Le mercredi 30 octobre 2002
30 octobre 2002 | 1-Tout, Journées-nettes
1-
Store ouvert, soleil, ciel bleu, comme lundi, comme mardi. Je rayonne. Notre terrible dépendance. Terrible. Midi. Coup de fil tantôt. « Il y a un colis pour vous, ici, au terminus des bus, pharmarcie Brunet » . Aile : « Tu n’y cours pas, non ? » Moi : « Non ». Aile : « Un exemplaire de ces premiers six mois de ton journal mis en livre, tu penses pas » ?
Allant à ses course quotidiennes, Aile ira le chercher. Sa hâte (sa crainte aussi ?) puisqu’elle n’a rien lu depuis décembre 2001 de mes… confidences. Coup de fil encore, les cinéates du docu sur le peintre Lemoyne : « Vous n’auriez pas de vieux articles sur Lemoyne » ? Moi :
« J’ai plus rien, mon jeune ami, j’ai tout « entreposé » mes archives à la B.N. ».
Ce matin Nathalie Pétrowsky est chagrine, on a congédié cavalièrement « ma mère Minou » (comment va son père, Pitou ?). J’ai trouvé son topo touchant. Ah oui « durer » ! Pas facile.
Je viens d’envoyer « mon » offre d’emploi au Devoir ( à son directeur B. Descôteaux) pour y chroniquer. Pour journaliser, diariser en somme. Ceux qui m’aiment (ne prendront pas le train ?) devraient envoyer un petit mot de soutien au Devoir. Besoin d’être m’appuyé, juste dire au « boss », M. Descôteaux, comment ils aiment lire le diariste Jasmin. Une seule dizaine de bonnes lettres et paf !, j’ obtiendrais une chronique, je le sais. Mais le fera-t-on ? Si j’entrais dans cette « cabane » de la rue de Bleury, mes afficionados pourront lire mon journal sur Internet. Et avant le lectorat du Devoir.
2-
Aile est revenu du terminus. D’en bas, son cri : « C’est lui ! Ton livre » ! C’est une boîte des « exemplaires à l’auteur ». Je descend voir le nouveau-né…
Retour. Vu. Que je le trouve beau ! Mon aquarelle brille sur la couiverure. Bonne typo. Bon papier. « Son enfant » hein ? Je le carresse. Pourtant mon 51 ième livre ! Toujours le plaisir du nouveau bouquin. Vite, coup de fil à Trois-Pistoles. Répondeur hélas ! Je lui dis mon bonheur, ma grande joie. Hâte, départ demain à 14h, de le monterer au public liseur de Rimouski. Un wek-end loin d’elle ! Aile : « Dans ton gros sac brun, je mettrai quoi » ? Le rituel. « Mon rasoir et du savon, des livres, c’est tout ». Elle grimace.
Ce soir, Télé-Québec, Martineau, « baveux » dit Cousineau, confessera le manager « Juste pour rire », Rozon. Je lis que cet impresaio, Rozon, jouait volontiers à Paris, le « maquerreau » —recrutant et payant les services d’invertis « commercaux »— de son cher vieux, Charles Trenet. « Qui appréciait les petits jeunes ». Tristesse !
« Autour de Nana » de Lepage, colleur de Tremblay, à Cbf-fm : stridence. Mais j’adore la musique d’ouverture, je le disais à Rita Lfontaine, en studio hier matin. Un vieux tango ? Mauvaise conception ? Ça jase trop fort, c’est plein de bruitage, d’effets sonores… Le philosophe Deschamps : « On veut pas l’sa’ouoir, on veut le ou’oir » !
Gazettes : 25 ième anniversaire du Salon du livre de Montréal. Il y aura 780 comptoirs de vente ! Oh mon Dieu ! Il y aura mille deux cents auteurs ! Oh mon Dieu ! Je hais ces grosses foires. Vive les salons modestes en province !
Aile ne cessait pas, hier, de louanger mon topo du matin à « Tous les matins » avec Houde et Bertrand. Sur la sexualité. Ne sais trop pourquoi. Aile : « Tu étais drôle, doux, sensible, franc.. » Bon, bon. Je jouis. J’aime tant quand elle m’admire. À l’école Bouffe, hier, deux dames me parlaient de cette émission, comment elles ont biern ri avec « vos tomate d’un jardin inconnu », de l’affaire du serin de Lynn…envolé. Toujours surpris que l’on regarde ce genre de magazines télévisés.
3-
Coup de fil ce midi de la recherchiste, Line Moreau : « Sauriez-vous jaser mardi prochain sur les voyantes, les médiums » ? Moi : « Oh oui, et comment ! » Sujet adopté. On veut plus du polémiste ?
J’entendais mon Aile détailler longuement sa visite chez sa gynéco au téléphone. Je lui gueule : « Assez, tu vas ennuyer avec ta maladie, ta peur apprendée si tu abandonnes les hormones » ! Appareil enfin refermé, elle fonce au salon et m’abreuve d’injures. Vent de colère. Oh ouille ! Je le méritais. De quoi je me mêlais ? Jai fait le serment…Plus jamais ! La « feeemme » aime raconter ces choses…physiques. Je l’appremdrai donc jamais.
