VIVA LA MUERTE !
13 mars 2004 | 1-Tout, Poing-comme-net
Néfaste mode actuelle : des femmes le plus souvent —maîtresses, filles, petites-filles— veillent complaisamment à glorifier des artistes vieillards, ou, « post mortem », des artistes mineurs. Comme c’est touchant ! Après des Barbeau, Molinari, etc., voici venu le tour de Stanley Cosgrove (Le Devoir 18 mars). Au FIFA, documentaire de Bernard Hébert fait avec l’aide de… la petite-fille de ce peintre —plutôt méconnu de son vivant— Renée-Claude Riendeau. Comme c’est attendrissant ! Fouillez les archives :peu d’éloges sur S.C. de 1950 à 2000 ! Il s’agit—vénalement ?— de faire grimper la « plusse valeur » des défunts ? Effort profitable à ces chers héritiers de stocks invendus. L’Establishment-beaux-arts, galeristes, directeurs, conservateurs de nos musées, affamé de nouvelles icônes collaborent volontiers à ces dévotes manoeuvres.
Je sortais de « 1492 » (Fayard éditeur), un livre d’histoire, d’histoires sordides. Colomb partait en août 1492. Bientôt plein de cadavres d’indigènes sur ce continent découvert. Génocides amérindiens. À la chaîne. Mars 2004 : plein de cadavres d’innocents madrilènes. Du temps de Colomb : chasse aux Juifs dans l’Espagne des royalistes catholiques romains. Avant l’éc½urante chasse aux indispensables réformistes (de Luther et de Calvin), il y eut d’abord la chasse aux mahométans, aux satanés Arabes. « Hors d’Espagne maudit Islam, maudits dévots du Coran ».
Hors du Portugal aussi, hors de France, d’Allemagne, d’Italie ! Lisez ça, ce « 1492 » d’Attali qui nous raconte la cause de ce racisme né en Espagne. Une vaste battue encouragée par les papes du Vatican. Fabuleuse inquisition. La source, questionne Jacques Attali ? La jalousie. Jalousie catholique maladive face à l’Orient, d’où venaient les mathématiques (algèbre et trigonométrie), l’astrologie, des architectes, des joailliers, des tisserands, décorateurs inouïs (visiter L’Alhambra).
L’Orient envié dont l’influence et la population couvraient toutes les régions méditerranéennes avec ces descendants des indispensables premiers traducteurs des grands penseurs grecs, même des premiers penseurs chrétiens (dont Thomas d’Aquin).
Dehors de l’Europe Déguerpissez vite, même si vous vivez en Espagne depuis sept siècles ! 1492 : l’on s’apprête à exploiter —en esclaves— ces sauvages qu’on attachera avec les Noirs africains. Madrid sonne l’alarme du racisme. Il faut abolir Jérusalem (gênante faillite des croisés). Il faut nous débarrasser de cet Orient maudit et rayer de la magma carta, oublier Jérusalem (l’imprenable). Faisons accroire aux Européens que tout part de Rome. L’Orient d’où venait pourtant le monothéisme et Jésus lui-même ! Embarrassant. Alors on va peindre en beaux blonds aux yeux pâles ce Jésus le Nazaréen (!). Et tous ses apôtres et tous les saints. Une Toussaint de nazis !
Madrid en tête, l’on vocifère dans les cours royales : « assez de ces maudits sémites », inventons un nouveau centre du monde civilisé : Rome. Tourner le dos à sa propre histoire ! Espagne, —comme partout— les marchands européens, enfin commençaient à s’enrichir. On allait en Inde, en Chine —en évitant les damnés pays arabes— par l’Afrique du sud. Assassinat de tout le commerce arabe. En Espagne on arrachait la tête d’une formidable civilisation, décapitant toute une race en expansion prodigieuse, mettant au rancart un monde développé. La déchéance tomba sur eux tous, avec la pauvreté. Voici maintenant ses séquelles. De merde !
Le 11 mars, Madrid saigne ! Allah ou Akbar crient les descendants lointains chassés d’Espagne-la-fasciste. Coupable d’épuration ethnique. Le docteur Folamour , Bush jr est content : « Voyez, l’Islam intégriste peut frapper partout. Bon pour ma ré-élection ». À qui le tour ? Des jeunes pauvres fanatisées se font sauter à Tel Aviv ou à Bagdad, etc. Certains fanatiques riches —Ben Laden— se sont instruits : le 11 septembre à l’aéroport de Boston les terroristes étaient de savants diplômés. Ils ont les moyens de bombarder Madrid.
Madrid pleure. Des centaine de milliers de musulmans pleuraient, volés, dépouillés de tout, sur tous les quais de tous les ports d’Espagne et du Portugal. « 1492 ». L’autre midi, au soleil de mars, sur le balcon, David, l’aîné de mes petits fils, me montrait le cahier de ses rudiments d’apprentissage : il veut apprendre la langue arabe. J’admirais avec lui la si belle calligraphie des hommes jalousés, boutés dehors en Espagne. Lisez donc « 1492 ».