FUS-JE UN BON PÈRE ?

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juin 192012
 


Beau dimanche chez ma fille, Éliane, belle « fête des pères »; ce rituel commercial ? Je dis toujours oui, jour commercialisé, oui, mais sans ce rituel, cette sorte d’obligation sociale, ce serait une « rencontre familiale » de moins. Pas vrai ? Alors « merci m’sieur commerce » !

Vendredi midi, à la radio d’Isabelle Maréchal: « Vous, avez-vous été un bon père ? » J’ai été franc : «  Oh non, trop laxiste. Suis tombé dans le piège commun : être aimé absolument, tout le temps, seulement.

Or, l’enfant a besoin de refus, de barrages, d’interdictions pour se forger le caractère, se préparer aux fréquents « refus » dans une vie normale; il a besoin d’apprendre à négocier, à s’amadouer, à séduire, à composer, à se battre parfois pour obtenir une faveur, un privilège, un cadeau, un « jeu vidéo » . Sinon, sans jamais aucune barrière, ce sera l’Enfant-roi !

Les temps actuels sont aux valeurs de plaisir, de bonheur, de perpétuelle joie imposée. L’enfant doit être « élevé », éduqué, préparé aux difficultés de sa future existence.

J’éprouve une sorte de compassion pour « le nouveau », futur, prochain père, celui d’aujourd’hui. Je n’ai pas eu ce terrible rival. Je veux parler de tous ces machins électroniques. Ils ont une influence certaine dans l’éducation actuelle. Ni ma mère, ni mon père, aucun des deux ne fut obligé de composer avec l’attrait terrifiant de ces machines diverses dont les fameux « jeux ». Désormais il n’y a plus, comme à mon époque, les parents et les amis. Il y a cette masse séduisante de ces mondes à écrans, à manettes.

Dans ce monde actuel surgit, survient sans cesse des aspects de société troublants. Ainsi, de jeunes élèves du secondaire qui veulent voir un assassinat et le dépeçage de cadavre et qui demande au prof de « prendre le vote ». Tout se sait désormais. Le jeune prof est au chômage et il aura un « dossier » lourd. À Francs-Tireurs, Lucien Francoeur, prof à Rosemont : «  Mes jeunes sont d’une intelligence brillante mais ils sont indifférents. Un voisin de pupitre s’écroulerait, toute de suite ils enverraient un message sur leur réseau social dans la Toile, ils prendraient une photo avec cellulaire pour faire voir le compagnon écrasé au sol. »

On frissonne.

J’entends souvent des témoignages de cette sorte. Francœur a dit qu’au secondaire, c’est « les adolescents en pleine crise », qu’il faudrait mieux payer ses profs et, surtout, couper en deux les classes de 28 ou 30 élèves, former des classes de 18 élèves maximum. Il ajoutera : «  Sans ces longues vacances d’été, je me suiciderais de stress! » Je découvre donc chaque fois que mon propre fils avait eu raison quand, après deux ans, il quitta l’enseignement dans une polyvalente de l’Est. « Papa, j’ai étudié à l’Uqam pas pour devenir police mais pour transmettre du savoir. J’abandonne ! »

Interviewé avec moi chez Maréchal, le même Francoeur, revenu de loin, vétéran d’une bamboche grave, de dérives suicidaires, dira : «  Au fond de tout, dans la vie, il n’y a qu’à aimer, oui, Il faut aimer avant tout. C’est la seule vraie affaire ».

Alors là, j’étais content. C’est si vrai et disons-le aux papas qui sortent de la « fête des pères » assez anxieux, parfois même angoissés, qui se questionnent « Comment devenir un jour un bon père ? » Il s’agit avant tout d’aimer. Avec l’amour bien des erreurs vont s’effacer d’elles-mêmes. Se relativiser. Augustin, oui le saint, a dit : « AIME ET FAIS CE QUE TU VEUX » » Je voudrais que cela soit mon unique slogan, mon seul moto.

 

 

 

jan 232012
 

VOTRE CHRONIQUEUR EN LARMES !

