueuses, oh oui !
Deuil donc dans « notre » petite patrie. Triste, je fais jouer « Mon rideau rouge…la vie, la mort, l’amour… », sa plus belle chanson, à mon avis. Claude souriait rarement, je ne le voyais jamais rire. Je lui en fis la remarque un jour dans les coulisses de Gratien Gélinas, répétant un Achard monté par le fougueux Buissonneau, « Les oiseaux de lune » (Claude était un fort bon comédien aussi), il me dit : « Je ris par en dedans ». C’était un créateur grave, sérieux, un Guy Latraverse le dit. Claude portait un masque comme de tragédien. Un mystère.
Un bel été, circa 1985, répétant son rôle dans « Les noces de juin » à la Maison Trestler de Dorion, il me suggérait de rédiger un pageant populaire à l’ancienne, « Claude, un grand chiard populaire sur le parvis de notre église Sainte Cécile, une sorte de sons et lumières bien nostalgique »… où il inventerait des musiques inédites sur un tas de tableaux racontant « la vie » dans les années 1930 et 1940. J’avais dit oui. Le temps passe. On vaque à ceci et à cela.
Ö Claude, toi mort, toi, bel arlequin sur ton cheval blanc, cher endormi, un autre rendez-vous qu’on a pas pris le temps d’attendre…
Claude Jasmin,
écrivain, Ste Adèle.
- Lettre ouverte publiée dans l‘édition du samedi 11 juin 2011 dans le Devoir
- aussi: ZOOM-in SUR CLAUDE LÉVEILLÉE! (29 avril 2004)
5 Réponses to “ADIEU CLAUDE…L’ENDORMI !”
Désolé, les commentaire sont fermés pour l'instant.
Toute mort d’êtres humains proches par le sang, les affinités ou qui ont
marqués l’époque, force la réflexion sur soi. Tout comme Elvis Presley, Félix Leclerc, avec son décès, c’est aussi un peu de moi qui meurt.
Désolé pour la faute d’orthographe flagrante.
Je corrige : qui ont marqué l’époque
Avec le départ de Claude Léveillé, c’est un peu de nous tous qui s’endort. À vous qui l’avez connu mieux que d’autres, je souhaite mes condoléances sincères.
Bonjour, je voulais écouter « Mon rideau rouge » et je ne la trouve nulle part. Un autre titre? Sur quel album?
Triste nouvelle.
IL S’AGIT DE « LA SCÈNE ». LA MUSIQUE Y EST FAMEUSE, VIGOUREUSE AU REFRAIN .