J’ai posé les tapis de « coco » dehors, j’ai renisé les vélos à la cave. Is une pelle dans le coffre, brosse à pare-brise, grattoir, les mini-charrues, une au portique et une sur la longue galerie d’en arrière. Satifaction. Que la neige neige ! Oh, reste le barbàqueue à descendre ! Plus tard.
Deux platitudes de télé hier : « Bunker », via le magnéto, parodie ratée, si vaine, si ébouriffée, si ennuyeux. Aile d’accotrd : « Où est l’histoire et qui est qui, tous ces noms propres qui défilent. Erreur de débutant… à un million (de nos piastres par heure) ! Et « Vie de Jean Duceppe » (de Ménard), si mensonger —comme le « Chartrand »— aux textes lénifiants (Wojas), assommants carrément. Fadeur. Je lisais de l’autre œil poursuivant ce « Manuel à l’usage de.. » de Mélissa Blank. Pas bien fameux. Aile a commencé un Trevor Howard : « C’est bon, c’est fameux, ça part en lion… » Chanceuse !
4-
La lumière baisse sur le lac, j’allume des lampes, j’ai mis Mozart. À « Historia » bon docu sur « Rimouski brûle-t-il » ? La ville, où je serai demain soir, en feu. En 1950.
Discussion de télé hier : Dorval, l’aéroport, c’est assez, c’est trop. Le bruit. L’espace va manquer. Revenir vite à Murabel. Débat en cours. Le maire de Mirabel a hâte d’être élu au pouvoir avec… la victoire de son parti, l’ADQ. Promesses ! Des experts (dont Jacques Roy) admettent que « Dorval agrandi », à frais hénaurmes, c’est une erreur, qu’il fallait mieux utiliser Mirabel. « On verra en 2019 », dit James Cherry, le « boss » de l’ADM. Il termine : « ça relève du fédéral les aérports, alors ce maire de Mirabel élu avec Dumont…hein… » Oh ! oh ! Cette chicane : ce fut 195 millions de notre argent public au départ, puis 500 millions…À ce jour, c’est 716 millions de dollars engloutis ! En 2009, ce sera un millard, dit-on. Envoille Baptiste, crache !
Autre débat d’avions : un promoteur heureux a son aéroport pour Mont-Tremblant, à La Macaza, vosine. Il y aura deux vols Toronto-Mont-Tremblant par semaine. Les jeudis (arrivées) et dimanches (retours). Bientôt, assure-t-il, il y aura aussi vols directs New-York-Mont-Tremblant. Mirabel, vidé, qui aurait eu bien besoin de cet essor, est à 40 minutes de Mont-Temblant ! Ah ! Silence les chialeux !
Demain soir, l’Halloween. J’en ai jasé pas mal dans mes récits sur mon enfance. J’ai vu David, l’ainé de mes petits-fils, un jour, comme gêné, me disant : « Oui, je vais quêter mais c’est la dernière fois ». Puis ce fut Laurent qui abandonnait comme malgré lui, et puis tous les autres petits-fils. Avec regret, je le sentais chaque fois. Ils perdaient…l’enfance ! La candeur.
On signe des traités à l’ONU. La Russie a signé. Défense d’utiliser des gaz à la guerre. Voilà Poutine, un ex du KGB, comme embarrassé. Refusant de bien décrire le gaz puissant sur les otages et les guerillos de sa « guerre avec la Tchétchénie ». Ça sent mauvais en effet. Ça barde ! Les moscovites tiraillés. À suivre ? Ou ce sera la chape de plomb du silence d’État, sauce ex-URSS ?
5-
Coulisses : Paul Houde écoutait ma complainte : « Pourquoi on invite jamais les écrivains à jaser affaires publiques ? Il dit : « Tu as raison, on le fait aux USA, en France. On préfère seulement les « logues savants ».
Je lui parle d’une forme déguisée de censure car, souvent, les écrvains parlent clairs et nets. Délicat à la télé publique toujours bien « ouatchée » par Ottawa. Mon cas de censure mardi ? Paquette, le coordonnateur, m’explique que sa série (T.L.M.) n’a rien d’une émission d’actualités ou d’affaire publiques. Il ajouta : « Tu pourras polémiquer mais sur des sujets généraux, sociaux, pas reliés aux nouvelles quoi ». Moi qui aime tant les mélanges. Aux nouvelles, à « Ce soir » surtout, on jase souvent comme en magazines légers, non ? Oui. J’avais mon journal. Stop dans 30 jours. Aurais-je « Le Devoir » ?
