LE MAL EXISTE-T-IL ?
29 août 2003 | 1-Tout, Beaux textes, Poing-comme-net
En 1950, jeune révolté par la religion-de-papa —« à dévotionnettes et à piéticailleries », mots du Cardinal-à-chapelet qui, converti, s’exila en Afrique— je rigolais de ça : le mal.
Nos « vieux » le voyaient partout. Revenu de mes révoltes de libertaire à gogo, je constate que « le mal » existe. J’ai oublié le nom du grand écrivain qui disait : « Je tiens ma Bible dans une main mais aussi le journal du jour dans l’autre ». Au XX ième siècle, tout Le « bataclan-psy » a décrété longtemps : « ne pas juger et essayer de comprendre ». Trop commode, trop facile. Je recommande de ne pas prendre à la lettre le « Tu ne jugeras point ». On a le droit de juger. Et le mal existe.
Tenez, dans le journal, on lit qu’un directeur-adjoint de la police trifluvienne, collectionnait et visionnait des milliers de photos de porno infantile ! Pour fin d’enquête, bien sûr. Dénoncé, il y a procès. Verdict ? Coupable. Punition ? « Un an de prison. À purger dans sa collectivité ». L’enverra-t-on en surveillant dans les garderies ?
Le mal existe.
Ce « Tu ne jugeras point » n’a pas empêché (Dieu merci) l’installation de milliers de tribunaux de toutes catégories, l’assermentation de million de juges sur la planète. Et qui jugent, eux ! Cela va du barbare serbe Milosevic, à La Haye, jusqu’à nos malfrats , ici. Saddam Hussein, enfin attrapé, sera jugé pour le gazage des Kurdes et le reste.
Le mal existe, pardon maman, pardon papa, désormais je le sais. Il y a des degrés dans le mal. Un autre exemple ? Le noble Conseil des arts d’Ottawa a subventionné —partie de 72,000 $— une galerie d’art d’Ottawa : pour « 30 ans de merde en art contemporain ». Sous-titre de cette expo intitulée : « Scatalogue ». Parmi les 25 exposants cropophiles, le « créateur » belge, Wim Delvoye vend ses excréments, emballés sous vide, 1,500$ US le sac ! On ne s’incline pas devant cette turpitude par respect mais par envie de vomir.
« Faut pas juger », proclame la jet-set déliquescente. « Tolérance », gueulent des snobs de la déréliction. « À bas toute censure », avancent les mondains décadents.
Le mal ? Deux de mes cinq chers petits-fils se sont fait « taxer » récemment, l’un au Métro Sauvé, l’autre à Henri-Bourassa. Merde !, on a brisé leur nécessaire confiance-au-monde à jamais. J’en fus atterré. J’enrageais contre ces jeunes délinquants. Le mal est donc partout, à tout âge.
Je viens de lire dans La Presse, un reportage d’une complaisance crasse sur un yatch (au Vieux-Port) à « échangistes sexuels », donc à détraqués névrotiques. Même le « seurieux » Devoir a sa chantre attitrée du délabrement sexoliste ! Le mot « cul » détrônant les beaux mots « amour sexuel ». Moi qui aime tant « la sexualité avec l’amour », moi qui abhorre la bestialité. Le mot « copulation » anéantissant les beaux mots de « faire l’amour ». Le mal aux contours variés se répand. Il enrichira les cliniques pour psychosés que seront, tôt ou tard, ces libertins lâches qui n’aiment plus leur compagne, se réfugient dans la porno; magazines, ciné ou cassette-vidéo, là où règne le pire machisme, le fantasme du mâle dominateur. En fait onanisme détourné : on se masturbe au fond, on « monte » par procuration, « les deux yeux farmés bin durs » ( chanson de R. Ducharme) la « cochonne « du film. La séparation c’est pas pour les chiens, merde !
Cher journal du jour : en mars, une Julie Legendre dénonçait, La Presse encore, des écoliers de cinquième année lisent dans le manuel « Capsule », no 5, (Deslauriers et Gagnon auteurs) « Lafleur du Brésil ». Découvrir à dix ans, comment « être heureux via le bonheur de renifler de la colle, sinistre activité d’enfants perdus, au sud, Brésil Cie, au nord, Inuits et Amérindiens. Un dévoilement complaisant aux enfants chanceux d’ici. Pathétique pédagogie, déboussolage d’éditeur et de directions scolaires ? Dérives pédagogiques à la mode et d’autres niaiseries sont dénoncées.
Le mal varie : des profs se font les amants de jeunes élèves (en thèse ou non ). Mal du jeunisme! Ces quinquagénaires fondant une deuxième famille quand ils n’ont su que saboter leur première famille. Ils seront des vieillards édentés, sourdingues et chauves, quand leurs « jeunes » vivront l’adolescence inquiète. Narcissisme.
Oui, on a le droit de juger et « la critique est le sang de la pensée » (Valéry).
Je sais mieux « le mal » bien visible, multiforme, et j’en viens à croire de nouveau —comme l’enfant au catéchisme d’antan— aux esprits mauvais, au diable, au démon, aux prosélytes satans parmi nous. À ce terrifiant « belzébuth » dont je me moquais du temps où je m’imaginais que le mal était une invention des curés pour nous garder dans l’ignorance du monde. Je me trompais. N’y a jamais déshonneur à l’admettre. Le mal et ses affreux zélotes, ça existe. Le journal du matin, chaque jour, illustre les graves méfaits de ses suppôts. Tiens, il peut prendre un visage réel aux nouvelles télévisées, aussi ce pénible accent— d’un déchu. Cet « indic », cette « balance », le sieur Gagné, ex-tueur, utile délateur de ses ex-compagnons d’enfer. « Hell the hell », grommelait le regretté Robert Rivard dans « Race de monde ».
Moi le croyant agnostique, j’affirme que, morts, tous ces vilains apôtres lucifériens seront précipités dans « la Ténèbre ». Pour l’éternité. Esprits privés de « la Lumière », celle promise par les grands prophètes du Livre.