Le mercredi 6 novembre 2002
6 novembre 2002 | 1-Tout, Journées-nettes
1-
Le mois des morts ! On y est. Si soudainement. Au lever : store ouvert. Paysage de fer. De tôle. De gris divers. Vision d’étain. Camaïeu émouvant. Sapins très chargés de… plâtre ! Souvenir : jeune, papa le bricoleur-artiste me montrait, avec du plâtre liquide, à garnir les petits sapins de notre crèche de Noël. Je trouvais ça si beau. C’est cela dehors ce matin. Avec ciel gris, lac de mercure. Image austère. L’hiver total en début de novembre ! J’ai gratté le trottoir de bois, allant à drogues douces (tabac et nouvelles) comme en plein janvier.
Claudette Béliveau du Devoir : « le directeur a demandé que l’on montre à un journaliste de la boite mon article sur « ce déménageur de temples de Cochin au Saguenay » ! Eh ben ! On verra…
Trépanier : « en Belgique ils ont accepté notre « courriel », en France, c’est un « mel » (pour un message électronique, contraction ). Bon. Oui, pourquoi pas ? Ils sont 55 millions, faut bien s’incliner. Impérialisme des nombres ! Enrageant non ?
2-
J’ai perdu un tas de notes utiles pour bien narrer mon excursion à Rimouski. Grrr…J’y vais donc de mémoire. J’en ai une sacrée bonne, heureusement. Allons-y. Jeudi, Aile me mène au terminus des bus Orléans, rue Berri. Achat de magazines. De chocolats aux raisins en boites. En voiture… vers 17 h, arrêt à Lévis, 55 minutes, pour bouffer un peu. Gargotte. Club-sandwich. À 21 h 30, tout le monde débarque. Noirceur. Le vaste fleuve en face, horizon noir. Taxi pour l’Hôtel Rimouski où se tient le Salon du livre.
Vendredi matin, camarades écre-vices (!) attablés et bouffe du matin. « Le Soleil » à lire. Kiosque en après-midi. Défilé habituel. Un salon modeste et donc bien plus chaleureux que les gros de Montréal, Québec ou même Trois-Rivières. Pas de « quant à soi », pon vient jaser volontiers au bonhomme assis derrière son neuf « À cœur de jour ».Toujours étonné de rencontrer des gens qui connaissent votre voisin adèlois, Maurice, votre sœur, Nicole, au Club Épic à Rosemont. Un rimouskois qui est ami avec Raymonde L. une voisine « qui va rédiger un livre sur sa vie ». Ah ! Savais pas ça ! Le Québec tissé serré, toujours.
Assis avec moi pour Les éditions Trois-Pistoles, Nicole Filion, sa troisième ponte, Rivière-le-gaspésien, un roman nouveau, Bertrand Leblanc, un livre tout neuf, le « Bouscotte » tome 3, le « boss » Victor viendra demain seulement me dit Julie sa fille dévouée , habile pour le seconder, son papa barbu si pris dans ses projets de télé, Léandre Bergeron avec sa saga familiale si singulière, Côté, « le Chapleau » du « Soleil » avec un bel album…D’autres. Tassons-nous ! Fessier conte fessier. Entrevue publique avec une jeune reporter très blondie sur ;a scène « Hydro-Québec », commanditaire important du Salon. Je m’enflamme soudain, suite à une question, et je fustige les « racistes invertis ». Applaudissements frénétiques dans la salle. Me voir transformé soudain en tribun politique ! Moi en député farouche… vieux songe de jadis, je me calme.
3-
Le soir de ce vendredi, même manège. Photographe du journal régional me croque, cherche des « photos de groupe » à faire. Me colle avec Claire Caron et Lester. Mon journal se vend mieux —Côté a des fervents en masse, lui aussi— que les autres pondeurs du kiosque. Une certaine gêne chaque fois. C’est très embarrassant. En fin de compte pour une vingtaine « d’acheteux », plein de vaines rencontres pourtant bien chaudes.
J’y vais toujours à reculons à ces salons et j’en sors toujours le cœur guilleret, justement à cause de ces jasettes avec des personnes aux anecdotes fleuries. Je fume en cachette dans mon coin de kiosque. Hon ! Dans le hall, découverte d’un jeune barbouilleur surdoué, Masson. Vraiment un frère en aquarelles baveuses, torchées si spontanément. Je l’encourage. Le jeune homme tout content de mon enthousiasme me fera un min-cadeau signé. Bavardages au souper avec Norman Lester (« Le livre noir du Canada »), avec Marcel Brouillard (un formidable livre de chansons ultra-populaires ). Monique Proulx (« Le coeur est un muscle… ») et moi nous croisons, salutations bien brèves. Gaétan Soucy (« Music-Hall ») arrive demain. En avion ! Lester est venu, lui, en train à couchette comme Brouillard. C’est plus cher tout cela que le simple bus que j’ai pris. Éditeurs plus riches ?
