Ne craignez rien, je ne citerai pas tout le poème de Lamartine. Ou de Musset ? Ma mémoire ! Bon, bienvenue ô (au) lac car oui, ça y est, le Rond s’est enfin dégagé de sa glace. Et puis les verts bourgeons bourgeonnent dans nos arbres et, ce midi, filant au nord, une flopée énorme de canards —huards, sarcelles, bernaches— ma méconnaissance naturaliste… ? On revient du sud (Maine) où, le long des plages, un vent froid soufflait sauvagement. Oui Ferland : « on gèle au sud, on sue au nord car, à Ste Ad, samedi, la chaleur torride !
Vendredi matin, à Ogunquit, nous petit-déjeunons au Huckleberry dans Beach Road. Un restaurant vieillot, plafond gaufré, lampes torchères, mobilier ancien à loges cuirettées, plancher de mini carreaux émaillés et plein de photos antiques aux murs époque du Rudolf Valentino, du Picasso, du Matisse, de la Gloria Swanson, tous touristes du Ogunquit d’antan. Quand s‘organisaient de célèbres courses d’autos, des régates partant de l’Anse à Perkin, à coté.
Une jolie dame qui lit Pays d’En Haut m’aborde : « Vous ! Pouvez-vous me dire ce qu’Ogunquit a de spécial pour que j’y revienne depuis 40 ans ! » Ma Raymonde trouve, lui répond : « C’est pareil pour nous, notre quarantième visite à nous aussi, c’est l’attraction des souvenirs. La force des sites familiers. Le pouvoir de la mémoire des lieux aimés. » Vrai. Plaisir curieux de revoir Wells Beach, joli bourg à jolis chalets, ou Portsmouth, ses quais. Portland, ses cafés, son musée. Les Outlets à aubaines de Kittery. Revoir en pensée René Lévesque à son cher motel Dolphin avec Yves Michaud, au poker au dessus des falaises sous les cascades bruissantes du merveilleux sentier Marginal Way. Ou Robert Bourassa et sa famille (et les bouncers !) à son cher motel Aspinquid fait de bardeaux noircis.
Début mai donc et pas de homard, c’est fermé chez Fisherman’s ou chez Lords. Chez Jacquie’s aussi. Nous reste, au dessus des barques du mini port, le classique rustre Barnacle and Billie’s. Reste aussi à admirer le vaste océan. Un jeudi matin, on est ébloui par l’infini des eaux et ses verts tendres au rivage, plus loin, vert dense comme vitre de bouteille ! Oh ! Et puis, la rivière gonflée de marée en bleus graves, si sombres. Marcher, marcher sur le sable tapé revoir ces vives frises qui rampes, moutonneuses, toutes immaculées au soleil. Héroïques surfers au large mais hélas ce vent du nord, brrr !
Un mercredi soir dans le noir du rond-point des tramways, assis à un banc, digérant les fameuses pâtes du Roberto’s, Shore Road, observer un fragile noir horizon, un phare clignotant, un ciel de lune et plein d’étoiles. Un peu plus tard, à l’est, des bleus de velours vus de la longue galerie du Norseman :la beauté ! Le lendemain, mercredi, en plein jour, étonnant ciel de roses et de jaunes, tout ce village 19 ième siècle sous une lumière romantique, faire les boutiques, nos yeux ravis. Retour donc et, samedi, ici, chaleur du nord (!). Rentrés au pays et ce sera donc le lac fluide, débarrassé, les bourgeons, de premiers oiseaux et ce flot de canards qui crient le retour du doux temps ! Vive la mer, vive les Laurentides.
Joli dimanche au soleil tamisé et suis amusé d’observer tous ces enfants au rivage du lac gelé. La beauté et la gaieté dominicale avec ces glissades : tant de traîneaux, de luges. Et de patinage. Bonheur brut de l’enfance. Que de modernes « machins de glisse » divers. De ces objets gonflables colorés des temps nouveaux si inventifs.
Parmi mes chroniqueurs préférés, il y a Stéphane Laporte quand il narre des péripéties de son enfance. Il stimule, fait nous souvenir. Il y a 30 ans ?, allant visiter mes deux « vieux » bien aimés et dont je m’ennuie tant, une envie me prend : sortir pour revoir, 25 ans plus tard, ma ruelle, là où j’ai joué durant tant d’années, hivers comme étés (Bélanger et Jean-Talon). J’y vais. Personne ? Pas un chat et pas un bruit ! On ne tire plus ni ne tue ! Pas même une ombre qui court, qui tombe, qui saigne aux genoux. Ou qui frappe une balle, une rondelle. Qui casse une vitre, qui fuit la police dans l’entretoit des Vincelette !
