« QUI QUI SKIE ? TOUT L’MONDE SKIE ! »
28 février 2008 | 1-Tout, LES BELLES HISTOIRES LAURENTIENNES
Ci haut, vous lisez des paroles de potache pour des collégiens partant skier à Saint-Sauveur. Le bus pour une piastre ! 1950, plus d’un demi-siècle !, et j’y songe en observant des skieurs sur l’anneau du lac, regard aussi à Jambe-de-bois revenu, mon écureuil facétieux. Dans trois semaines sera-ce le vrai début du printemps et le retour du chasseur d’oiseaux, mon matou Valdombre ? Tant de blancheur, j’y revois les belles cartes postales hivernales. Le vieil homme prends conscience de ne plus souvent s’insérer dans cette nature à collines. Coup de nostalgie. Pourquoi avoir cessé de skier ? Que le vélo l’été, la natation quasi quotidienne, deux seuls modes d’exercice ?
Chantons : « Que reste-il de nos amours ? » Ces belles années sur nos pentes…pourquoi avoir abandonner mes vieilles planches de bois vernis ? Ceux de ma génération se souviennent du ski d’antan, les câbles de remontée qu’il fallait agripper -à s’en arracher les bras- pour les douces 68, 69, la terrible 70, la longue 71. Ah, le nord à 17 ans, collégien à tout petit budget, luncher au Nymark Hotel de Saint-Sauveur pour « une piastre » ! 1950 : j’avais vingt ans, dévaler des heures et des heures dans cette belle nature, nous les jeunes venus d’« asphalte sous gadoue ». Ces joyeuses pauses pour un chocolat chaud à cette gargote aujourd’hui disparue : La vache qui rit !
QUE SONT NOS AMIS DEVENUS ?
Un jour, fini tes études, s’amène souvent la séparation d’avec les camarades, faut te dénicher une blonde steady. Aller fleureter aux salles de danse, plus tard, aux pistes des clubs de nuit. Les soirs d’été aux parcs publics-kiosque à fanfare- au vaste mont Royal. Un jour : l’amour, salut Cupidon, bienvenue Saint Valentin ! Vouloir fuir la maison des parents, ces « p’tits vieux » ! Ton mariage. Te trouver un job steady, cher Yvon Deschamps ? Les bébés… un, deux, à élever, à protéger. La vie, la vie quoi ! Ensuite, tu as 30 ans, les enfants grandis te ramènent au ski en chères Laurentides. Retrouver « la Suisse au Québec », comme me disaient des amis européens. Plaisir de sortir d’un placard tes bons vieux skis. À harnais de métal. À bottines de cuir usé. Tes enfants sont bien jeunes, prudence, La Marquise à Saint-Sauveur, c’est assez haut. Viendront -gré capricieux- le Mont Olympia, Avila, Belle Neige, ou, un temps, ce Mont Sauvage. Puis tu auras 50 ans et tu conduis toujours -ces samedis matins- tes ados aux pieds des côtes. Toi, tu t’installes au chaud en cafétéria, par exemple aux côtes 40-80 de Sainte Adèle ou à celles du Chantecler. Lire tes chers journaux tant tu détestes ces trop longues attentes au bas des côtes; à cette époque pas de ces sièges modernes à quatre places, ces téléphériques à cabines. Tu as abandonné -comme sans t’en apercevoir- le ski alpin ! 1975 : 60 ans bientôt ! Mode en vogue : le ski de fond. Tu vas t’y adonner avec ferveur.
Tes enfants ont un p’tit appart et le temps passe vite, te voilà les cheveux gris. Et puis blancs. Paresse, frilosité, tu y vas de moins en moins; tes skis restent dans le portique. Un bon jour, tu te rends compte que tu n’y vas plus du tout. Tu t’inventais des excuses pour rester au salon avec tes journaux, un magazine, un roman un DVD loué, un neuf CD. « Skier ? Non, trop de neige tombée ou pas assez ! Fait trop froid, je ferais pas un kilomètre aujourd’hui. Ou, fait trop chaud, la neige sera collante. Bonjour les prétextes ?