Dans sa petite chambre d’hôpital, ce dimanche, l’ami Paul Buissonneau me raconte d’où il sort. D’abord, à son loft du  Canal Lachine, ce coma subit. « Claude, quand  je finis par me réveiller à l’hôtel-dieu,—où suis-je ?— se faufilait  dans des rideaux bleus, une étrange silhouette, cheveux longs et barbe blanche ! Effaré, j’ai peur, suis-je mort, est-ce le bon Dieu en personne, ou un elfe magique ? Eh bien, j’apprendrai que,  chaque année, un itinérant vient jouer le Père Noël pour les patients. »
Anciens-jeunes si vous aviez vu, en jaquette, dimanche, à l’Institut gériatrique  —de biais avec l’Oratoire—, le célèbre « Picolo » de la télé. Paul fut mon « premier » patron —pour La Roulotte des parcs. Mon webmestre, Marc Barrière —allez voir à   à claudejasmin.com— a mis « en ouverture du site »  votre chroniqueur sur La Roulotte en collant noir, carabine de carton en mains, qui  joue en dansant, sur du Prokofiev, « Pierre et le loup ».
D’abord Paul nous raconte son effrayant calvaire et soudain, comme lui, avec lui, j’éclate en sanglots ! Raymonde toute bouleversée devant deux vieux compagnons en « bout de piste » de la vie. Mouchoirs de papier. Merci. Calmés tous les deux, Paul ouvre un cahier et lit un de ses contes. Folle passacaille sur l’amour ! Un texte émaillé de titres de toutes les chansons d’amour connues. Un bijou ! Ah oui, mon cher Paul va mieux. Ce devenu fervent « montréaliste » fit le tour du monde, alla au « Ed Sullivan’s show » à New York, accompagna l’inoubliable Édith Piaf avec des « Compagnon de la chanson ». Paul deviendra le fondateur du « Quat’ Sous ». Son étonnant don —vrai génie visuel— pour la mise en scène fit de lui un incontournable initiateur, annonçant ces Robert Lepage. Né plus tard, c’est certain, Paul aurait été « le cœur » du triomphant et planétaire «  Cirque du Soleil » Ce bûcheur, novateur, ce rigoureux gueuleur s’est épuisé. Sachez qu’un Jean-Louis Millette ou feu Claude Léveillée, et tant d’autres, répétaient : « Paul a été mon maître ».
À 86 ans, le voilà remis sur le piton et ce dimanche après-midi, « le vieux maître » a eu des éclat de rire tonitruants. « sois attentif, mon vieux, la vie c’est précieux, formidable » ! Yeux séchés, ce sera l’album imaginaire : par exemple, sa rue Mouffetard, lui en gamin de 13 ans, ouvrier. Et Paris sous les bombes ! Guerre finie, l’adolescent est apprenti acteur-chanteur. Surdoué, ce jeune « misérable » hugolien vaincra le mauvais sort, Cinq ans de gloire. 1950, amoureux d’une Québécoise, il s’expatrie et le voilà vendeur « à 15 piastres par semaine chez Archambault » quand le directeur des Parcs, Robillard, lui confie (!)  un camion municipal, qu’il  devra métamorphoser en théâtre ambulant pour enfants des étés-en-ville. Dès 1953, « Variety »,  un magazine super-prestigieux, lui tresse une couronne de fleurs !
Dans un modeste pavillon de briques (là où se dresse le Stade Olympique) Buissonneau nous faisait répéter ses premiers spectacles, de Orion le tueur —j’y jouais quatre rôles— aux  « Oiseaux de lune ». Aussi son inoubliable « Tour Eiffel qui tue ». Paul renouvelait un art du théâtre inédit et, un  jour, il achète une synagogue (Avenue des Pins). À payer avec ses cachets du « Picolo » de la télé-jeunesse.
Viendra donc ce terrible coma puis une sale bactérie « mangeuse »… la vision du ce lutin noélesque ! Mais la joie dimanche de lq revoir blagueur, par exemple évoquant ce gourou hindouiste, Rampa, auteur  du « Troisième oeil », Un voisin malcommode à Habitat’67 et qui l’engueule ! Excédé mon Paul lui gueulera : « Lobsang, je vais t’le péter, moi, ton troisième œil ! » On rit. Fous souvenirs. Que Dieu te prête longue vie,  je veux lire tes contes d’un ordre spécial. Vous ?