Étonné, je rentre : « Maman ! Il y a plus d’enfants dans notre ruelle ? » Les temps changeaient ou il y avait tellement moins d’enfants ? Je sais : il y a eu de ces moniteurs salariés dans les parcs, des excursions organisés. Et mes petits fils allèrent à ces « camps d’été ». Totale liberté là ? Comme dans nos libres et sauvages ruelles ? Hum ! Comme Laporte ma stupéfaction quand je lis que des « vieux » plaignants font détruire une patinoire d’enfants dans une ruelle ! Faut publier le nom du fonctionnaire imbécile obéissant aux chialeurs, non ?
Ah ces empêcheurs d’enfance ! Tel notre « M’sieur Turcotte », vêtu de sa noire redingote, qui nous imposait, au milieu de notre ruelle, cent pieds de silence absolu. Les petits cow-boys, durant deux minutes, se changeaient en anges muets le long de ses salons mortuaires. Dès les premiers cris et « tow-tow » d’un funeste combat « western », mamzelle Laramée rentrait son chat de haut pedigree et le populaire gros docteur Mancuso rentrait vite dans sa cour ses débordantes poubelles… d’urine, de sang… et autres fluides. La belle noiraude Sylvana sortait gruger du raisin, toute décolletée, langoureusement pendue à sa barrière de jardin, offre d’une énamourée ! Pur gaspillage ! Un jeune guérillero du far west n’a pas une minute à perdre à contempler une fille !
J’ai été jusqu’ à 12 ans un petit voyou, un fracasseur de carreaux chez Colliza, chez Ambrogi, au hangar de la veuve Décarie. À 13 ans ? Illusion paternelle : je devais faire un prêtre et on a jeté le vivant voyou chez les « Messieurs de Saint Sulpice » (nommés : les supliciens ), au Grasset. Fin des jeux sauvages e t, vu les congés à des jours différents, la lourdeur des devoirs, ce sera la fin de mes amis et de la ruelle. Adieu donc à mes fidèles, Deveau, Moineau, Malbeuf (leurs vrais noms). Ici, dans mes collines, en mon village sans ruelle, où donc crient et jouent les gamins insolents ?
Eh oui, première neige déposée durant la nuit. Au matin une poudre légère partout, maquillage avant-coureur de ce qui s’en vient ? Café à la main, soudain, je me frotte les yeux : qui file sur le lac ? Un jeune homme en kayak. Silhouette sombre et gracieuse : un humain tout encastré dans sa frêle barque pointue, sa rame à deux branches s’agitait en régulières saccades contre un firmament d’un beu marial. Il vente fort sur le lac et cet accoutrement tricoté serré —figure quasi mythique— disparaît vite de notre vue. Ce fut comme une fugitive vision d’un été soudain… attardé, revenu ! Image qui m’a surpris tant notre familier plan est devenu si désert en fin de novembre. Plus un chat, comme on dit, plus le moindre navigateur, le voisin Ouellet a rentré depuis longtemps son étrange voilier, Marie-ma-voisine ne se sauce plus à l’aube, ni elle, ni mon vieux Jean-Paul Jodoin, son paternel. Pas même Pauline-la-beauté pourtant pas frileuse, ni le fils de feu le juge Boissonneau, athlète à fort souffle pour qui le tour complet du lac est une randonnée légère, dirait-on.
Vrai, plus un seul chat sur le lac, et donc, soudain, cette apparition du matin intitulée : avironneur dans kayak. Deux jours plus tard, nouvelle enveloppe blanche tombée des cieux sur nos terres. Songer à —bientôt ?— ces hordes de joyeux promeneurs qui arpenteront les anneaux aménagés sur le Rond (merci m’sieur le maire Charbonneau !). Vive alors les grands bols d’air d’hiver avec ou sans chiens, avec ou sans poupons, avec ou sans vieillards à canne… Avec ou sans bonheur ? Bien…une joie diffuse, modeste, discrète habite ces habitués de plein air les samedis et dimanches sur la glace. Ils figurent évangéliquement —confiants comme ceux de Tibériade— qui, à Sainte Adèle, marchent sur l’eau ! Hum… à la condition de la savoir ben durcie, bien ferme, à l’abri de toute noyade car Jésus n’est plus guère présent en 2012 !
