août 272011
 

Un courriel d’un fidèle lecteur : « Cher M. Jasmin, facile d’encourager les jeunes à l’engagement politique quand on est un décorateur retraité de Radio-Canada à la belle pension. »

Oh ben là !

Pour la première fois, publiquement, je vais détailler les promotions perdues. Des jeunes lecteurs appendront le prix de la liberté quand on s’engage. 1966, j’ai 35 ans et je veux  devenir journaliste permanent. J’offre ma candidature à La Presse, là où je suis pigiste depuis cinq ans. Me reçoit un boss, M. Desroches. Il me jette : « Non. Pas question ! » Pourquoi ? Pour cause de militantisme. La cheffe éditorialiste,  Renaude Lapointe, qui sera promue sénatrice à Ottawa, fut ma pire ennemie. Et de un.

Et de deux ? 1969, j’ai 38 ans, scénographe à Radio Canada, je veux devenir réalisateur. Pas à l’Information, pas fou, aux émissions pour enfants. J’avais fait La Roulotte de Buissonneau, travaillé trois ans au Service des Parcs. Claude Caron, chef de ces émissions,confiant, me nomme. Mon bonheur et je fais mes boites. Soudain Caron m’annonce que la Haute Direction refuse ma nomination. Pourquoi, pensez-vous ?

1970, je récidive. Aux émissions dites de Variétés. Son directeur, Jacques Blouin, pas moins enthousiaste que Caron, me nomme réalisateur et je fais mes cartons de nouveau. Quelques jours plus tard, Blouin me fait part que la Haute Direction rejette sa nomination. Vous devinez la raison et de trois. En 1971, je réussis à convaincre Michelle Lasnier, cheftaine du secteur Émissions Féminines, c’est « oui ». Elle est ravie de sa nouvelle recrue et, comme on dit, je pacte mes petits une nouvelle fois. Humiliée, madame Lasnier m’annoncera le nouveau refus des grands patrons (Raymond David, Jacques Landry, Jean-Marie Dugas. Et de quatre.

Oui, La liberté a un prix, sinon où seraient les mérites de s’engager. Jeunes gens, vive la liberté, l’engagement, mais il y aura un prix. De là le silence de tant de nos intellectuels connus : la peur de perdre des subventions, des colloques à « voyages payés » par l’argent public. De là tant d’écrivains muets sur la place publique québécoise.

Et de cinq ? Je n’oublie pas l’automne de 1989, retraité, je veux devenir député du P.Q. dans Outremont. Les  timorés (Royer, Boileau) vont énerver Jacques Parizeau : « Dangereux, ce Jasmin qui vient de dénoncer le racisme inconscient des Juifs Hassidim ». Rejeté le candidat.

Oui, il y a un  prix à payer pour la liberté se s’exprimer, jeunes gens qui me lisez. Comme pour la vérité. Je reste, indépendant de tout parti, un indépendantiste libre.

  5 Réponses to “QUEL PRIX LA LIBERTÉ ?”

  1. M. Jasmin,
    Je suis entièrement d’accord avec vous , il y a tout un prix à payer.
    Ce qui m’irrite le plus c’est que des personnes, comme le lecteur dont vous parler, ne semblent pas comprendre que les gens qui se taisent reçoivent des pensions souvent beaucoup plus avantageuses que la vôtre parce qu’ils ont pleinement profité de la « partisanerie » politique.
    Je vous félicite d’avoir toujours défendu vos convictions et vous témoigne toute mon admiration.

  2. ========Et de cinq ? Je n’oublie pas l’automne de 1989, retraité, je veux devenir député du P.Q. dans Outremont. Les timorés (Royer, Boileau) vont énerver Jacques Parizeau : « Dangereux, ce Jasmin qui vient de dénoncer le racisme inconscient des Juifs Hassidim ». Rejeté le candidat.==========

    Le Parti Québecois s’est quand même fait planter par les votes ethniques.
    Et nous ne sommes pas près de nous en sortir avec la quantité d’immigrants
    qui reçoivent, en passant, le même montant de revenu par mois que moi. Sauf que moi c’est ma pension et eux de l’aide sociale. En plus de fausser
    les valeurs québecoises aux élections, ils nous coûtent un bras.

  3. @Claude Jasmin
    Bravo! Il faut se tenir la colonne raide. Mais en politique les invertébrés
    réussisent mieux.
    Peut-être auriez vous dû vous présenter comme candidat indépendant.

  4. Oui, oui et encore oui, il y a un prix à payer pour rester libre.
    De ma courte expérience au PQ alors que je siégais à un certain conseil régional, il y avait dans l’air une guere intestine contre la caisse noire des Libéraux et ce soir lèa, un avocat (chutt) a déposé sur la table des liasses d’argent noir collecté de tel entrepreneur et de telle entreprise comme contribution èa la caisse noire du PQ, sous mon tollé de stupéfaction qu’on fasse d’une main ce qu’on reproche aux autres, j’ai choisi la liberté à la prostitution politique et ma carrière politique est morte dans l’oeuf.
    Lorsque j’ai choisi le Mariage aux Ordres, on m’a montré une autre porte, cette liberté-là m’a en fin de compte rapporté bien des joies malgré les $42,000 de prêts étudiants que je devais maintenant rembourser sans espoir de travailler dans ce que j’avais étudié et sans la possibilité de toucher les RÉER que j’avais si généreusement investi dans ma formation théologique. Oui la liberté a un prix.
    Quand, comme moi, on en a assez des fermeurs de portes, il y a encore le grand champ de la liberté qu’offre l’écriture et encore… il fau bien choisir avec qui on marche !

  5. À  » cher lecteur « …
    Sachez qu’ il est encore plus facile de décourager les jeunes. Et pas nécessaire d’ évaluer le passé des gens. Preuves, ils sont légions à maintenir l’ ignorance, la déviance, la prostitution des esprits, au nom du capitalisme à tout prix.. Si vous êtes jeune, je vous souhaite la connaissance. Cas contraire, il est inutile d’ insulté quand on ne sait pas. Monsieur Jasmin n’ avait pas à se justifier. Comptez-vous honoré de sa réponse.

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