déc 282011
 

Veille de Noël et, si tard, plus un seul sapin à vendre. Nulle part. Dépit. Aller m’en scier un petit en terre-de-la-couronne. Couronne chérie du militariste-royaliste ce con de Harper. Moi en hors-la-loi avec ma sciotte ! Au journal du surlendemain de Noël, journaux, les bilans fastidieux. Les gros événements, en un ordre capricieux. Pour certains, le numéro « un » c’est le  chirurgien fou de jalousie, vaniteux déboussolé de St Jérôme, sa sauvage tuerie d’imbécile d’orgueilleux démentiel. Un  docteur en médecine qui assassine,  sauvage, un papa dénaturé, un boucher (ô chirurgie !) poignardant ses petits enfants (qu’il gardait) ! Dans un certain ordre s’alignent : deux, des Hells, bandits libérés pour cause de trop longue attente de procès, trois, le Rapport-Duchesneau, quatre, le sexooliste parisien Strauss-Khan et sa Noire qu’il assaille dans un Sofitel de Manhattan.
Silence mondial sur ma coupe illégale d’un petit sapin en forêt ! Ouf ! Attendons ce « Bye-Bye 2011», revue annuelle à la télé publique. Autre bilan. Très québécois ? Prévoir qu’il n’y aura rien sur ces étonnantes, surprenantes, révoltes en Afrique du nord. Rien sur les la mort de mon ami mort Gaston L’Heureux ou sur notre brillant cinéaste Villeneuve au bord de gager un Oscar à Hollywood bientôt. Rien sur le tueur fou de Tucson en Arizona ? Rien sur « le skieur Guay » un québécois champion du monde en ski en Allemagne. Et rien sur ce bourgeois millionnaire, François  Legault, son parti politique incolore, prudent ? Rien sur les premiers coups de « Marteau » avec l’arrestation de six fraudeurs dont cette mairesse de Boisbriand, Sylvie St-Jean ? Il faut faire rire d’abord et avant tout. Le Bye-bye une fois de plus ne sera pas une vraie « revue » de l’année 2011 ». Et pas un mot sur ce grand-père « pompette » qui renverse un vaisselier à Duvernay ? Moi. Ma honte. Je ne touchais plus au divin pastis, ma chère liqueur du temps jadis. Chez Pierre Boucher (ex-directeur du Cégep St-Laurent) mon beauf’ qui débouche une neuve fiole de son pastis. Abus. Deux grands verres ! Mon dérapage éthylique au moment de savourer la jolie bûche venue de l’École hôtelière de Ste Adèle, toute inquiète, ma tendre Raymonde qui me jettera sur les épaules « le manteau de Noé ». Devoir quitter Laval (« belle nuit,  sainte nuit…) et abandonner, hélas, les joyeuses  frimousses de quatre petits enfants gigotant au salon, à quatre pattes dans une mer de cadeaux. Le plus beau jouet-cadeau ? Tout simple : des lampes de mineurs fixés au front achetées pas cher à La Cordée. Les voilà, fous comme des balais sillonnant en riant la caverne des noirceurs, c’est à dire tout le logis dans la noirceur vaincue. Ils sont des découvreurs guidés par leurs lueurs miraculeuses. Les rires fusent.
Il est midi, lundi, au café du matin (on se leva tard), notre joie d’apercevoir par les portes-patio les premiers promeneurs de l’hiver. Ils font le tour du lac au soleil luisant ! C’est parti le vrai hiver ! Le voisin Ouellet a fait une mini-patinoire sur son rivage et un mini-feu d’artifices ce soir-là. Il y a l’anniversaire de naissance du premier et plus grand « prophète de l’amour », ce Jésus de Nazareth que les querelleurs de ce temps barbare vont crucifier à mort. Il y a aussi qu’on doit fêter le nouveau solstice, le début des jours qui vont s’allonger. Bonne nouvelle année à mes fidèles lecteurs. Que 2012 soit de paix partout. En Israël comme en Palestine, nouveau pays. Comme partout où l’on fusille dans les rues ces citoyens musulmans, nos frères humains. Qui aspirent à la démocratie.

BONNE ANNÉE GRAND NEZ !