Aux repas, le midi ou le soir, au joli restaurant de cet hôtel, occasions de regroupement. La « bande à Vic » et d’autres. Farces, piques, horions parfois. Un gheto. Il neige fort. On reste, tous, comme enfermés dans le complexe, le Salon est dans une salle de l’hôtel. Ghetto consenti. Merde, ai oublié d’apporter un maillot, belle et vaste piscine. Samedi matin, on vient me chercher (chauffeur bénévole) : charmante entrevue à la radio de la SRC-Rimouski. En après-midi, samedi, interview avec Jean Fugère dans l’espace central. On rigole bien. Avec le temps, Fugère est devenu plus léger, semble adopter un mode plus fantaisiste en fidèle questionneur des « gens de lettres ». Il y excelle.
4-
Vendredi soir, après kiosque, au bar, jeu de bingo ! Du bon porto du Portugal à gagner, en belles bouteilles. Victor est arrivé, surveille ses deux cartes de bingo, boit du jus de tomate, du jus d’orange, un Duplessis dégrisé à jamais ! Je lui ai bien dit ma joie du joli bouquin pondu par sa maison pour ce « À coeur de jour ». Joue le pap-boss satisfait, content, content. Le tome deux du journal (de avril à juillet 2002) …pour après janvier 2003. Bien. Samedi soir, même bar de l’hôtel, récital modeste avec de jeunes poètes de la région. « Ces visages de vieux qu s’effritent.. » Og ! À la fin, je fonce vers la table de ce jeune Villon : « C’est quoi ça, vos « vieux qui s’effritent, jeune homme ? » Il rit un peu jaune. Je songeais à nous, jeunes veaux, à « colliers de barbe » jeunes, en 1950, cherchant partout des oreilles pour écouter nos poésies de révoltés. J’étais ému de constater que cela dure toujours cette vague hargne contre les « assis ».
Dimanche matin, Fugère questionne maintenant Monique Proulx qui répond toujours sans vraiment répondre. Camouflage ? Pudeur ? Noyade en propos incertains. Prudence ? Gaétan Soucy après des confidences brèves sur sa jeunesse dans Hochelaga (lire son bon « L’immaculée Conception ») décide de démonter sa machine à rédiger, ses outils de travail et c’est alors un confus discours —bizarre— de mathématicien, de quasi-physicien. Jeune, il songeait à foncer dans ce monde concret à hauts calculs réalistes ! Sa démonstration — avec paraboliques et parallaxes— ne nous dit pas la vérité sur sa manière de composer un roman. Vanité ? Pudeur lui aussi ? Quant vient le tour de Lester, c’est clair et net. Sa démonstration bien archivée des leaders « Canadians » fourbes, menteurs et francophobes laisse fort silencieux son petit public rimousquois (rimouskain ?). Lester annonce un tome 2 pour très bientôt et dira qu’il a ramassé tant de matière (explosive) sur les hypocrisies des Canadians, qu’il fera même un tome 3. J’ai hâte de les lire cr ce premier tome est renversant d’informations historiques, vérifiées, tues, cachées —pendant que les salauds de Richler, Délisle, Francis et autres diffamateurs des nôtres (tous des racistes et des fascistes !) distillaient ces venins à tort et à travers.
Découvrant, à Radio-Canada, que Sheila C. payait pour les mensonges fédéraux (« Minutes du Patrimoine » de Scully), les dirigeants inquiets lui ordonnaient de se taire et l’expédiaient aux voix hors-champ en week-end. Lester a trouvé de l’embauche chez TVA, claquant la porte aux pleutres fédérats.
5-
J’écoutais, fasciné, tous ces auteurs qui causaient brillamment à Rimouski pour 50 auditeurs, et je me disais qu’il était regrettable de ne pas les entendre aux grands médias de la Métropole. Hélas. Aucun reporter affecté pour mettre sur rubans divers les propos divulgués. Rien ! Une anglophone, bouleversée, se levait à la fin, alla au micro, tenta de protester face à un Lester fort amusé. J’allai l’embrasser lui disant : « Demandez pardon, on vous l’accordera, les papistes sont forts en pardon ces temps-ci ! » Fugère éclatait en rires : « Je pensais jamais voir ça, il a embrassé une anglophone » ! Grande rigolade dans la salle.
