Un crétinisme anti-religieux ?
5 décembre 2007 | 1-Tout, Lettres ouvertes, Poing-comme-net
C’est le maudit grand « mélange ». Le grand « ménage » québécois avec plein de gens rancuniers qui fourrent dans un même sac (vert !) : religion, spiritualité, foi. Jésus-le-Christ et le Vatican. Les évangile et les règlements moraux des églises. Cette actuelle guéguerre québécoise amène un brillant comédien, homosexuel assumé se déclarant « un petit garçon abusé » par un de ces curés-touche-pipi, j’ai nommé André Montmorency, à faire un « appel-à-tous » : Écrivez au cardinal Turcotte pour apostasier officiellement le catholicisme ! Le brillant chroniqueur Richard Martineau, en vue d’un deuxième mariage chez les Protestants, l’a fait récemment, c’est correct.
La très grande majorité des Québécois, sans griefs du genre « Orphelins de Duplessis, va reconnaître plutôt les immenses bienfaits du catholicisme québécois. On ne voudra jamais oublier que ce cléricalisme -triomphant de 1850 à 1950- a contribué efficacement à notre survie collective comme nation. À empêcher notre dilution organisée, tant souhaitée par nos conquérants lors du lâche abandon de sa colonie par la France. Pour les adultes d’ici, « bien informés », inutile de dresser la longue liste de ces bienfaits « religieux », dont l’instruction, les soins hospitaliers, etc.
Pas question évidemment de minimiser les graves dégâts commis par des prêtres pédophiles immondes. Maudite Défaite de 1760 ou non, la pédophilie de ces religieux aurait duré. Il y en a eu partout. En France comme aux USA. Les jeunes victimes de ces malheureux malades en sortent souvent avec, à jamais, la perte de la foi. Deviennent des Incroyants, fatalité tout à fait compréhensible.
N’en reste pas moins, qu’en dehors de ces dérives lamentables, le bilan du catholicisme québécois est extrêmement honorable. C’est ignoble, une injustice grave, une ingratitude inouïe, de nier que notre religion d’antan fut un rempart bénéfique, notre salut collectif en tant que nation fragilisée. Je suis donc de ceux, reconnaissants, qui remercient volontiers le catholicisme d’ici.
Le correspondant d’un journal, F. Gros d’Aillon, y va « gros », signant une charge excessive. Pour lui : tout le mal du monde vient des religions dont les guerres. Toutes ! Il fera mine d’oublier que les plus horribles, celles de 1914, ses boucheries, de 1939, l’holocauste, n’avaient rien à voir avec la religion. Tout comme l’abject soviétisme stalinien à archipel de goulags, ou Pol Pot, ou les génocides -Rwanda ou Darfour.
Si on veut tuer « un chien nommé religion » on dira… n’importe quoi. Affirmons-le, il y a au Québec actuel un nouveau totalitarisme qui ose se montrer : un laïcisme agressif, aveugle, mesquin. Et si vain. Comment peut-on ignorer que depuis le début des hommes sur cette terre, il y a eu besoin de transcendance. Besoin de spiritualité, les antiques tombeaux, primitifs ou somptueux, étonnants cimetières des premiers âges de l’Homme, découverts par des archéologues, des anthropologue, l’illustrent à souhait. Les Gros d’Aillon de ce monde, qui font fi des contextes historiques, laissent voir ce fanatisme d’ignares.
Souhaitons pour un Québec moderne la laïcité publique nécessaire. Mais ce laïcisme vindicatif, renieur de tout le passé, mon pauvre Montmorency, est une bêtise grave. En toute maturité, sachons remettre en contexte historique des lois morales abusives, les « péchés de la chair » d’un puritanisme d’antan. Pire parfois en certaines religions hors le catholicisme, sachons-le. Ces anciennes maternités à répétition, tout le reste d’un rigorisme inhumain, bref, malgré cette vieille morale étriquée, il y a eu d’énormes, oui « énormes » bénéfices sociaux. Dénigrer, oublier, biffer rapidement l’immense générosité, les fabuleux apports sociaux de toutes ces femmes et de tous ces hommes en soutanes -qui oeuvraient dans écoles, collèges, hôpitaux, orphelinats, refuges de vieilles personnes démunis- quand l’État n’était pas encore organisé, bien constitué comme aujourd’hui, c’est truquer sa mémoire. Une défaillance pour vengeurs aveuglés, c’est faire montre d’une dureté abjecte, c’est l’ouvrage néfaste d’une petitesse déshonorante. À bas cette pose ingrate et vive une mémoire de justice.
C’est entendu, le catholicisme actuel résiste encore à des progrès désirables. À cause de ces barrières d’un autre âge, ces freins passéistes, je suis un de ceux qui ne revient pas à sa bonne vieille église. Nous somme nombreux évidemment et aussi nos temple se vendent en condos quand ils ne sont pas de beaux monuments patrimoniaux. À conserver. Cela ne m’empêche pas de… rendre à César… et à la religion de mon enfance tous ces mérites.