Veille de Noël et, si tard, plus un seul sapin à vendre. Nulle part. Dépit. Aller m’en scier un petit en terre-de-la-couronne. Couronne chérie du militariste-royaliste ce con de Harper. Moi en hors-la-loi avec ma sciotte ! Au journal du surlendemain de Noël, journaux, les bilans fastidieux. Les gros événements, en un ordre capricieux. Pour certains, le numéro « un » c’est le  chirurgien fou de jalousie, vaniteux déboussolé de St Jérôme, sa sauvage tuerie d’imbécile d’orgueilleux démentiel. Un  docteur en médecine qui assassine,  sauvage, un papa dénaturé, un boucher (ô chirurgie !) poignardant ses petits enfants (qu’il gardait) ! Dans un certain ordre s’alignent : deux, des Hells, bandits libérés pour cause de trop longue attente de procès, trois, le Rapport-Duchesneau, quatre, le sexooliste parisien Strauss-Khan et sa Noire qu’il assaille dans un Sofitel de Manhattan.
Silence mondial sur ma coupe illégale d’un petit sapin en forêt ! Ouf ! Attendons ce « Bye-Bye 2011», revue annuelle à la télé publique. Autre bilan. Très québécois ? Prévoir qu’il n’y aura rien sur ces étonnantes, surprenantes, révoltes en Afrique du nord. Rien sur les la mort de mon ami mort Gaston L’Heureux ou sur notre brillant cinéaste Villeneuve au bord de gager un Oscar à Hollywood bientôt. Rien sur le tueur fou de Tucson en Arizona ? Rien sur « le skieur Guay » un québécois champion du monde en ski en Allemagne. Et rien sur ce bourgeois millionnaire, François  Legault, son parti politique incolore, prudent ? Rien sur les premiers coups de « Marteau » avec l’arrestation de six fraudeurs dont cette mairesse de Boisbriand, Sylvie St-Jean ? Il faut faire rire d’abord et avant tout. Le Bye-bye une fois de plus ne sera pas une vraie « revue » de l’année 2011 ». Et pas un mot sur ce grand-père « pompette » qui renverse un vaisselier à Duvernay ? Moi. Ma honte. Je ne touchais plus au divin pastis, ma chère liqueur du temps jadis. Chez Pierre Boucher (ex-directeur du Cégep St-Laurent) mon beauf’ qui débouche une neuve fiole de son pastis. Abus. Deux grands verres ! Mon dérapage éthylique au moment de savourer la jolie bûche venue de l’École hôtelière de Ste Adèle, toute inquiète, ma tendre Raymonde qui me jettera sur les épaules « le manteau de Noé ». Devoir quitter Laval (« belle nuit,  sainte nuit…) et abandonner, hélas, les joyeuses  frimousses de quatre petits enfants gigotant au salon, à quatre pattes dans une mer de cadeaux. Le plus beau jouet-cadeau ? Tout simple : des lampes de mineurs fixés au front achetées pas cher à La Cordée. Les voilà, fous comme des balais sillonnant en riant la caverne des noirceurs, c’est à dire tout le logis dans la noirceur vaincue. Ils sont des découvreurs guidés par leurs lueurs miraculeuses. Les rires fusent.
Il est midi, lundi, au café du matin (on se leva tard), notre joie d’apercevoir par les portes-patio les premiers promeneurs de l’hiver. Ils font le tour du lac au soleil luisant ! C’est parti le vrai hiver ! Le voisin Ouellet a fait une mini-patinoire sur son rivage et un mini-feu d’artifices ce soir-là. Il y a l’anniversaire de naissance du premier et plus grand « prophète de l’amour », ce Jésus de Nazareth que les querelleurs de ce temps barbare vont crucifier à mort. Il y a aussi qu’on doit fêter le nouveau solstice, le début des jours qui vont s’allonger. Bonne nouvelle année à mes fidèles lecteurs. Que 2012 soit de paix partout. En Israël comme en Palestine, nouveau pays. Comme partout où l’on fusille dans les rues ces citoyens musulmans, nos frères humains. Qui aspirent à la démocratie.

 

Errata: c’est pas Villeneuve (« Incendies »)  mais Falardeau (« M.Lazhar ») qui ira aux Oscars.

déc 062011
 

Rouler vers Saint Jérôme, voir cette timide première neige dans l’éclairage d’un réverbère, aussitôt repenser au terrible film, LE VENDEUR. Ne ratez pas ce film effrayant de sombre quand l’excellent Gilbert Sicotte, en veuf triste, joue à la perfection le populaire dealer de chars à Dolbeau-fin-du-monde. Impeccable incarnation d’un homme perdu sur qui va s’abattre un fatum pire encore.

Rouler vendredi matin vers le Marché Jean-Talon et voir, dans la fine neige, cette énorme tache de sang.  Agonique raton frappé ? Repenser à tous ces sangs répandus dans LA PEAU QUE J’HABITE. Un furieux film d’Almodovar relié à Bunuel, à Salvator Dali, à Gaudi-le-fou quand un chirurgien plasticien (excellent Banderas) est un furieux Docteur Frankenstein. Merci cher Tom pour les bons films ! Vendredi matin, me voilà bien ému, entouré de caméras-télé, assis exactement là où je venais patiner le soir pour enjôler des patineuses de quinze ans comme moi. Alors je raconte à Reddy et Bokar Diouf  —« Des Kiwis et des hommes »— la patinoire–des-amours juvéniles et puis les quatre (4 !) églises de mon enfance. Santa Madona della difezia, à deux rues. Holly Family coin Faillon. Saint Cécile, rue de Castelnau, où le génial Claude Léveillée priait, pieux. Enfin celle —orthodoxe copte ?— du jeune René Angélil, Syrien, Libanais ?,  juste à côté de la Casa Italia.

