RECHERCHÉE : VIE INTENSE
4 avril 2004 | 1-Tout, Poing-comme-net
Falloujah en Irak et Jackass à Québec ? Outrages à cadavres, en rigolant, morts suspendus, grillés, à un pont. On a voyeurisé ça à la télé. Des jeunes gens, joyeux eux aussi, voyeurisent des sados-masos aux mutilations volontaires avec lumières et musique sur scène. Or, samedi matin, un prof (de français) du New-York State University m’invitait à jacasser (sic) avec son groupe d’étudiants. Je bavarde ad lib. Les fait rire aussi, c’est important. Période des questions : sujets libres : l’un (35 ans) me déclare (je causais Falloujah-Jackass et Bush : « On nous perçoit comme des ultra-nationalistes-impérialistes. Une fausseté. Les Américains —ils refusaient le mot Étatsuniens, comme si, du sud de l’Argentine au nord du Québec nous n’étions pas en Amérique— sont des individualistes, sur tout le territoire, c’est le chacun pour soi : soi-même et les membres de sa famille. Le reste de la planète ne les intéresse pas ».
Tous, ils regrettaient le fait, plaignaient les jeunes de partout. L’un (40 ans) : « La vie représentée via pubs, clips, télé, ciné, fait voir sans cesse de la vie trépidante. et c’est de l’irréel. Ils se retrouvent dans la vraie vie et c’est tellement moins excitant. De là les dérives : drogues, jackass, etc. L’écrivain réfléchit alors et sans complaisance. Dans mon récit, « Enfant de Villeray », j’ai osé raconter : la fois que l’on fit éclater nos pétards sur un dadais démuni, les sauts périlleux des garages avec un vieux parapluie, le gardien bossu de la patinoire incendié dans sa cabane, jeux d’imbéciles voltigeurs de balcon en balcon dans ces célèbres escaliers en tire-bouchon, sauts dans cinq pieds de neige des troisièmes étages, au soleil, brûlures insupportables au soleil sur la peau avec une loupe, etc.
Lisant des interviews, on découvre des V.-L. Beaulieu, Dany Laferrière, Michel Tremblay, Robert Lepage, etc., en gentils petits « fifis » qui ne jouaient ni au hockey ni au base-ball dans nos ruelles sales, ni ne se livraient à nos folies de garçonnets qui s’ennuient. Ils lisaient ! La maman pas bien loin. Ou grand-maman Da. L’ennuie : les « Maudit que cé plate ! Quess’ qu’on fera bin, les gars » ! Vouloir vivre intensément ! Foglia, ce même samedi : « J’ai vu Falloujah, une ville tranquille, normale, ordinaire ». Quoi, là où on a vu des garnements rieurs frapper deux morts à coups de pelle ? « Des animaux », dit l’occidental repu. N’insultons pas les animaux. Et ces débiles voyeurs des jackass ? L’animal ne se mutile jamais délibérément.
Mais fouillons la psyché humaine, observons us et coutumes des jeunesses actuelles, tenez : examinons bien « la lente douceur » des jeux électroniques. Hum ! Pour ma part, à quatorze ans, je découvrais, tard, la succursale de la bibliothèque municipale au Marché Jean-Talon. Fin des conneries, par les livres, des existence narrées prenaient mlle et un sens, couleurs, formes. Le salut ! Un reporter ira questionner les 20-30 ans aux portes des Jackass ? « Ce temps-ci, que lisez-vous » ?
Oh que j’ai hâte de lire les réponses !