Dimanche après-midi, taxi pour mon bus. Arrêt encore à Lévis pour souper à 17 h. Grrr….Soupe, sandwich. Mn vis à vis a des allures de jésuite intellectuel. J’engage la conversation. Sur Rimouski. Sur le Salon du livre. Lui : « Seriez-vous un frère enseignant par hasard » ? Ma surprise et je lui dis : « Non, pourquoi « frère » » ? « Pour rien » et il fixe ma chemise et ma cravate… noires. Là-bas, rencontre d’un ex-de la SRC, Gilbert F. Veuf depuis peu, il élevait des ..lamas ! « Sont à vendre mais il y a pas d’acheteur ». J’en ai parlé à Bergeron de Rouyn qui joue le paysan-fermier. Gilbert F. veut revenir à Montréal « Je suis si seul, mes enfants sont là ». Ainsi, à Lévis, mon « jésuite » qui est un homme simple, qui parle « habitant » vigoureusement, est un autre veuf qui a ses enfants à Québec et qui se sent seul. En régions, les « vieux » sont sans ces enfants instruits, exilés dans les grandes villes.
Quand la noirceur tombe, je fais de la lumière au-dessus de mon siège pour continuer avec mon livre ou un magazine. La seule lumière de tout le véhicule, à l’aller comme au retour. Personne ne lit donc plus ?
6-
Aile doit être là au terminus, rue Berri. Pas d’Aile ! J’attends dehors. Froid. Je met ma tuque de laine noire. La haute grue à deux paliers de la future Grande biblio forme sa haute croix, bien immobile, c’est dimanche, dans le ciel noirci. Trente minutes passent. Pas d’aile en chaleur. J’ai mis ma lourde sacoche de cuir entre des traces de vomi et de pisse. Plein de silhouettes vont et viennent. Allures misérables des voyageurs du Métro et du terminus. Des quêteurs quêtent. Des vagabonds rôdent. Des bommes échangent discrètement des…marchandises invisibles, louches. La police passe. Repasse. Le haut clocher de l’Uquam veille sur cette lie.
Voilà soixante minutes à me lasser d’examiner les passants, à observer cette faune voyageuse. À guetter Aile. Rien. Un accident ? Je songe à un hôpital, à une voiture dans une fourrière, toute écrapoutillée. Anxiété. Téléphoner chez me enfants ? Savoir…apprendre l’horrible…Je fais enfin ce que j’aurais dû faire en débarquant. Téléphone. Sa voix. J’enrage : « Merde ! Que fais-tu ? Je t’attends rue Berri depuis plus d’une heure ? » Aile : « Tu devais me téléphoner en arrivant ». Je fulmine. J’aime mieux ne pas raconter ma colère quand, enfin, elle s’amène. Mes injures. La bouderie féroce arrivé chez moi. Aile chavirée. Insultée par mes attaques verbales.
Ma honte le lendemain. Mes excuses. Je veux oublier ma crise de nerfs de la veille. Un lundi bien triste à tenter de me faire pardonner. Quand j’irai vers le duo Houde-Bertrand de T.L.M. pour faire mon topo sur « les vieux si seuls », le beau temps est revenu à la maison, Dieu merci. À midi, Aile est venue me retrouver à Radio-Canada. Rencontre avec sa fiducière-conseillère —que j’adopte— en « Reers » et « Feers. (pour moi) dans un bureau de la banque Desjardins de la SRC. N’étant pas des consuméristes, le couple a pas mal de fric à placer mais nous expliquons à la jolie « courtière en placements » que notre « seuil de tolérance aux risques » est bien faible. Miss Caron sourit et nous conseillera fortement de nous dénicher un notaire et faire nos testaments. Brrr…je déteste songer à ma mort. Aile aussi. Davantage que moi. « Le fisc prendra sa très grosse part à la mort de l’un des deux, nous prévient-elle, il faut « testamenter » et vite » ! On y verra.
