juil 252011
 

Ce fut une canicule et il y en aura encore. La chaleur n’empêche pas la promenade, à la queue leu leu, de sept tout petits canards, accompagnés, chaque jour. Ils vont toujours de l’ouest, du marais deltaïque, vers l’est et la plage publique. Ô quelle joliesse, on dirait des jouets. Cette fière parade quotidienne  (un rituel) fait chaud… aux yeux et au coeur.

Le notaire Amédée Jasmin, le papa de ma célèbre cousine Judith, fou de généalogie, affirmait que les Jasmin venus du Poitou venaient d’abord d’Espagne et, avant, d’Afrique du nord. Du peuple Berbère aux cavaliers fameux pour collaborer à la vaste conquête islamique. Voilà donc, ces temps-ci, mes très anciens ancêtres en manchettes. Ils se nomment entre eux des « Amazighs » et débarrassés maintenant du mépris des tyrans à la Kadhafi, ils font revivre leurs culture. La langue « amazigue » —interdite, sinon la prison— est enseignée de nouveau. On tient des expos et des musées regroupent les artefacs culturels. Radio, télé et journaux coopèrent à cette résurrection car « Le réveil arabe » actuel compte aussi sur les Berbères. Non, je ne parle pas encore la langue…

Le bonhomme Foglia, un de plus, crache volontiers sur Saint Sauveur. Le 16 juillet, pédalant en France, dans le Cantal, son venin anti-sauveurien a giclé dans La Presse. Le brillant billettiste tient pour barème d’horreurs touristiques ce gros village voisin si prospère. Misanthrope comme il est, on peut comprendre le réfugié de Saint Armand…allons, le lieu a ses mérites, ses beautés s’il contient aussi quelques excès en cette matière. Quel endroit est sans défaut ? Très grégaire et aimant le monde, moi, j’en aime sa vitalité. Pas seulement sa diversité en excellents restos et terrasses, aussi son choix de commerces en tous genres, sa vivante « place de l’église », ses fêtes, son festival de danse moderne, et, oui, certains de ses alentours sont charmants.

Le Fougflia (sic), snob à sa façon, s’évade sans cesse sur son chic vélo au Vermont bucolique voisin. Il est de ceux qui chiaient volontiers sur… disons, le Parc Belmont, Pointe Calumet, la Plage Idéale, la Ronde, partout où tout un monde modeste trouvait en certains sites populaires loisirs, divertissements et cent petits bonheurs. Plaisirs communs aux gens du populo. Cet ex-fils de « femme de ménage italienne ,» expatrié volontaire de France —à la plume cocasse et souvent fascinante— s’affiche en libertaire, simili anarchiste, aussi en sauvage qui fuit comme peste. Il ira mourir dans un cloître ?

Coq à l’âne ? Un blondinet fou d’Oslo, détraqué, névrosé face aux émigrants en Norvège (!), mitraille sans vergogne une « Jeunesse d’un parti travailliste » rassemblée dans une île. Un carnage ! Un Pierre Curzi, inquiet aussi de notre assimilation souvent annoncée, ne prendra jamais les armes, pas lui le démocrate. Un discours circule —en Europe comme ici— qui veut répandre la terreur de « disparaître ». D’être submergé par les nouveaux venus —ces « sales émigrants »—  dans telle ou telle contrée. Le fragile, l’inquiet pathologique, peut se changer en monstre, mitrailler et tuer. Autour de moi, j’entends des récriminations angoissées : « Y a trop d’Arabes à Ville Saint Laurent » ou « trop de Noirs à Côte de Neiges ». Etc. Ces camarades, chaque fois, me croient de leur bord car j’ai blâmé publiquement (en1988) et très sévèrement les juifs Hassidim d’Outremont (et de Boisbriand) pour leur total refus de s’intégrer le moindrement à nous, la majorité. Cela ne fait de moi un violent anti-émigration. Ma protestation est valable.

Mais cette horreur à Oslo ! Ce jeune désaxé répandant le sang d’une centaine d’ innocents… vomir ou aller revoir mes canards à la queue leu leu, tiens.

  2 Réponses to “À LA QUEUE LEU LEU !”

  1. Pour avoir bien souvent déménagé (trop à mon goût) de coin de pays au Québec, bien des fois j’ai goûté du bout des lèvres à ces petits reproches discrets et amers qui se terminent par un «C’t'une blague…» ; «Prends pas ça personnel mais vous autres les gars de…» ; «De où tu viens avec ton accent?» ; «Coudon d’ou cé que tu viens toué, tout le monde sait sait ça?» ; «Attends une menute mon homme, icite c’est pas de même que ça marche…» et encore…
    Quand je suis débarqué au Lac St-Jean à 15 ans avec mon accent de Québec (jusque là j’ignorais même que j’avais un accent) je me suis fait ramassé par à peu près ; à 17 ans quand j’ai eu le grand plaisir de dormir sous les viaducs ou sur des bancs de parc de Montréal, en plus de décrier mon nouvel accent (que j’avais attrapé au passe faut croire) on a vite fait de me traiter en habitant qui ne connaissait rien à rien ; à 20 ans, de retour au Lac, on m’a fait remarquer que je roulais mes R, alors… ; (j’en passe) il y a 7 ans, de retour du Lac pour mon bled natal, même chose, sauf que les moeurs ont changé.
    Lorsque Québec reçoit ses artistes sur les Plaines, que les Feux Loto Québec de la Chute Montmorency pétaradent, quand les Marathoniens traversent nos rues, quand les grands navires de croisières s’attardent au Vieux Port, quand les milliesr de touristes dévalisent le Vieux-Québec, etc., je reste pénard, souvent bien assis dans la cours arrière avec ma Guylaine à bavarder ou en silencer. Et puis un voisin me lance «Ça paraît que t’es pas d’icite toué.»
    C’est quoi l’assimilation ? Je devrais faire comme eux ? Penser comme eux ? Boire la même sorte de bière qu’eux ? Aller aux mêmes églises désertiques que celles auxquelles ils en vont plus de toute de façon mais qu’ils refusent de laisser tomber tout à fait, juste au cas où… ? Faudrait-il que je place des «Â gras» au lieu des «a» plus discrêts ? Faudrait-il que je marche la tête baissée en souriant le moins possible ? Que j’arrête de faire des beaux yeux à la caissière de chez IGA en réponse à son magnifique sourire (elle doit venir d’ailleurs c’est sûr)…
    Quand on n’est d’ailleurs, on est d’ailleurs toute sa vie… Quand aux oiseaux de passage qui ont trouvé refuge autour de mes mangeoires, qu’ils soient d’ici ou d’ailleurs ne semble guère les préoccuper, c’est à chacun de choisir les combats qu’il veut faire…
    Bon été !

  2. Lorsque je suis arrivé à Montréal, en 1955, mes ( con frères ) de classe
    me traitaient de maudit français! Je n’avais pas eu une éducation de
    raciste. Ils auraient accepté que je prononce les mots différemment.
    Exemple : garâge au lieu de garage, lâcet au lieu de lacet, pôteau au lieu de poteau …. etc
    Il n’y a que les religieux extrémistes qui me dérangent.

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