FLEURETER À SKIS !
80 dans trois ans et je m’ennuie de skier parfois; j’admire cette jeune « vieille », Danielle, toujours folle de skier. Ou le voisin Jean-Paul, 79 ans, partant le matin vers les pentes d’en face. Songer à y revenir parfois. Tard ? Mes os fragiles, danger de fractures ! Ô procrastination. Me souvenir : 14 ans : j’étais si content de ces minuscules pentes, Parc des Hirondelles à Montréal Nord. Si heureux d’y aller les après-midi de congé du collège Grasset avec mes « mal fartés » au fond d’un tramway. 15 ans : vif plaisir désormais sur l’imposant mont Royal. Lieu à se rompre le cou dans des sentiers abrupts, ô ces flammèches sur des rochers à cause des steel edges mal vissés, nos folleries risquées pour un retour pressé au tramway d’en bas. !
Skier là le soir au clair des réverbères, sous les ailes de cet ange… de bronze ! Doux soirs de mars à fleureter des étudiantes accortes au grand Chalet du sommet. Baisers volés, promesses d’idylles éternelles… Qui duraient un seul hiver. « Si Ou Pla, donne-moi ta photo, voici la mienne ! », précieuses images dans nos portefeuilles vides d’étudiants cassés. Le sucré des jeunes lèvres, la tête qui tourne, coeurs qui battent à l’unisson, premières caresses sous des cèdres lourds d’ouate immaculée.
Bon, assez, me reste à guetter la sortie de Donalda, ma marmotte ! Viens donc, viens beau printemps !
Très beau texte concerne chacun de nous. L’aujourd’hui constituant les futurs souvenirs de ces jeunes que l’ont voit partir pour la montagne, nous aurions envie de leur dire: enregistrez chaque instant car ce bel hiver, vous pourriez très bien en reparler dans soixante ans.
Accent Grave
Salut Claude,
Je trouve que tu t’améliores en vieillissant, tel que le bon vin. Le dernier texte que tu viens de publier dans le journal La Vallée m’a bien plus.
Tu te souviens sans doute que nous étions voisins ou presque en 1950, toi tu habitais dans la paroisse Sainte Cécile et moi dans Saint Vincent Ferrier, que de beaux souvenirs de jeunesse que nous apporte avec ce texte.
Lorsque tu mentionnes « cette gargote aujourd’hui disparue : la vache qui rit! » elle est toujours la, sauf quelle a changée de vocation, les propriétaires s’en servent pour leur compresseur a neige. Mais une chose que tu ignores peut-être? Il y avait de joyeux lurons qui fréquentaient ce restaurant en 1947, y compris les Compagnons de la Chanson, et mon petit doigt me dis que Suzanne Avon eut le coup de foudre pour Fred Mella « la voix de compagnon », à cet endroit.
Alors, je te remercie pour ce beau texte, tu peux me joindre à Saint-Sauveur, n’étant pas une vedette comme toi je suis dans l’annuaire.
André Joncas
Quelle belle ode a l hiver et a la joie de skier ! Je vous suggere de distribuer ce texte aux immigrants du Quebec en provenance de pays tropicaux.
Cependant, vous n avez pas parle des difficultes de l hiver quebecois : de ceux qui se deplacent en fauteuil roulant et qui sont restes bloques a la maison , des ecoles fermeees parce que le toit menacait de s effondrer sur ses occupants, des routes et chemins bloques et ainsi emprisonnant dans leur maison des personnes agees seules.
Puis-je suggerer a tous ceux-la de lire mes billets dans le carnet suivant :
htttp://carnetretraites.panamapensionar.com
Le printemps est deja arrive au Panama puisqu il y EST toujours !