Entrez-y à la Casa : voyez une émouvante expo-photos des « Fils d’Italie », nos voisins ritals, en innocents admirateurs du dictateur El DUCE, Benito Mussolini (qu’on peut voir monté à cheval devant son pape à Madona della difesia. À dix ans, j’étais plongé, rue Jean-Talon,  en pleine guerre mondiale (durée : 20 minutes !). Juché sur le balcon chez Deveau, on observait terrorisés l’attaque armée de la Casa par soldats et polices avec brefs tirs de mitrailleuse ! Eh oui, en 1941. Rouler enfin vers ma nouvelle petite patrie, ici, stopper à Saint Jérôme juste en face de ce si bel ancien Palais de Justice devenu un musée d’art moderne. Allez voir les images inouïes du moderne et surdoué peintre Marc Séguin. Une terrible galerie de fantômes mystérieux avec faisan mort, loup cervier pendu. Ô l’étonnante salle de spectres envoûtants ! L’art en Laurentides se montre enfin ? Certes, allez visiter cette vivante « Maison des arts » à Val David. Et il y a galerie d’art à Saint Sauveur-la-pétillante. À Sainte Adèle ? Trois galeries dans la célèbre Côte Morin : La Galerie 85 —aussi mon encadreur préféré. Il y a la galerie de (ex-sript de Radio-Canada) Nicole Brown et de Vevey, son homme. Toute neuve, voici la jolie galerie Anthracite, tenue par deux rieuses belles filles bien accortes. Mort, Jean-Paul Riopelle au ciel de Sainte Marguerite, sourit aux anges, ses alentours s’ouvrent à l’art actuel !

Toi, fout le camp, sombre novembre. Installe-toi décembre et, avec la neige à venir, quand le soleil reviendra, n’oubliez pas : nous avons ici la plus belle lumière du monde ( disent les experts). Vite, la grande patinoire sur le Rond ! J’ai dit à ma fille qui s’en va à West Palm Beach avec Marco, mon webmestre : « Chaleur oui mais piètre lumière, ma pauvre Éliane ! ». Elle rit, me dit, jouant sa Corneau : « Père jaloux, fille épanouie ! »

Non mais…

 

oct 292011
 

L’autre soir j’ai pris un siège pour regarder le très tragique défilé du manque d’amour. Rue Sainte-Catherine, j’ai passé ma soirée au bord de la mer, à Cuba. Ö les magnifiques décors de Richard Lacroix ! Allez vite assister à une atroce corrida humaine. J’ai vu vivre sous mes yeux un homme sorti cul par dessus tête de sa jeunesse. En quinquagénaire ravagé d’angoisse, désemparé devant la jeunesse  —Michel Dumont y est fantastique. Voyez son épouse farouche, cynique batailleuse qui est incarnée « à la perfection » par Marie Michaud.

Sur cette terrasse fragile vous observerez la séduction d’une jeune visiteuse, jolie comme un cœur, partant vous verrez la performance impeccable de Bénédicte Décary. Qui veut séduire cet « homme-à-cheveux-blancs » qui est aussi un créateur égocentrique. En panne d’inspiration.

Allez vite chez Duceppe assister à ce combat effroyable, à cette effrayante empoignade d’un couple chancelant. La compagne-de-vie, Mary Hemingway, ricane et puis tremble, son écrivain, « à pilules et alcools », va-t-il succomber ? Vraiment cette actrice, Décary, joue cette Adriana, « groupie » romantique, de façon éblouissante. Un spectacle captivant, son auteur, Stéphane Brulotte, a assemblé ses tableaux avec une justesse totale et son texte est d’une vraisemblance redoutable, avec des répliques assassines d’une cruauté insupportable. Brulotte utilise les mots qui tuent, choisit des poignards acérés.

Michel Dumont y déploie l’éventail de ses dons en jouant ce déboussolé qui espère un dernier sursaut, une dernière chance, un salut. Il est un pathétique désespéré, la vie en lambeaux. Ah oui, au Théâtre Jean-Duceppe, c’est l’arène, c’est un match d’une fatale boxe. Arbitre involontaire, Marc Legault incarne un pilote, témoin impuissant du massacre. Enfin, Linda Sorgini, réussit à souhait cette mamma dont l’enjeu est son  Adriana. Mère jouant l’entremetteuse non sans réticence. Allez voir ce « Dans l’ombre d’Hemingway », … » fait de fameux passages biographie d’Hemingway. Après cette éprouvante rencontre italienne, il écrira « Le vieil homme et la mer ». Ouvrage dernier et symbolique que cette finale excursion en mer. Avec cet espadon péché (marlin) qui, arrivé à quai, n’est plus qu’épave, squelette dévoré par les requins. Chez Duceppe, ce quintette offre une pavane, danse macabre. Un homme assommé d’impuissance et c’est nous, jeunes ou âgés qui devons marcher à la mort. Dès le lever de chaque jour, nous nous débattons : botox, chirurgie des plasticiens, nos soins, coiffures et maquillages, au fond prouvent notre amour tenace pour la vie. Même plus ou moins bonne. Cela m’émeut comme vous serez très émus par cette capitale démonstration de Brulotte.

sept 182011
 

C’est l’aube, pas « l’aurore aux doigts de rose » du poète, non, verte ce matin-là. Cinq heure du matin, le store levé, je vois un ciel chartreuse ! Dôme, coupole, bocal, aquarium géant. Puis ce ciel devient de la grenadine et, enfin, de citronnade. Je turlutte : « here comme the sun ».

