ÉMU DANS UNE SALLE OBSCURE
5 janvier 2013 | Critiques, Poing-comme-net
Rue Valiquette, les yeux dans l’eau, mais oui, je compatissais aux malheurs des « misérables » de Victor Hugo, mon illustre camarade. Bilan d’un cinéphile, octogénaire : ai-je vu 3000 films dans ma vie ? Ou bien 5000 ? Ou encore 10 000 ? Je ne sais pas. Chez moi, jeune, il n’y avait comme lecture que des annales pieuses, « L’almanach du peuple » de Beauchemin et les exploits des « comics » achetés cinq cennes la brochure. La culture pour les gens de mon époque, de mon quartier, c’était… les « vues ». Gamins, au coin de ma rue Bélanger et St Denis —c’était avant l’air conditionné— on se faufilait (à la barbe des placeurs) par les sorties d’urgence. Sans payer. La belle vie : savourer les films made in France (au Château), ou made in USA, au Rivoli.
Le cinéma a nourri ma jeune imagination et quand j’ai publié mes premiers romans ( Et puis tout est silence, La Corde au cou, Délivrez-nous du mal, Éthel et le terroriste) nos critiques littéraires décrétaient : « Jasmin fait une littérature avant tout cinématographique. » Bien vrai. Tout ça pour dire mon plaisir quand je descend « d’en haut » vers nos salles, rue Morin, rue Valiquette et dire aussi mon bonheur de pouvoir, à 5 minutes de chez moi, « aller aux vues », comme quand j’étais resquilleur.
En passant : ce « Bye-Bye 2012 » à la télé, mode actuelle déplorable, ne fut constitué que de « brefs tableaux ». Parfois « ultra-brefs ». Pourquoi singer les commerciaux ? Vite, vite, vite, des « flashes », des furtives évocations et refus de bâtir des sketches solides, qui dureraient un peu. Mépris du monde ? « Les gens sont incapables de se concentrer plus d’une minute. » donc sauf un ou deux sketches, parage pressée, défilé d’urgence, policiers qui fessent, mafia et Libéraux corrupteurs, le tout, superficiellement. C’est regrettable quand on constate (et apprécie) les habiletés « inouïes » des créateurs : maquilleurs, perruquiers, prothésistes, costumiers.
Pour fin 2013, prière de revenir, comme souvent jadis, à des tableaux consistants, un peu élaborés. Plus facile de briller par courtes apparitions ? En tos cas le fatras visuel est vite oubliée. Bousculade, cavalcade échevelée. Qui se souvient d’une parodie un peu élaborée ? Qui aurait duré au moins 3 à 4 minutes, sinon 8 ! « Nous, le peuple… » on n’a eu droit qu’à de brillantes caricatures esquissées, aussitôt oubliées,. Mauvais signe cela. L’immortel, anthologique donc, sketch du soldat de la Crise d’octobre, (joué par Guimond), écrit par Gilles Richer, durait plus qu’une minute et demi, non ?
J’y reviens… Redire le plaisir d’aller « aux p’tites vues ». Mon grand bonheur d’être plongé en salle obscure face au grand drap blanc tendu, comme pour une cérémonie chaque fois. Rien à voir avec l’écran de vitre de télé au salon. Voyez ce vaste album à images, « Les misérables ». Très efficace mélodrame hugolien, palpitant récit de la deuxième révolution française, celle de 1848, montrant des gueux galériens, de sombres forêts, une manufacture sordide, un carrefour à putains rivales. Surtout une barricade meurtrière.
À la fin, milliers de figurants, c’est Paris insurgé, affamé, révolté, vues inouïes d’un enterrement solennel (un ministre bien-aimé) qui déclenche l’émeute historique de 1848. « Les misérables », ma foi, c’est pas moins qu’une trentaine de chansons. Jamais vous n’oublierez Jean Valjean chantant en implorant Dieu de laisser vivre le beau Marius blessé. Plus tard, l’audacieux gamin Gavroche. Vous oublierez encore moins Fantine, la voix déchirante de Fantine, misérable (!) mère-célibataire de Cosette. Fascinante Fantine qui agonise en une « chanson criée », pour l’impossible rêve. Courrez-y et apportez vos mouchoirs de papier. Tout autour de moi, les larmes des jeunes filles coulaient à flot. Les jeunes gens, eux, se retenaient. Des gars hein ?
