MA DOUCE VALLÉE
1 septembre 2008 | 1-Tout, LES BELLES HISTOIRES LAURENTIENNES
Septembre, les écoles ré-ouvertes, je revois, au coin de la rue voisine, ce petit garçon encore endormi, lourd sac au dos, qui part pour son école d’en bas de la côte. Il ne vieillit donc pas ? Je revois aussi, pas loin de chez moi, cette adolescente aux yeux brillants, qui attend son bus jaune, faut continuer « son » secondaire.
Oh les beaux jours de septembre, m’sieur le dramaturge Samuel Beckett ! Ce matin, voir cet homme en salopette, plié, penché, qui peint très soigneusement en rouge vif, l’une après l’autre, les « bornes-fontaines » du village. La journée d’un lundi qui débute. Pendant que se fait le café, je descend aux « mauvaises nouvelles » des petits matins et c’est la guerre au ciel : circulent à toute vitesse quelques nuages d’un blanc éclatant.
La vie continue.
Le chien caramel, en laisse chez Jodoin, regarde courir, jaloux, ce mince et tout vieux marathonien. Il observe ensuite cette p’tite vieille « en forme », joueuse de tennis, en blanche jupette. À son âge ! Du souffle ! Bonne santé très visible elle arbore son beau visage tout craquelé, une brillance sous le firmament de lumière qui joue à cache-cache entre les moutons qui filent.
La vie continue.
Mon Maurice-voisin, attache des bretelles pour y fixer ses vélos au coffre de sa voiture. Sa joyeuse et alerte Raymonde apparaît, sourire perpétuel et pas mal de souffle ! Ô matin des voitures qui filent trop rapidement sur cet ex-Route Rurale numéro un, ma chère vieille rue Morin. Vite, vite, au boulot ! Descendre à la cité moderne de la vie marchande. À Montréal-en-ville. D’abord devoir patienter car, dans trente minutes, au sud de Mirabel, le maudit pare-choc à pare-choc. Cortège de nos tortues métalliques. De Blainville au Carrefour Laval, et, pire, jusqu’aux entrechats bétonnés passé le Marché Central, aïe !
La vie continue.
Pour moi et tant d’autres, bien terminé l’enfer dantesque des salariés ! Vivre en douce vallée, entourés de ces abris chéris, forteresses naturalistes, belles collines ! Adieu autoroute obligée, long serpent goudronné où accélérer par devoir de gagner sa vie. Faites vos jeux !
La vie continue.
Accroupi, monsieur Taillon coupe les ficelles de ses frais paquets d’imprimés. Jean-Claude Gauthier ne viendra plus à son éventaire de fruits et légumes. L’automne s’approche, on le sait bien. J’observe ce jeune homme grimpeur au camion marqué Cogeco, si alerte à son échelle. Coup de klaxon, salut d’un camarade au camion, lui, marqué Bell. Partout, le trafic quotidien habituel s’organise.
La vie continue.
De la cave chez Spago, un marmiton, poubelles aux mains, se sort la fraise au soleil septembrien. Un type grimaçant, venu de la plomberie, ramasse des papiers sales. Un vieux hippy, cinéma Pine, ajuste le dérailleur d’une bicyclette déglinguée. Comique panique d’un goéland, au Chat Noir, la tête prise dans un sac de plastique. Tiens, si tôt, un libre citoyen entre gaspiller son fric, bar-café de L’Auberge. Machines sourdes à tout espoir de gagner, destin d’illusionnés. Je rentre et sur une galerie bancale, j’aperçois une femme forte, juchées très haut, qui nettoie sa gouttière.
Oui, c’est la vie qui continue…
Que vous décrivez bien la vie du retraité qui observe ses semblables. Retraité moi-même, je ne peux qu’applaudir en lisant votre billet; Plus jeune, j’appréhendais la retraite ! maintenant, je ne comprends pas pourquoi j’ai tant travaillé !
On est si bien quand on peut écouter en riant les commentaires de Yves Desautels sur la circulation, les sombres pronostics de Miss Météo, les sempiternelles mauvaises nouvelles de Bernard Derome.
La paix ! enfin la paix !
Bonne journée Claude et à bientôt !