7-
Maintenant, se rapproche le vaste Salon du livre de Montréal, Place Bonaventure. À Rimouski, merveille, une cinquantaine de kiosques, ici, 280…Ouash ! Brrr…
Vu hier soir, le docu sur le bonheur du fils Bombardier. Décevant. Aile : « C’est insatisfaisant, trop court chaque fois, on reste sur notre faim… » D’accord avec elle. Les interviewés défilent trop rapidement. Le jeune réalisateur, Guillaume Bombardier s’en donne à coeur joie, incessants effets infographiques, caméra sophistiquée, belles images qui ont pas « rap »… La mode des clips quoi ! C’est de son âge ? Les 36 interruptions commerciales, —aux mêmes effets de clips— semblent devenir la vraie matière d’une telle émission. Écoeurant ! Abrutissant. Assommant avec pubs de chars, de pneus quand —ironie— le présentateur Alain Gravel, en début proclamait « qu’il était imbécile de chercher le bonheur en reluquant des chars neufs » !
Mercredi dernier, chez Labrèche, un Grégory Charles brillant, si drôle quand il cause —la langue dans la joue— maladies, corps physique. Du talent ! Chez Lipton, l’acteur Gabriel Byrne (« Miller’s crossing », « Unusual suspect »), exilé d’Irlande, se racontait avec grand talent. Quelle bonne série à « portraits » que ce « Inside Actors’ studio ».
8-
Lundi soir, bouffe à bonnes pâtes à la « Spaghattata » rue Laurier, seul restau ouvert à cause de pannes électriques dans tout le secteur. Hier soir, bouffe de juteuses bavettes chez « Mamie nature », ici, rue Valiquette. Au retour le Bombardier à bonheur et, paf !, pas de « Duceppe » sur magnéto…Patate ! Aile l’enregistreuse patentée du « home » enragée de son erreur. Rien sur le ruban, de la schnoutte ! Ma fille au téléphone pour nous inviter chez elle dimanche à fêter mon anniversaire. Repas du midi rue Chambord : « Duceppe raté ? Pas grave, ça va repasser dimanche ». Belle carte de souhaits Marielle, ma quasi-jumelle et lettre courte. Et des coupures de journaux. Tantôt Nicole : « C’est plate, on voulait vous inviter, tu vas donc chez ta fille et ton fils y sera, et tes cinq mousquetaires…c’est bien. Bon, on te fêtera plus tard ». Je lui ai dit ne pas trop estimer tout ce cérémonial des anniversaires. « Claude, t’es sauvage comme moi, on tient ça de notre sauvageon d’Édouard, notre père ».
L’autre soir, relisant un peu de mon journal édité (oh les coquilles maudites !), je tombe sur une entrée à propos de Cyrulik, et bang ! au « Point » de Bureau, Cyrulik en personne ! Le hasard existe-il ? Bon boulot de Bureau. Il jasait, tiens, sur le bonheur ! Ce Cyrulik : une lumière.
9-
Étonnant ce duel verbal très viril entre Martineau en inquisiteur et le Rozon de l’empire-du-rire. Ce dernier avouant jouer le « mac », le « pimp », l’entremetteur pour fournir Trenet (vivant !) en jeunes prostitués « commerciaux ». Les gazettes en feront des gorges chaudes avec raison. L’adjointe nouvelle de Gilbert-subventionné-Rozon, dame Cinar-escroqueries, se fait « pleumer » si férocement par un Martineau braqué que les directeurs de Télé-Québec reculeront quant cette « voleuse » les menacera, le lendemain, de poursuites judiciaires. L’émission sensationnelle n’aura donc aucune reprise. « Franc-tireurs » mis sous le boisseau !
Quel journaliste équipé va vérifier les chiffres de Rozon qui lui font dire : « Quoi ? Nous, nos festivals publics, très subventionnés avec un petit 10% ? C’est moins qu’aux USA : 25%, moins qu’en France : 40%, moins qu’en Angleterre : 55 % Martineau muet à ce moment. Est-ce la vraie vérité ?
10-
Vu encore « Le septième (art) » avant de m’en aller à Rim Ouski. Je dois y être bientôt à cette série, on va me dire quel film aller voir. Le gras Georges Privet connaît le métier. Mais cette animatrice, Catherine Perrin, (Aile l’aime bien, elle ), sèche, raide, rêche même, roffe, hautaine un tantinet, sévère d’allure, si « sérieuse », tendue plutôt, yeux creux, cadavérique parfois…On y a démoli « Le marais », le « Frida » Khalo, trop sucré, sauce « midinette ». On y a vu des images de la suite d’Arcand pour son « Déclin… ». Hâte de voir cela. Bedang sur le show-filmé, triste raté de cette Pol Pelletier-la-masochiste effrénée. Hâte aussi de voir Bourqet dans « Comment j’ai tué mon père ».