Voici l’automne. Je vois souvent —au milieu de ma rue— un écureuil d’un blond rare ! Qui se sauve, de qui, de quoi ? Jamais vu dans mes parages tant de blondeur. La veille, étonné devant le téléviseur : voir surgir dans une savane africaine un lion à chevelure… noire ! Lui donnant une allure effrayante. Coq à l’âne : mon sorbier porte tant de fruits qu’il en penche, aller lui poser un tuteur, il va choir ma foi ! Au pied de l’escalier, le mahonia, plus un seul bleuet sauvage, déjà. La voracité des mésanges, des pics. C’est l’automne. Voilà que repasse ce blondinet étonnant. Coursant toujours.

J’ai pu mettre de l’ordre dans ma hiérarchie des poètes de France grâce à « La poésie pour les nuls », un 500 pages signé   (par J.-J Julaud, First, éditeur). Bonheur de relire les premiers venus : Rutebeuf, Villon et Ronsard. Défilent. Rimbaud et Verlaine et Paul Éluard, Robert Desnos, idoles de mon adolescence. J’ai vu aussi mourir le chanteur Jean Ferrat, l’an dernier (par Robert Bolleret, L’Archipel, éditeur) * Cet enfant de Versailles s’exilera en Ardèche, il y sera maire-adjoint, il adorait sa petite patrie adoptive, son village, ses parties de pétanque (et de poker), ses indispensables muses, Christine et puis Colette. Mort des suites d’une profonde dépression à 72  ans. Une biographie qui m’a raconté un orphelin, en 1942, son papa est déporté —juif— en Allemagne. Ferrat débutera en modeste ménestrel à Paris au temps des Félix Leclerc, Brel, Ferré, Brassens. Jean Ferrat mit ses musiques sur les mots du « plus grand poète français du vingtième siècle », Louis Aragon. Celui de « La femme est l’avenir du monde ». Aragon avait tant raison. Ferrat « au bout de son âge », resté un révolté déclare : « En fin de compte, il n’y a d’essentiel, dans cette vie, que l’amour ». Si vrai; j’ai cette chance d’aimer toujours et je la souhaite à tous. Mais ne vous plaignez pas les « sans amour profond »  si vous avez mis le cap, jeune, sur autre chose. L’argent, le succès à tout prix, la gloriole. Ou quoi encore de trivial.

Je suis plongé dans « le récit de vie » de la petite sœur de Fidel Castro ! Juanita Castro rédigea à Miami : « Fidel et Raül, mes frères » (Plon, éditeur), une charge féroce contre son grand frère, vaillant libérateur du dictateur Batista à Cuba puis  métamorphosé en despote tyrannique. Qui fera jeter en prison les esprits libres.

Lire, ma passion et voir courir cet écureuil à poils blonds. Depuis trop de jours un froid novembrien; va-t-en pas cher bel été. C’est l’automne, déjà deux de mes érables se sont maquillés, beaux fards de jaune et de rouge. Ma Donalda marmotte trottine ramassant des je-ne-sais-quoi, En vue des neiges à venir ? Mes gentils canards restent cachés, plus aucun rat musqué sous mon quai, plus de mouffette sous mon perron. Sur mon radeau, un goéland dépose un crapet-soleil. Mort. Tout sec, pour attirer une « goélande » ?

« Que la montagne est belle » chantait Ferrat pêcheur de truites et d’écrevisses, toute la montagne va se travestir. Beau carnaval. Fuit encore ce blond marathonien, de quel croisement génétique peut bien venir son pelage caramel ? Tiens, Lise Payette se lamente —Denise Bombardier, virée de TVA et de la radio-Arcand, le fera-t-elle ?— « on n’engage plus les vieux », dit Lise.  C’est mon cas en radio télé et je sais pourquoi, mes oreilles malentendantes. Rivard chantait : « Ne riez pas de l’homme qui a peur »; jeunes gens ne riez pas des demi-sourds et ne riez pas des vieux qu’on jette,  ça vous arrivera. Je ne courre plus le cachet, je chronique en joie aux Pays d’en Haut et je lis; ce bel « Album Miron », illustre  poète de Sainte Agathe, une centaine de photos dont lui en frère religieux enseignant !

Je guette ce vif blondinet; où courre-t-il, après quoi, après qui ? Son ombre. Les actualités ? Rapport de l’ex-policier, Duchesneau et voici un deuxième « Massacre à la Polytechnique ». Des futurs ingénieurs y deviennent parfois d’affreux corrompus-à-collusions, à politiciens à graisser. Est-ce en vain, leurs cours d’éthique ? Ça pue. Plutôt revoir l’aube chartreuse, puis grenadine,… puis citronnade.

 

*ces livres, gratuits, sont à la biblio toute neuve pas loin du Marché Métro.

