DANS UNE RUELLE PRÈS DE CHEZ VOUS !
3 octobre 2007 | 1-Tout, Poing-comme-net
Le poète-chanteur juif-anglo, Leonard Cohen, a grandi dans le ghetto riche de Westmount. Hasard de la naissance. Cohen tournera le dos à une vie de pacha assurée dans les usines des parents puissants. Richeler, le romancier, juif-anglo comme Cohen, a grandi dans le très modeste quartier du Mile-End, rue Saint-Urbain, en petit pauvre. Cohen, descendu de sa butte de verdure tranquille, va tenter souvent de nous connaître, nous les gens de la majorité. Pas Richler. La CBC a mis quatre ans et sept millions de dollars pour tourner « St-Urbain’s Horseman ». Voilà que cette série-télé est refusé par notre réseau français et des Mario Roy publient que « C’est une honte ! » Il prétend que c’est la séquence de bataille de rue où Richler nous dépeint en racistes anti-sémites, eh ! Si Cohen, lui, avait de la sympathie pour nous, Richler n’a jamais cessé de nous diffamer. À Londres, où il s’exila longtemps, ou dans de chics magazines de New York, Mordecaï Richler s’acharnait à nous… pisser dessus. À ses yeux, il se faisait le héros résistant bafoué par les Québécois -de sinistres demeurés- nous n’étions qu’un tas d’insignifiants, des bornés, des individus louches, les pires racistes et il était fier de brosser ses noirs tableaux.
Ce né-Montréalais, unilingue anglais parmi 84 % de la population, Richler, voulait que cela se sache dans l’Empire anglo-saxon. Son fort bon talent de romancier lui offrait des tribunes volontiers et il en a profité pour baver son fiel. Le fieffé raciste, c’était lui. Il est mort il y a six ans. Paix à ses cendres mais pourquoi la télé du Québec collaborerait à diffuser davantage son amertume irraisonnable ? Sa fixation morbide ?
Sa mystérieuse rage anti-franco ? Les compères à la Roy d’un « bonententisme » loufoque, veulent oublier le tort considérable que Richler nous fit à l’extérieur en colporteur de ragots sans fondement.
Buveur invétéré, le gaillard du Mile End, se réinstallant parmi nous, titubera de bar en bar dans l’ouest de « sa » ville en continuant de répandre ses bobards sans cesse. Nous étions des racistes à jamais. L’antisémitisme d’antan, réel, n’avait pas cours ailleurs, il était le fait unique de ces pourris de Canadiens-Français catholiques. Il n’avait lu le livre si instructif de Norman Lester qui révèle le très farouche antisémitisme du Canada-Anglais.
Cohen, lucide et honnête, devinait bien notre misérable statut de jadis, le colonialisme enduré par les nôtres. Cohen, ami du poète Michel Garneau (qui l’a traduit), parlait français, et le grec peut-être puisqu’il a vécu longtemps à Hydra, une île grecque populaire un temps. C’était la dive bouteille pour Richler, la drogue pour Cohen, c’est raconté dans une récente biographie du chanteur que j’ai lu. Les deux juifs sont aux antipodes, pour l’un, Mordecaï, nous sommes des « enfants de truie » (ses mots). Pour l’autre, Léonard Cohen, nous étions d’une étonnante nation, « vaillants résistants en océan anglo-américain », il tentera souvent des rapprochements amicaux.
« On ne pardonne pas », dit un éditorial de Roy (La Presse), c’est que Richler est impardonnable. Son furieux racisme, si puant envers nous tous, est exactement impardonnable. Il n’est pas « innocent », pas du tout, que Toronto lui fasse -à lui et à cette série coûteuse- une fête ! Oh non ? Jamais, de son vivant, nous n’avons pu lire au Canada-anglais la moindre condamnation des propos ignobles du bonhomme. On peut même imaginer que la « psychose » francophobe de l’ivrogne surdoué, né en ghetto juif, contribuait à renforcir une certaine haine du fait français, voire d’un Québec impossible à assimiler, n’est-ce pas ?
Alors les larmes d’un Mario Roy, ou de quiconque se trouvant pas moins aveuglé et oublieux, sont une parade louche, un paravent suspect. Une façade hypocrite pour paraître ouvert, généreux. Il faut être inconscient ou bête pour souhaiter participer (avec la CBC) à la glorification d’un écrivain anglo-juif qui n’a pas cesser de son vivant de cracher sa morve d’abruti sur nous tous. Le masochisme a ses limites.
Que la nation anglaise du Canada dépense sept millions et demi d’argent public pour embellir -embaumer - le monstre raciste, c’est son choix. On nous permettra de féliciter le courage des dirigeants de notre réseau français public de jeter à la poubelle pareille entreprise. Ce Roy, le mercenaire des Paul et Paul Desmarais, écrit « pugilat entre juifs et Canadiens-français catholiques « violemment » antisémites », c’est « violemment » mentir. On le sait bien, l’antisémitisme soft -avant la dérive effroyable du nazisme Allemand- était répandu partout. Aux USA comme dans tant de pays de l’Europe. En ce temps lointain, les gamins de la rue Saint-Urbain aimaient la bataille. Entre petits voyous, juifs ou non, n’importe quelle ethnie aurait fait l’affaire. Richler, cela arrangeait tant sa francophobie, en fit le drame de sa vie.