« Élyse, la fille de sa mère »
LA PETITE HISTOIRE DERRIÈRE CE LIVRE
Élyse, la fille de sa mère
ISBN : 978-2-89261-870-9 | Nombre de pages : 160
ISBN numérique : PDF: 978-2-89261-871-6 / ePub: 978-2-89261-872-3
Éditeur : Les Éditions XYZ inc.
Présentation : Comme j’étais jeune ! Comme j’étais en amour ! Par-dessus la tête ! Elle aussi, ma belle Élyse ! Pourtant, elle va me jeter cruellement, un jour. Parce que je n’étais pas digne d’elle, de ses ancêtres. Pauvre innocent, je ne savais donc rien des classes sociales ? Candide, je me croyais digne de n’importe qui ? L’amour, le grand amour des jeunes gens, devait triompher toujours ? Pauvre naïf, j’allais découvrir que chez ces gens-là, on ne mélange pas les torchons et les serviettes, les futures héritières et les fils du peuple.
Après Anita, une fille numérotée, Claude Jasmin continue de se pencher sur ses amours de jeunesse. Après les difficultés pour un catholique de fréquenter une jeune fille juive, c’est la différence de classe sociale qui, cette fois, compliquera la vie des amoureux. Élyse vit chez sa mère, une veuve fauchée mais snob qui se vante d’avoir des ancêtres dans la noblesse. Armande rêve d’un bon parti – c’est-à-dire fortuné – pour sa fille unique, et voit donc d’un très mauvais oeil le béguin d’Élyse pour le jeune Claude, bohème et rêveur, qui vient d’un milieu populaire.
Ce nouveau roman de Claude Jasmin nous transporte dans le Montréal de 1948 ; les amoureux ont alors dix-sept ans. Et un chagrin d’amour, à dix-sept ans, fait terriblement mal. Le jeune Claude songera même au suicide… Heureusement que sa mère n’avait pas sa pareille pour cuisiner la choucroute !
« Élyse la fille de sa mère »
Louis Cornelier dans Twitter: « Dans Élyse, la fille de sa mère (XYZ), un magnifique roman-vérité publié ces jours-ci, Claude Jasmin se fait à la fois enflammé et délicat. »
Les yeux pétillants, la voix trépidante, Claude Jasmin se souvient de ses 17 ans comme si les quelque 60 années qui l’en séparent ne s’étaient jamais écoulées. Le tramway Saint-Denis, Édith Piaf, le restaurant de son père, le 551-A de la rue Cherrier où il retrouvait son Élyse, les soirées passées à danser le boogie-woogie ou le jitterbug, le carré Saint-Louis où il croisait Gaston Miron…
À l’aube de ses 84 ans, « l’enfant de Villeray » ne se lasse toujours pas de raconter ses histoires de jeunesse. Dans
, second volet d’une trilogie sur ses amours d’adolescent, le romancier relate avec affection les efforts infatigables de la vieille Armande Des Aulniers, déterminée à le séparer de sa fille. Il faut dire que la descendante du seigneur de Yamachiche n’a jamais supporté de le voir fréquenter la douce et timide Élyse, dont il était éperdument amoureux. « Ah, la mère… quand j’écrivais le livre, je l’haïssais encore ! », admet-il avec fougue.Il a fini par pardonner à la « mother », cette « méchante femme » qui l’avait fait éclater en sanglots et qu’il décrit dans son roman comme une « prison-mère », un « cerbère vêtu de robes antiques ». Aujourd’hui, Claude Jasmin se dit même que la vieille Armande avait raison. « Elle était veuve, pas riche, elle voulait que sa fille épouse un bon parti. Je l’ai comprise, et je l’ai même excusée. Après avoir terminé le livre, j’ai fait la paix avec elle », confie-t-il.
Grâce à son formidable talent de conteur, Claude Jasmin nous replonge, avec ses deux plus récents livres, dans le Montréal d’il y a 60 ans. Et sa nostalgie est contagieuse. Il était fou de sa ville, se rappelle-t-il, même s’il n’a commencé à sortir du quartier Villeray qu’à l’âge de 15 ans, et qu’il se plaît à vivre dans la tranquillité de Sainte-Adèle depuis 35 ans.
« C’était une belle époque. J’ai eu une belle enfance, une jeunesse heureuse, et j’aime y repenser… Mais il n’y avait pas beaucoup de liberté dans ces années-là, ajoute-t-il après réflexion. Les gens étaient très puritains. Si on embrassait une fille dans la rue, les voisins et les passants n’aimaient pas ça. Il fallait toujours se cacher. » Dans les parcs avec Élyse, écrit-il, les restaurants quand il commençait à faire trop froid ou les bibliothèques, vu qu’il était souvent « cassé comme un clou ».