 

août 302011
 

Voici une lettre ouverte refusée partout (ou presque). Ni Le Devoir ni La Presse n’ont accepté ma mise en garde. J’ai l’habitude comme vous le savez. Claude.

 
Thomas Mulcair, que certains Québécois souhaitent comme nouveau chef du NPD, a-t-il des squelettes dans son placard ? Il a attaqué le Bloc, a dit de Gilles Duceppe qu’il n’était qu’un « revanchard ». «  M. Duceppe est contre la paix linguistique et il attise des attitudes revanchardes (… ) le Bloc est né des querelles du temps de l’échec de Meech,  c’est dépassé. »

Cet ancien ministre de Jean Charrette fit partie de « Alliance Quebec », un mouvement, on le sait,  e consacrant à lutter contre le français prédominant, contre la loi 101.  « Qu’il a voulu démolir » —disait la presse du 12 octobre 2007. Mulcair a voulu abattre une loi qui est notre essentielle sauvegarde; loi installée avec courage malgré les réticences de René Lévesque par feu Camille Laurin. Questionné, il répliqua : » J’y suis pas resté longtemps à « Aliance. » Hum…le politicien a senti une soupe chaude mais quelle est le fond de sa pensée ? Hum…

Ironiquement, paradoxalement, Mulcair, ex-député libéral, acceptait plus tard de siéger au Conseil de la langue française.

Devenu démissionnaire du parti libéral fédéraliste et passant carrément au domaine politique d’Ottawa, via le parti NPD-centralisateur, son élection dans Outremont comme député n’effacera pas ses premières amours, premières convictions.

« Bon Jack » Layton, regretté chef du NPD, charismatique et fort jovialiste, guilleret et sautillant, sympathique, tout le monde en convient, est mort et ce Thomas Mulcair serait favori pour lui succéder. Mais « Je me souviens » n’est pas qu’une vaine devise et les Québécois doivent se souvenir d’un Mulcair francophobe qui a milité un temps pour démolir l’indispensable « Charte » de Camille Laurin.

Passé donc à la politique fédérale, notre Thomas affirme encore n’aimer que « la paix » linguistique…  À quel prix ? Il parle de « ponts » entre anglos et francos… À quelle condition ?

Il faut dire aux innocents aveuglés : méfiance.

 

Claude Jasmin

 

(Sainte Adèle)

août 212011
 

Le brillant journaliste et romancier Gil Courtemanche est parti à jamais. Il était doué, savait nous résumer les actualités d’ici ou d’ailleurs. C’était aussi un homme sombre.

Depuis son décès des mots difficiles pleuvent : arrogance, méfiance, froideur. Des termes durs pour le définir. Pourtant, un après-midi, en Abitibi (à La Sarre) lors d’un Salon du livre, Gil soudain s’ouvrit le cœur devant un petit public et nous fit part d’un tas de confidences avec une bonhomie surprenante, sur un ton d’une grande chaleur. J’en fus fort surpris, c’étaiut es moments exceptionnels.

Courtemanche avait un esprit libre, avait du caractère, un tempérament à part. À l’aéroport de Rouyn ce rare jour d’abandon, je l’avais accosté en lui disant : « Tu as lu le livre de Robin Philpot où lui, il ose partager également les blâmes entre Tutsis et Hutus, au sujet des massacres au Rwanda, qu’en  penses-tu ?» Mon camarade grimaça, me tourna le dos et s’en alla précipitamment, muet. Il y vit une provocation alors que j’aurais voulu avoir vraiment son avis.

Ma mère disait toujours de ces êtres d’un genre misanthropes : «  Un sauvage ! »  Eh bien oui, Gil était « sauvage ». Je ne suis pas du tout certain qu’il aimait son genre; on aurait dit parfois que c’était plus fort que lui. Quand j’avais voulu le remercier pour sa chaude critique de mon roman « Ethel et le terroriste » (dans un revue médicale), il m’avait jeté : « Ca m’arrive parfois d’être par trop généreux ! »

Bon, écrivons : «  mort d’un type revêche ». En belle saison, on pouvait l’apercevoir très souvent à la terrasse de la rue Bernard au Café République. Il y avait son petit coin, sa table de solitaire, dos l’Avenue du Parc, son ballon de vin, ses cigarettes et le regard haut levé vers le mont Royal à l’ouest. Sa solitude. Dans son dernier roman —autofiction) Gil a romancé sa vie, un grand amour perdu, sa solitude, sa crainte de mourir abandonné.

Nous venons de perdre un chroniqueur politique rare.