Je l’ai publié : je ne crains plus l’hiver et je ne me réfugierai pas en Florida, USA. Non, affronter stoïquement ces trois mois avec confiance, je le redis, bien savoir que cette saison si durement diffamée chez les frileux médisants de l’existence, va filer aussi vite que l’été. Alors qu’il vienne. Même si, à mon grand âge, j’ai abandonné depuis très longtemps le ski. Bien savoir que, pas loin d’ici, les collines sont vaporisées des nuits entières à grand coups de ces canons-dits-à-neige. Bombardement pacifique. Plein de passionnés de ce sport se risquent déjà à dévaler des côtes abruptes recouvertes d’une croûte de pâte blanche pas trop abondante pourtant ! Me contenter, moi, de rêvasser à nos expéditions de collégiens (d’André Grasset) au Nymark. Le samedi soir, nos flirts avec de belles étudiantes montréalaises, ces danses pas trop catholiques du « slow » —collés à mort— au Red Room du Montclair à Sainte Adèle. Ou encore, soirs de semaine, nous nos contentions —merci tramway— d’aller glisser en skis sur les timides pentes du mont Royal autour du « monument à l’Ange » —sculpture de Laliberté. Ou, grimpeurs vaillants, tout autour du chalet du sommet. Et dans sa « cuvette », soi-disant bouche du volcan ! Ou, à l’ouest, dans l’alentour du Lac des Castors —plus petit encore que le Rond ! À sa cafétéria, attablés avec une nymphe « à jupon de velours et pompons », la tasse de chocolat bien chaud était élixir ! « Tu habites où ? » et notre crainte que la belle aux longs bas jaunes réponde :
« Pointe aux Trembles. Ou Ville La Salle ». Merde, deux, trois tramways pour aller la reconduire !
Ma jeune voisine (au somptueux chat couleur de pourpres) Blondinette, devenue Noirette, m’invite —vite— à admirer un haut sur pattes héron qui batifolait sur son quai ! Ô la beauté de cet oiseau géant !
Puis mon tour du lac quotidien et découvrir ( rivage en terre humide étatisée) une marmotte… morte ! Plus loin, le cadavre d’un petit castor ! Encore ? Oui, proche du (bon) resto So Thaï, un joli chat noir tacheté de blanc, mort lui aussi ! Bigre, sombres présages ? Oh oui, on découvre cette diplômée de « L’École de police (à Nicolet), enragée démontée, criant sa haine viscérale imbécile des « artistes » ! Incroyable femme « armée » que cette grosse musclée, Stéphanie Bureau. Bastonnant, menottant, étouffant et… blasphémant comme un charretier !
Que vaut donc cette école publique ? Que pense ce genre policier de nos Noirs ou de nos itinérants. Aïe ! Pis que pendre ? J’ai eu affaire, il y a peu, à une jeune patrouilleure de la S.Q. de Sainte Adèle. Une excitée du même genre que la butch Trudeau, vociférante pour avoir oublié de stopper au coin de ma rue Morin. Toute démontée, comme si j’exhibais une bombe, elle criait, répétant à tue-tête :« Ne sortez pas de votre auto ». J’étais chez moi dans mon entrée ! Une diplômée de L’École de Nicole. Son chef alertée par moi, m’écrivit… qu’il « la rencontrerais ». Et puis silence.