La rencontre avec la vieille Armande, en 1948, a été son premier contact avec la « haute société ». « Je n’avais jamais connu de bourgeois avant, s’exclame-t-il. Ma mère venait de Pointe-Saint-Charles, mon père a été élevé sur une ferme. Ce n’était pas des gens prétentieux. Et voilà que pour la première fois de ma vie, on me disait que j’étais un roturier, un individu “de basse extraction”. »
« C’était un choc ! C’était la première fois que j’avais quelqu’un devant moi qui avait de la classe et qui me faisait sentir que moi, je venais d’un milieu qui n’en avait pas assez. »
Pour illustrer le fossé entre « les classes », Claude Jasmin jongle avec les niveaux de langue dans son récit, montrant comment sa mère tâchait de bien parler en présence de ces bourgeois, alors qu’eux-mêmes étaient soucieux de prouver qu’ils pouvaient s’exprimer « comme tout le monde ».
Ainsi, pendant que la vieille Armande tente d’expliquer au jeune Claude qu’elle cherche à protéger sa fille des « rastaquouères » qui sillonnent la ville, Élyse, fille unique issue d’un milieu froid et discret, déplore qu’elle ne « “fitte” pas pantoute » avec lui et sa gang. « L’instinct grégaire est puissant », souligne le romancier, qui a d’ailleurs reçu plus d’une gifle de sa mère lorsque, pour ressembler aux autres, il utilisait des mots comme « verrat ».
Écrire sur sa vie, murmure-t-il, c’est comme une purgation. Claude Jasmin est un sentimental. Un grand romantique aussi, qui dit avoir « fait carrière dans la nostalgie », notamment avec
, et qui a ressenti le besoin de faire le bilan de ses amours de jeunesse. « Anita, je l’ai jetée, et [Élyse], elle m’a jeté », ironise-t-il en ressassant l’histoire d’amour qui a inspiré le premier volet paru l’an dernier, . La jolie Polonaise de la rue Clark à qui il a souvent pensé au fil des ans, honteux de l’avoir lâchement abandonnée.Après Anita et Élyse, c’est Angéla qu’il souhaite maintenant faire revivre. À la fin d’
, il évoque d’ailleurs cette « belle Italienne lumineuse de la rue Drolet » qui lui a fait découvrir la Petite Italie des années 50.« Son père, dès qu’il me voyait, il criait : “Angéla, Angéla, alla casa !” », raconte-t-il, inépuisable, l’esprit déjà ailleurs. Il nous faudra pourtant faire preuve de patience, puisque Claude Jasmin n’écrit que l’hiver – un roman par année depuis 1960. Il profite de l’été pour nager dans le lac qui borde sa maison des Laurentides, lire sur la Kindle qu’il se réjouit d’apprivoiser, dessiner et tenir son blogue. D’ici là, il continuera de mûrir ses souvenirs et nous donne rendez-vous l’an prochain, parce qu’il en a encore beaucoup à dire.
Les amours décomposées
Christian Desmeules dans le Devoir:
[…] « Peinture vive du Montréal électrique de l’après-guerre et d’une jeunesse urbaine assoiffée de liberté, à travers la projection de Claude Jasmin, c’est toute une époque qui défile sous nos yeux : Borduas, les tramways, le jeune Gaston Miron (« ce poète bohémien et un peu loufoque »), Édith Piaf et les Compagnons de la chanson au Monument-National.
Mais un obstacle assombrit leur bonheur : les origines prolétaires du jeune homme. La mère d’Élyse, une grande bourgeoise canadienne-française déchue, hautaine et prétentieuse (qui signe plutôt « Des Aulniers »), désespérée de retrouver son « rang » dans la société, s’oppose à leur relation et manoeuvre avec poigne en coulisses pour que sa fille fasse plutôt un habile mariage de raison.
Seul face à ces contraintes, le jeune Jasmin jongle avec sa crainte de devenir fou, celle d’être expulsé du collège, de perdre Élyse, de devenir « un vagabond, un voyou, un raté ».
L’évocation est puissante, la détresse semble réelle, mais tout cela tourne un peu en rond et baigne dans un style télégraphié qui nous donne parfois l’impression qu’Élyse, la fille de sa mère a été écrit à la sauvette. Si l’intérêt littéraire semble secondaire, les oscillations du coeur, la sincérité et l’énergie de la jeunesse, heureusement, demeurent palpables. »