HARO SUR… LES MÉDIAS ?
23 juillet 2008 | 1-Tout, Lettres ouvertes, Poing-comme-net
Je viens de lire encore une attaque contre les médias; les communications quoi. Comme chez le fabuliste Lafontaine (« puisqu’il faut l’appeler par son nom »), on y voit « le » coupable, « le » grand responsable de nos malheurs. Tirons sur le messager ! Cassandre, annonceur de nouvelles embarrassantes, gênantes ? À fusiller ! Un Mario Roy vient de fustiger… la presse. et autres canaux. Un Pratte le fit et tant d’autres. Des éditorialistes, juges haut-perchés, nous disent en pleine face que leurs collègues, confrères en tous genres, sont des filous, des macaques, des ganaches…des dangereux ! Étonnante attitude cela, non ?
Le Mario de La Presse, s’attaquant aux « mauvaises nouvelles stressantes » termine sa charge anti-médias (anti La Presse donc ?) par : « Le Prozac a maintenant triplé chez les ados ». On sait pourtant que les ados ne lisent guère les journaux ! Il écrit aussi : « le bon peuple en redemande », (des frousses, des peurs). Oh, cette hauteur : « le bon peuple » ! Quel mépris ! Plein de Roy, bien au dessus des mêlées populistes, de cette manière noble, s’en prennent à « la présence médiatique, ses frissons virtuels…dans une société au fond sécuritaire mais qu’on finira par voir comme la plus dangereuse, la plus violente. »
Chez moi « l’heure des actualités » est comme sacrée en début comme en fin de journée mais je connais des citoyens ultra sensibles (?) qui ne lisent plus les nouvelles dans les journaux ni ne les écoutent à la radio ou à la télé. On plaque un bâillon perpétuel sur la sale gueule à débiter des pronostics sombres. Tous les Cassandre de ce monde empêchent nos petits bonheurs ! « Ferme-la! » Et puis quoi ? Bouchons-nous les yeux et les oreilles ? C’est vrai et je ne suis pas sans péché qu’il nous arrive parfois de ces envies de fermer le clapet des annonceurs déprimants. Par santé mentale. Par besoin d’hygiène primaire. Mais je résiste. Il importe que le citoyen reste lucide, courageux aussi. Qu’il sache bien que l’humanité contient sans cesse son lot de voleurs, de bandits, de rastaquouères vicieux. Certains jours, c’est du « Allo Police » sordide à toutes les manchettes, non ? Pédophilie, suicides, infanticides, viols horribles, etc.
On peut bien reprocher la tendance (très ancienne) de faire grande part de ce qui va mal. On peut souhaiter plus d’espace et de temps d’antenne aux bonnes nouvelles que l’on néglige (qui ne feraient pas lire, pas vendre le journal, dit le petit chef à son pupitre). Cela souhaité -davantage de clarté sur ce qui fonctionne- il n’en reste pas moins qu’il serait imbécile de cacher tout ce qui grince dans le monde, loin d’ici (Irak ou Iran) ou à nos portes. Mais cette crainte de voir les jeunes déprimer est une très sotte bêtise. Allons, allons, chaque être vivant normalement constitué sait faire la part des choses. La jeunesse comprend bien que l’être humain, dans sa grande majorité, est bon. Sain. Qu’il sait de quel côté se situe le bien et le mal. La jeunesse actuelle est ni meilleure ni pire qu’avant. Elle fait face évidemment à de terribles situations, inédites aux aînés. Et puis quoi ? Étant optimiste -normal- de nature, je fais le pari que les jeunes sont très capables de lire, d’entendre, à 17 h. ou à 22 h., le sombre menu des « nouvelles du jour » et cela sans sombrer dans la dépression totale.
Vive les places, désormais multiples, où l’on append tout sur les actualité. Il y a eu assez d’époques quand l’on dissimulait les réalités aux peuples, à ces masses indignes, n’est-ce pas de tout savoir, jauger, analyser. Assez de ces temps anciens où les nouvelles étaient cachées, censurées, réservés seulement aux aristocrates et autres décideurs, potentats, seuls détenteurs du bon jugement. La démocratie exige le dévoilement des actes de ceux qui règnent, avec des moyens énormes, ou qui nous gouvernent, élus aimés ou, au contraire, regrettés. Ceux aussi qui nous exploitent sans vergogne ! La seule affaire à craindre est le silence imposé (salut pauvre Afrique !) par des potentats, des tyrans, des despotes maléfiques. Et la puissance étonnante de certains proprios de médias qui, mauvais citoyens, très capables de camoufler les horreurs perpétrés. Non, l’homme n’est pas un animal inquiet, cher Mario, l’homme est un être qui tend à la lumière.