Pauvre Guy Chevrette ! Il y a eu 30 études (télé d’hier) par des spécialistes qui disent que c’est « une foutaise ces droits territoriaux aux autochtones » : des tribus nomades diverses et pas de « nation indienne », des occupations brêves, jamais stables, réussies ». L’ex-ministre envoyé —pour calmer les craintes des gens éberlués par le traité signé avec les Innus— Chevrette, disait hier tout candide, tout ignare : « Quoi ? 30 études ? Ah ! J’ai rien lu de ça » ! Coups de pied au cul…
6-
Deux ans de tôle pour un vicieux pédo en garderie. Parents scandalisés par cette pénitence légère. J’allais m’énerver, Aile aussi, mais alors on voit maintenant des images révoltantes, des réfugiés traqués qui sautent des bateaux au large de Key West en Floride, qui se débattent, qui nagent avec désespoir, qui courent sur le rivage espéré… ! L’horreur ! Et grave ! Ainsi vont les nouvelles à la télé. Tu vois ceci, tu regardes cela. À la fin, tu restes assis, les bras tombés, muet, et tu ne sais plus dans quel ordre, bonhomme, il faut classer tes indignations ! Le journal télévisé un carrousel de malédictions, grandes, moyennes et petites.
7-
Avons vu un fantastique documentaire au lieu de regarder ce « Bunker » falot lundi soir, à Télé-Québec. Géniale et utile et instructive émission. Pire au fond que le pire cauchemar de fiction. Jean-Xavier de Lestrade a filmé une affaire judiciaire se déroulant en Floride, à Jacksonville. Une vieille touriste reçôit une balle dans le nez. Mort. Un jeune Noir se cherchant un job à un vidéo-club passait près du Motel Ramada Inn. Arrestation. Questionnement. Le mari, nouveau veuf, déclare qu’il est le tueur. Ptison. Six mois, Inspecteur de police (un Noir, adepte du racisme inverti) l’a brassé raide, cogné, pour qu’il signe des aveux. Le garçon de 15 ans, assommé, signe. Procès.
Ce suspense formidable est mené de façon de maître. Un brillant avocat (de l’aide judiciaire) et son adjointe vont démonter le piège raciste. Le jeune sera libéré par un jury populaire. Ouf ! Quatre mois plus tard, une « balance » dénonce le vrai meurtrier. La leçon : trois policiers pressés, incompétents notoires, ont failli faire enfermer un jeune innocent à perpétuité. Démonstration effrayante, qui glace le sang. Vive la télé de cette qualité ! Le titre ? « L’oeil ouvert ». Génial ! Une vérité encombrante même si ces flics idiots furent démissionnés de leur emploi pour être gardés, néanmoins, aux bureaux de cette station de police. Poursuite de 8 milliards de $ US par la famille. Avec raison. Ce sera donc les citoyens qui vont payer avec leur argent public cette affreuse bavure, innomable. Pas correct !
8-
Guy A. Lepage démonté, en pleine forme dimanche soir à la SRC, animant le gala de l’ADISQ. Avec des vacheries rares, tel « Ginette Reno, on le sait, n’a aucun jugement. Elle chante pour les Hells et aussi pour la Reine à Ottawa » ! Oh ! Cet humoriste, riche désormais par son succès —« un gars, une fille »— n’hésite pas à darder, à placarder, à ciker, à accabler tout ce qui bouge et remue dans son mileu. Aile et moi avons senti la gêne froide hantant le théâtre de cette étrange fête. Qu’est-ce que cela devait être là-bas, en personne, dans cette salle aux mutilations mal consenties ? Une mode ? Pour faire avaler aux téléspectateurs, au fond, une cérémonie assommante où l’on se garroche des statuettes dorées entre rivaux « obligés » piteux. Cela pourrait-il se faire entre eux, portes closes. Ce serait normal en fin de compte. Ce cirque intime ne nous concerne pas. Aussi on y jette de os, des numéros de variétés (bien menés) pour faire avaler cette sordide soupane. Comme on fait partout, des « Oscars » aux « Félix ». Jamais une création (de quelqu’ordre que ce soit, ne devrait être comparé aux autres. Il y a « prototype », ouvrage unique. Bon ou mauvais. Foin des fausses comparaisons. C’est idiot.
Quand on a montré les deux suspects des tueries récentes autour de Washington, Aile s’exclame : « Ah, il ont l’air de gars comme il faut » ! Je pense de même. Pas d’Hannibal Lecter féroce quoi ! Pas de cinéma. En effet, deux visages on ne peut plus humain; alors, le mystère reste comme entier. Pourquoi ? Pourquoi ? L’Islam ? Mais non. Secrets de l’âme humaine qui…déroute. À suivre ?
9-
La noirceur totale. Le goût d’aller relire des passages de ce « À cœur de jour » tout frais sorti de chez l’imprimeur. De me mirer (oh Narcisse !) dans la couverture glacée avec mon fou donquichottiste qu j’ai armé d’une plume à écrire ! Mes internautes voudront-ils se procurer « À cœur de jour », textes qu’ils lisaient gratuitement ? Pourquoi pas ? Pour l’offrir en cadeau des fêtes à ceux qui ne naviguent pas sur la Toile.
Se sentir toujours, écrivains, en quêteux de coin de rue avec une pancartre : encouragez l’artiste sioupla ! Ce que je ferai à Rimouski, derrière mon petit kiosque Troispistolien, de vendredi à dimanche. Un quêteux ! Ce que je serai de nouveau, à la mi-novembre, au Salon de Montréal, Place…bonne-aventure… aux 700 comptoirs !