Chez l’ami Popaul Arcand, une ex-envoûté de Raël. Souriante, calme, elle a eu besoin d’un groupe exotique. « Il se dit le demi-frère de Jésus ». Il dit que Moïse, rencontré lors de son voyage extra-planète-terre, est le plus drôle des grands prophètes. L’ex-journaliste de sport sombre ans le ridicule avec un aplomb digne d’un déséquilibré conscient. S’enrichit. « On donne 10 % de nos revenus ». Comme à l’OTS ? Il aurait un harem. De très jeunes filles. En France les accusations de « subornation de mineures » pleuvaient sur le devenu Québécois. Le fisc le guette aussi. Un fumiste étonnant. Quelle paix trouve-t-il à Valcour, au Québec ? Nos agents gouvernementaux en cette matière sont-ils plus mous ? Il y aurait une organisation vraiment internationale ! L’ex-victime parle à Arcand d’un délire ! Arcand s’en pourléchait les babines. « On y joue beaucoup avec des jeux vidéos », dit la déprogrammée. Existences hors du réel quoi ! Non mais quel habile rastaquouère pour les âmes en mal de groupes sociaux désaxés. « Il joue le Dieu, un mythe vivant et c’est là que j’ai décroché », dit l’ancienne folle abusée.
11-
Gilbert Sicotte fait une narration lourdement appuyée, comiquement sur-dramatisée à la série « La boîte noire »… où l’on repasse, où l’on remâche de vieux documents d’archives. Redondance niaise. Le fameux 24 juin 1968 du Trudeau, « fier pet », bravant les émeutiers : du vu et revu ! Le retraité reporter, Gabriel Drouin, témoin oculaire, a livré des propos mesurés et n’a pas vraiment fustigé la censure honteuse, scandaleuse, des patrons d’alors à Radio-Canada qui refusait à ses reporter (dont De Virieux) de révéler l’événement…historique. Auto-censure idiote par frousse de celui qui était en élections actives et qui les menacera plus tard de « mettre la clé dans le réseau français de Radio-Canada ». Toujours étonnantes (vues et revues) ces images sur le pape tiré à bout portant et qui écoutera, plus tard, les confidences de son assassin (raté) en prison, en Turquie !
Très bon papier dans « Voir » pour analyser le dernier jeu de société de mon fils, Daniel, « Top secret ». Si content pour lui. Il y travaille si fort.
12-
Neil Bissoondath, exilé à Québec pour bonne raison d’amour, eut le courage de condamner le multicul de Pet. Il a crié sa peur des ghettos entretenus sciemment par Ottawa et qui nuit à l’intégration normale. J’applaudissais dans le temps. Maintenant, il publie un nouveau livre (qui est traduit de l’anglais) « Un baume pour le cœur » où il raconte un vieillard anglo uniligue de Montréal, achevant sa vie et se questionnant. Neil jase sur…les deux solitudes. Aveugle ou quoi ce Bissoondathe, il ne pipe mot (dans « Voir) sur le racisme totale de ces anglos d’ici qui ne parlaient pas un seul mot de français au milieu de 82 % de francophones. Lâcheté ? Prudence sotte ? Je suis si déçu de constater que N. B. fait de grands détours pour éviter cette question. Il veut quoi, la paix des hypocrites, la bonne entente de surface ?
Ou bien, comme tant d’autres néos-québécois, il préfère se boucher les yeux sur la question. Son vieil héros, Alistair Mackenzie, a un voisin, M. Tremblay, qu’il ignore complètement et le Neil de dire : « Ça m’a toujours étonné cette séparation entre deux communautés… »
Le coco ! Il y a, il y avait qu’une minorité vaniteuse, dominatrice, raciste, refusait de s’intégrer, méprisait la majorité.Faut-il lui faire un dessin ? Le racisme anglo d’ici, c’est cela. Point à la ligne. Aucun étonnement à y avoir alors sur cette « séparation », cher talentueux Neil ! Ce prof de littérature à Laval, à Québec, rédige en anglas mais nous menace : « Si un jour mon héros —en gestation— me dit « bonjour » au lieu de « good day », j’écrirai mon livre en français ! Promesses, promesses ?