Claude Jasmin

(Sainte Adèle)

juil 132011
 

 

C’est Médée (tueuse de ses enfants) en pantalon qui a eu lieu par ici. Imaginez tout un peuple, les mains sur les genoux,  attendant la noirceur dans les estrades de pierres de l’amphithéâtre grec. Imaginez un de ces sombres récits où la mort fait des ravages. Les héros sont des dieux ou des importants héros sortis des contes oraux de ce temps. Des longues torches, de courts s flambeaux, jettent des lueurs sinistres sur les glaives, les poignards, les dagues. Le sang ! Des cris ! La foule fige quand l’effroyable Médée éclate en lamentations. Imaginez maintenant, pas loin d’ici, un joli bourg avec des cottages coquets, cuisines branchées, celliers aux vins luxueux, dehors, beaux jardins de pépiniéristes savants, fleuris, chérantes piscines creusées et des grands bourgeois, des docteurs en médecine qui font rentrer au budget annuel un demi million de beaux dollars. En ce bourg coquet, soudain la tragédie…

Deux parents médecins respectés, dix ans de vie commune, deux beaux enfants gâtés… Mais l’amour, en Grèce d’Euripide ou d’Échyle comme partout ailleurs, l’amour c’est comme le vent, ça souffle où ça veut l’amour. La jeune maman, jolie blonde comme encore dans sa graisse de bébé, a un amant. Entendez-vous les affreux cris de deux bambins qu’on poignarde ? Il n’y a personne dans l’estrade théâtrale de Piémont, il n’y a personne dans le voisinage bourgeois, personne pour voir le cardiologue respectable en train de se venger de l’infidèle. Ô la jalousie du triste héros de cette tragédie laurentidiene ! Se venger. Mettre à mort deux jeunes vies que l’infidèle épouse a mis au monde. Se venger de cette compagne qui l’abandonne.

Cris d’enfants terrorisés, ensanglantés, dans la nuit de nos si jolies collines. Ô misère humaine ! Le misérable dieu, Narcisse, guide méchamment le bras de l’assassin dans les chambres du chic logis de Piémont. Orgueil du trompé. Vanité

Atroce qui exige la punition la plis ignominieuse. Deux jeunes innocents entrent vite dans « la lumière » des Croyants, au paradis promis. Rideau !

Imaginez, jadis, le public qui quitte l’agora, les estrades, les oreilles et les yeux accablés…. Médée en pantalon, vengé, se terre sous son lit. Un enfant gâté avoue qu’il est un imbécile aux policiers accourus dans cette rue quiète du joli bourg tranquille. Rideau ! Un jour, un dramaturge fera le récit de l’horreur de cette nuit d’orgueil fou, c’est certain. Télé ou cinéma. Ou bien au théâtre  de plein air, ici, à Sainte Adèle, rue Morin ? Un jury vient de déclarer que le meurtrier, l’infanticide, ce Médée en pantalon, était fou. Ah oui ? Fou d’orgueil, c’est bien ça ? Rentrons chez nos, braves gens, que l’on éteigne les torches.

juin 092011
 

La radio. Jeudi matin. Mort de Claude Léveillée. Oh merde !

Mon petit camarade de la rue Drolet qui s’endort à jamais. Bon voyage cher Claude dans le royaume espéré, éthérisé,  des esprits. Enfant, à l’école, Claude était si poli, si sage, si… sombre. Déjà ! Gamin, au Marché Jean-Talon, aux magasins de la rue St-Hubert, au kiosque à musique de fanfare du Parc Jarry, il montrait le petit bonhomme « qui se salit jamais », presque trop bien élevé qui passait devant chez moi, le dimanche après-midi pour les films du Château ou du Rivoli.  Imprévisible ce trépidant compositeur qui va éclater souvent avec fureur, avec des musiques impétueuses, oh oui !

Deuil donc dans « notre » petite patrie. Triste, je fais jouer «  Mon rideau rouge…la vie, la mort, l’amour… », sa plus belle chanson, à mon avis. Claude souriait rarement, je ne le voyais jamais rire. Je lui en fis la remarque un jour dans les coulisses de Gratien Gélinas, répétant un Achard monté par le fougueux Buissonneau, « Les oiseaux de lune » (Claude était un fort bon comédien aussi), il me dit : « Je ris par en dedans ».  C’était un créateur grave, sérieux, un Guy Latraverse le dit. Claude portait un masque comme de tragédien. Un mystère.

Un bel été, circa 1985, répétant son rôle dans « Les noces de juin » à la Maison Trestler de Dorion, il me suggérait de rédiger un pageant populaire à l’ancienne, « Claude, un grand chiard populaire sur le parvis de notre église Sainte Cécile, une sorte de sons et lumières bien nostalgique »… où il inventerait des musiques inédites sur un tas de tableaux racontant « la vie » dans les années 1930 et 1940. J’avais dit oui. Le temps passe. On vaque à ceci et à cela.

Ö Claude, toi mort, toi, bel arlequin sur ton cheval blanc, cher endormi,  un autre rendez-vous qu’on a pas pris le temps d’attendre…

Claude Jasmin,

écrivain, Ste Adèle.

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