MANGER AUJOURD’HUI
25 janvier 2013 | LES BELLES HISTOIRES LAURENTIENNES
D’abord dire que mes 30 bonnes raisons de vivre par ici m’attirent des reproches : « Vous avez omis la fantastique piste du « P’tit train du Nord », « Vous avez négligé votre Excelsior, et sa mini-mangrove au chlore, votre palétuvier chéri », « Vous avez oublié notre chère Bibliothèque publique du centre commercial ! » Bon, bon. Vrai. Et je pourrais en ajouter, mais pardon, je suis bien vieux et, comme on apprenait au collège : « Mémoria diminuitur nisi eam exerceas ! » Traduction : « la mémoire diminue si on ne l’exerce pas ». Tiens, parlons bouffer, manger, autrefois et maintenant.
Jeunesses, sachez le bien, c’est assez récent le goût développé, les raffinements car,jadis, « manger au resto », c’était pour un hot-dog (rôti ou stimé), un hamburger, une soucoupe de frites. Parfois du luxe : un club-sandwich ! Ou bien un « chips and fish », notre régal rue Bélanger.
Mon père, importateur de « chinoiseries » failli, a tenu très longtemps une modeste gargote au sous-sol de notre demeure. Cuisine élémentaire ! Les jeunes clients (beaucoup de zazous) revenus des deux cinémas du coin se payaient la traite. Hum… Simples sandwiches, jambon ou poulet, de la soupe Cambell, un banal « grill cheese ». Voyez-vous le menu chez « au caboulot ». Quand papa récompensait un beau bulletin du mois —« et papa nous aimait bien », cher Léveillé— il façonnait, la langue sortie, un beau Sunday (sorbet). Avec du caramel, du chocolat en masse, de la goûteuse guimauve et… oups ! une belle cerise dans son jus !
Seuls les grands bourgeois, les artistes célèbres, allaient bouffer dans nos rares « grand » restaurants, tel « Chez son père », « Au quatre cent ». Notre jeunesse, dans l’après-guerre, c’était l’ignorance totale de la cuisine raffinée et il n’y avait pas d’école dite hôtelière. À Pointe Calumet dans Avenue Lamothe, l’actrice Juliette Huot passait pour un cordon bleu juste pour ses « sphaghetti italiens », une gibelotte ou une fricassées improvisées.
Jute ici, aujourd’hui ? Plus de douze places, et fort bien cotés. Ce fut incroyable, cela, en 1940, 1950. Aussi, j’y vais très vite : les bonnes pâtes de « La Chitarra » et de « Spago ». De fameux rouleaux chez « Sothaï », Palais fins, filez à « L’eau à la bouche » ou à l divine « La Vanoise ». Et chez « Garçons », dégustez omelettes baveuses ou croque-monsieur rare. « Aux deux oliviers » ou à « L’Esméralda » on voit le joli Lac Rond. Chez « Milot », ses moules succulentes et chez Grillades Aspria » ou chez « Le Provençal », c’est « oh bonne mère ! » À las mi-côte Morin, goûtez bœuf ou fromages « ébouillantés » au « Chat Noir », enfin, pour « l’osso des ossos, » entrez chez « Juliano ». J’en oublie je gage ? En tous cas, nous, les anciens, on trouve que pour bouffer, les temps ont « bin » changé. Très bien.
« Jeunesses, sachez le bien, c’est assez récent le goût développé »
Sur une partie du globe, des êtres humains mangent des insectes par nécessité. Dans notre partie du monde, c’est par une sorte de snobisme. Cela provient de la question suivante: Quoi faire pour se démarquer des autres? Manger dans un hotel multi-étoiles, avec des ustensiles en argent, les convives avec la bouche en cul de poule et les petits doigts en l’air. Protocoles ridicules et inutiles.
Vaut mieux, pour moi, manger un « hot dog » grillé sur un feu de camp, assis sur une bûche, au bord d’un lac, en compagnie de M. Jasmin en habit et moi en jeans…. :D… :D… :)
Monsieur Claude, bien faire et laisser braire. Vous avez parlez amplement de votre patllin; vos balades à vélo sur la Petit train du Nord, la biblio, les restos.
Tout » vieillard » est une biblio en soi. Parlez-nous encore du bon vieux temps, les curés, les vieilles filles de 30 ans, les tramways, l’ arrivé de la TV etc…
Je signe ‘ soixante-huitard , natif de St-Vincent de Paul, paradis du père Desmarais alias l’ essentiel c’ est le ciel…hihi.