Ti-Jean qui rit, Ti-Jean qui pleure!!
M. Jasmin, le temps des fêtes est propice à toute une gamme d’émotions. Rappelant le dernier Bye Bye et le récent film Les misérables, il y a lieu de reposer l’éternelle question : est-ce plus facile de faire pleurer que de rire? Morissette n’est pas Hugo.
Que les traditionnels Bye Bye nous fassent rire, tant mieux. Cependant, à quel prix et comment? Qui devraient en être les auteurs? Il est évident que les maquilleurs, les artisans décorateurs, les costumiers font un travail très professionnel. Aussi, le making of du Bye Bye 2012 a mis davantage en lumière le travail de toute l’équipe oeuvrant dans l’ombre des comédiens de l’équipe de Louis Morissette. Au moins, nos politiciens et le crime organisé ont été varloppés.
Quant au film Les misérables, il me reste à le voir. Par contre, de ma fenêtre le même misérable fouille très souvent les bacs à déchets et à recyclage de blocs appartements voisins. Est-il sans abri, nos décideurs socio-politiques font quoi pour l’aider? Si on en a les moyens, que fait-on personnellement pour vraiment aider à l’année? Hugo n’est pas Morissette.
Bientôt les déclarations d’impôt et le retour de nos très miséreux hockeyeurs de la Ligue Nationale de Hockey…En rire, en pleurer? Tragi-comédie de la vie.
« mais oui, je compatissais aux malheurs des « misérables de Victor Hugo »
Ce genre de cinéma est visible pour quiconque observe les conséquences d’une société
qui néglige les itinérants mais qui subventionne des immigrants à l’aide de nos impôts et taxes et cela pour au moins un an.
Un des vices de la société: Tu prends une dégringolade financière et tu n’as plus de preuves de logement, tu ne peux avoir de l’aide sociale. Pour te procurer un logement, chercher un emploi, ça te prend de l’argent. Et dans ce cas, pour avoir de l’argent, ça te prends de l’aide sociale. Tu n’as plus de preuves de logement …
Tout un cercle vicieux établit par des universitaires à quotient trop bas.
Dernière solution: tu deviens immigrant.
« sketch du soldat de la Crise d’octobre, (joué par Guimond) »
Olivier Guimond et Denis Drouin
C’était une parodie, de notre société d’alors, avec ses couches sociales ( pleine :D ).
Elle ne visait personne en particulier. Dificilement actionnable. Aujourd’hui, la frontière
du « politiquement correct » est facilement franchie, et ,puisque les caricatures visent
des particuliers de la vie publique, des procès s’en suivent.
Louis Morissette a sûrement besoin d’aide pour innover.
« l’émeute historique de 1848″
M. Jasmin, vous avez éveillé ma curiosité. J’ai donc lu sur Wikipedia à propos de cette
révolution. Constatation: Peu de choses de changées dans notre société.
Les banques mènent le monde. Les gros industriels sont favorisés au détriment du peuple. ( 30% des impôts et taxes payés par les entreprises et 70% par le peuple )
Au temps de l’émeute, les gros riches dirigeaient ouvertement. Aujourd’hui, ils le font
par le biais du financement des élections( légalement ou non ). Les scandales de la
corruption sont étouffés lentement par des commissions d’enquêtes qui durent et qui durent et qui donnent peu de résultats concrets. Dans le même temps, les médias
d’informations en font un boucan du tonnerre au départ et progressivement
diminuent la virulence de leurs propos pour finalement cesser d’en parler. Partie
intégrante d’une manipulation de masse.