“TOUT L’ MONDE EST MALHEUREUX TOUT L’TEMPS !”
2 octobre 2006 | 1-Tout, Lectures, Poing-comme-net
S’en revient, en novembre prochain, « Le Salon du livre ». À cette époque, l’an dernier, on a lu des déclarations sur la maigreur de « notre monde » du livre. Ce fut la grosse chicane. Guérin, gros marchand de livres, s’écria : « Assez de colonialisme, accordons les belles places aux nôtres, comme font les parisiens, et des « racoins » modestes pour ceux de France ». Résumons les opinions. On publia mon texte : “Un seul vrai problème : le monde ne lit par notre littérature québécoise”. Victor-Lévy Beaulieu me répondait: “Faux, mon Jasmin. Le problème ? Les médias sont absents pour nos livres et nous manquons de subventions”. Je notai.
Michel Brûlé, éditeur méprisé, s’amenait : ” Le problème c’est que, subventionnés à gogo, on édite n’importe quoi. Pas assez de livres à succès, le « milieu livres » est nombriliste et il y a une clique de « profs-docteurs-en-lettres » qui snobe les “populaires”. Je notais encore.
L’ex-éditeur, Alain Stanké, étonnant, y alla d’un : ” Comme en France, abolissons carrément les subventions. Trop d’offres…bien peu de demandes”. Aïe ! Le prestigieux Pacal Assatiany de Boréal : “L’éditeur Brûlé déconne, c’est un jaloux !” Le chroniqueur Cassivi en rajoutait : ” Michel Brûlé est un vulgaire peddler de livres, un suiveur de modes .” La journaliste Stéphanie Bérubé publiait un bon papier pour dire aussi de “trop d’offre pour la demande”. Un marché faussé, taré.
Des livres qui fonctionnent, dit-il, certains albums de B.D. les auto-biographies-à-succès, Janette Bertand, des livres-jeunesse, telle la série “Amos D’Aragon” (chez Brûlé) et des livres-à-scandales, tel le livre de Vastel sur une jeune Simard abusée. Et l’anglaisé doué et traduit, Yann Martel ? B’en…une exception glorieuse. Le Brûlé fort malmené revint à la charge : ” C’est anormal, tous ces éditeurs qui font des livres-sans-succès aucun et qui pourtant reçoivent davantage de subventions”. Voudrait-il la manière Téléfilm, « Prime aux performants » ? Le chroniqueur Paul Cauchon comparait avec un monde semblable, la télé « hyper-subventionnée et écrivait: ” En saine théorie financière l’on prévoit que les hommes d’affaires-gestionnaires incompétents ne participant pas aux frais— ( tous nos éditeurs subventionnés ?) se fichent bien des résultats. Ils empochent les subventions, rien à perdre, c’est pas leur fric”. Eh ! Alors, on songe à ces producteurs de télé « morons” —disait jadis F. Larouche— qui ne mettent pas le « fric public » à l’écran, roulent en Mercédes, mènent un train-de-vie somptueux”.
Le retraité Stanké avait-il raison ? « Abolir les subventions et laisser flotter librement ce chétif marché ? » Hum ! Verrait-on disparaître la totalité des éditeurs littéraires ? Oui. Brûlé insistait : “Le succès en ce milieu est un étrange tabou, une honte “. Relisant toutes ces déclarations, on turlutera du Vigneault: “Tout l’monde est malheureux tout l’temps !”
L’éditorialiste Mario Roy —qui publia un excellent livre sur Gerry Boulet, nous captivait : “Dans le monde, il se publie deux livres à chaque minute, un million chaque année ! Au Québec, 5,000 livres sortent chaque année, c’est davantage qu’un livre par jour. Il y aurait 200 éditeurs au Québec (!), pas tous « de littérature ». Ils n’étaient pas dix en 1960 ! Le contribuable crache donc 30 millions de belles piastres pour “entretenir”— c’est le bon mot— le livre ! Alors je maintiens mon : « Cause de malheur : le monde ne lit pas l’yable”.
Qui a lu “Le jeu de l’épave”, étonnant roman du jeune Bruno Hébert, ou l’émouvant “Que vais-je devenir jusqu’à ce que je meurs” de Lalonde, ou “Toute vie est un roman“, mes entretiens avec un ménagère brillante de Sherbrooke ? Le Salon va-t-il encore se taper les bretelles avec le nombre de ses visiteurs, on comptera les tours des « mêmes » aux tourniquets et les enfants-non-acheteurs en amusant congé scolaire, les doigts pleins de signets. En fait c’est même pas un Québécois sur 300 et nous sommes 3 millions de Québécois—la moitié de la population— dans la grande région montréalaise (de St-Jérôme à St-Jean).
299 Québécois sur 300 n’en ont « rien à foutre » du livre, littéraire ou pas littéraire. Un correspondant me jette : ” C’est que, de la fiction, des « z’histoires », on en a en masse avec vidéo-clubs, cinéma, canaux de télé, etc.. ” Que répondre ? Ne plus publier que de l’auto-fiction ? — les beaux cris de madame Noël, ou ceux de Sissi Labrèche ? Ou bien des biographies ? De là, l’an dernier, mon appel à la radio de Cloutier : « Vite, Raymond, trouve-moi un biographe ». Je rigolais.
Comment bien convaincre que Bruno Hébert ou la Francine Noël du très bouleversant “La femme de ma vie“, offre des heures et des heures de lecture sans commune mesure avec du téléroman à « crochets » pour captiver de façon ultra primaire les centaines de milliers de téléphages et télémanes ? Comment ?
Gardons donc le rythme —« B.S. cultuel »— actuel. Après tout c’est bien davantage que $ 35 millions d’argent public que l’État offre en subventions variées aux industriels de tout acabit, Bombardier et Cie. En fin de compte, l’auteur du volumineux « Joyce, le Québec …», Beaulieu, aurait donc raison ? « Davantage de subventions et aussi une meilleure visibilité en médias, svp ! ». Que revienne donc ce « Salon du livre » avec, au milieu, les crésus-du-livre de Paris et, tout autour, les subventionnés « indigènes indigents ».
C’est toujours amusant de lire “de loin” ce qu’on dit là-bas ” chez nous”…
A quand les livres imprimés “à façon”(sur commande): quelle économie potentielle de papier (et d’arbres) et pourquoi pas de fonds publics!
bonjour! je m’apelle Nathalie rochon je suis malentendante, j’ai 38 ans, puis saches tu qui le pere? c’est robert bourbonnais sa femme Rosita Salvadore, puis c’est tres important pour moi j’ai bcp bcp exprime de ma vie…. merci! Nathalie