13-
De quoi j’ai l’air quand je dis que Gabrielle Roy fut, jeune aspirant écrivain, mon inspiratrice ? Ou Yves Thériault. Ça fait pas « seurieux » de nos jours. Je lis, et c’est fréquent, les sources d’inspiration des nouveaux auteurs québécois. Pas un seul d’ici. Une sorte de snobisme ? On s’efforce de ne citer aucun écrivain québécois. Une sorte de racisme ? Exemple : Élyse Trurcotte (chez Leméac). Lisez sa liste actuelle d’inspirateurs :Clarice Lispector, Hildegarde de Bingen, Goran Tunstrom, Michael Cunninham et Toni Morrison. Pas de commentaires autres.
Rencontré à Rimouski un jeune femme, Marie X, qui prépare une thèse sur mes écrits. Sosie de Christine Brouillette. Des yeux brillants. Une intelligence qui m’a effrayé. Des notes cocasses. Une lecture fort perspicace. Elle m’a sorti des trucs sur mes ouvrages… à terre le bonhomme ! Hâte de lire sa thèse. Je lis que des psys voient des choses terribles en fouillant les entrailles des livres « Harry Potter ». Pédophilie…nazisme ! Diable ! La crainte de me voir un jour ausculter de cette manière freudienne ! Inconsciemment, quelles tares est-ce que je cache ! Seigneur, éloignez de moi ces analysants analysateurs !
Le gras étatsunien Gore Vidal, exilé en Italie pour ses vieux jours (77 ans) lance des flèches raides anti-Usa, selon Nicolas Trépanier.
1- W. Bush aurait « délibérément » ignoré les avertissements d’Al-Qaïda et de Ben Laden. 2- Il y avait longtemps qu’il voulait envahir l’Afghanistan, cherchant un prétexte, il l’a eu avec ce 11 septembre.
2- On a refusé la procédure normale automatique lors de détournement d’avion ce 11 septembre. L’on aurait abattu immédiatement ces avions détournés. Il y a eu refus d’agir. Pourquoi ? 4- Si incompétence il y a eu, il n’y a pas eu réprimandes à la grandeur de cette incompétence. Bush a même exigé qu’on mette fin à l’enquête sur cette incompétence. Pourquoi donc ? Vidal en Oliver Stone ? À suivre ?
14-
J’ai vu les annonces de jolis condos dans le stationnement de Radio-Canada mardi matin. Stupeur. Des organismes veulent plutôt des logements sociaux pour les citoyens du secteur. En effet, on a démoli les logis des pauvres en s’installant là en 1971. Tout un quartier ultra modeste (où vivait l’artiste Gladu, jeune, il en a fait un beau petit livre) fut sauvagement jeté par terre, cela de la rue Amherst à Papineau. Vaste quadrilatère qui fut effacé. Voilà donc une entreprise bizarre. Il y en a toujours que pour les bobos ! Les bourgeois bohémiens du monde des communications. Une honte.
Zut ! Maudit journal ! J’ai oublié d’aller marchander les leçons culinaires du jour, à l’École des jeunes chefs, rue Lesage. Aile devra cuisiner. Quand, à Rimouski, j’ai prévenu Victor-Lévis, l’éditeur d’ « À coeur de jour », que j’allais cesser sans doute, fin novembre, de tenir journal, il n’a rien dit. Pas un mot, le saligaud. Il m’a regardé. J’ai ajouté : « tu comprends, c’est difficile, les notes partout, l’impression de ne pas vivre vraiment librement, la sensation d’être lié, accroché… » Il m’écoutais attentivement sans un mot toujours. Et puis, voyant que je ne disais plus rien là-dessus, il est passé à un autre sujet de conversation. Bin…
Paul Trudeau, m’expédie un… « mel » (adieu joli mot « courriel » !) : il est allé à Grasset lui aussi. Deux frères : en maths au collège, il y fut un gros zéro, comme moi. Un prof incapable puisqu’à l’université Trudeau y fit florès…en maths, plus tard. Il blâme donc ces Messieurs de Saint-Sulpice de n’avoir pas engager des compétences. Il me fait du bien. Ce prof Maheu à moi, mes notes catastrophiques……quoi ? peut-être un incapable, peut-être que j’étais pas si borné, si bouché en maths ! Eh !
Aile me prévient, elle sort pelleter toute cette neige précoce sur la longue galerie aux cèdres. Je ne dis rien. Il faut de l’exercice pour se maintenir en santé, pas vrai ? Et les femmes sont dorénavant nos égales, non ? J’ai acheté, au terminus des bus, un Nouvel Ob spécial avec plein de pages sur Nietsche et ses écrits philosophiques. Je descend le lire avant souper.