Oui, que vaut cette école de Nicolet payée par notre argent public ? Rien, monsieur le directeur Parent aux polis excuses mais seulement après la vidéo à la télé. Diplômes accordés donc à ces prévisibles tueurs et tueuses en uniforme ! Pas fou le peuple d’avoir peur de la police et davantage que des « ritals » maffieux. Une autre école damnée ? Oui si on écoute, chez Dame Charbonneau, juge, qui « bavasse », un certain Z., ex-corrupteur (il l’avoue) qui raconte tous ces ingénieurs —pas des truands hein ?— complètement corrompus. On se dit : mais ces super instruits ont pourtant fréquenté la prestigieuse école universitaire dite « Polytechnique ». Cours difficiles pour des cerveaux aiguisés. Là aussi c’est « zéro » question d’éthique ? Polytechnique enseigne-t-elle la pourriture morale ? Aucun code moral, mais aucun, n’est donc transmis aux élèves, futurs ingénieurs ? Deux tristes lieux : Nicolet et l’U de M. Navrant et très très inquiétant. Les cognés, les frappés, les victimes de tous ces psychosés armés, n’osent porter plainte : la « parole de la police » est sacrée, privilégiée. On le sait trop. Et l’avocat, on le sait bien, fonctionne à haut taux avec leurs minuteries réglés. Surtout, il y aura délais, des mois, parfois des années souvent. « Omertà » prudent alors des citoyens bafoués par « law and order ». Ces fripouilles à la Trudeau frapperont et cogneront de plus belle.
Nous tous, placides habitants de nos jolies collines, méfiance ! Une balle perdue peut vous tuer. À Sainte Marguerite, autre terre à chics résidences, c’est du baseball : « une balle, deux balles…un homme de mort ». Qui ? Encore un « rital ! », Vincente Pietrantonio, déjà condamné comme usurier, joli métier ! Écoeurés ? Voici un agent de la S.Q, incarcéré la semaine dernière pour pornographie juvénile. François Blouin, 47 ans; ô Internet, si utile outil, qui peut servir de bordel à des désaxés en uniformes ! « Dans quel trou m’avez-vous mis, mon Dieu ? », écrivait jadis Réjean Ducharme ! Mais il y a aussi la beauté sang et or des arbres qui, hélas, va s’éteindre bientôt. On gèle comme en janvier ces temps-ci ! La vie est belle ? Oui. Las de marcher, j’ai retrouvé mon palétuvier tout feuillu au dessus de la mini mangrove qu’est la piscine du spa Excelsior; pour ma patte folle opérée rien de mieux que l’hydrothérapie.
VAL-DAVID-SUR-LA-NORD
C’est fou, étant si souvent allé à Val David, jamais je n’ai appris qu’il y a en ce lieu le plus joli parc de nos alentours. Le village est-il trop modeste pour l’annoncer correctement ? Pas loin de votre arrivée, tournez à gauche, vers le nord quoi, Rue de la Rivière et : pam-pam! Quel paysage féerique ! La Nord coule le long de ce parc avec de splendides cascades. Des visiteurs sont installés (avec ou sans bouffe) à des tables rustiques. Ils admirent sous la canopée ces vivifiants rapides, et entendent le gazouillis charmeur —si romantique— de l’eau qui court sur des rochers cachés.
Nos ancêtres, Néerdantals, Cro-magnons, X…pithèques quelconques, estimaient-ils déjà ces cours d’eau vive, ces frises d’écume décorant ces eaux en descente vers leurs embouchures ? J’ose le croire, m’imaginer que ces primitifs chasseurs, impétueux et si peu cultivés, posaient leurs engins assommoirs aux rives de ces beaux sites à cascades. Pour rêver un peu, àquoi ? À rien et à tout. Allez-y voir ça à Val David, vous verrez bien. Toujours un moment de stimulante rêverie. Une halte utile. Une pause rassérénante qui fait du bien.
Val David n’est pas Saint-Sauveur, ni Sainte Adèle, ni Sainte Agathe à côté. Le lieu ne jouit pas de solide notoriété. Pourtant, allez-y faire un tour, il se dégage de Val David un charme particulier. On dit que s’y trouve un grand lot de créateurs, modestes et fiables artisans ou designers branchés. À chaque passage —Daniel, mon fils y est installé— je fais des rencontres inusités. Pas seulement de quelques Juifs Hassidim ou de nombreux « bouddhistes » (parfois en safran), mais aussi de ces bonshommes vieillis à cheveux longs, à barbes bien fournies, parfois à bandeaux au front et je me sens alors comme replongé aux temps du « Peace and love »et de San-Francisco-la-libertaire.
Rue Principale, j’y ai mon « four » bien-aimé, chez « Grand’Pa » aux pizzas succulentes et autres restos sympas. Je l’ai déjà mentionné, l’église est sans beauté hélas, mais on découvre une galerie d’art publique (c’est rare ailleurs) et des échoppes où s’offre de la beauté. Certes Val David ne jouit d’aucun prestige fort, d’aucun ensemble de pentes de ski, ni de grands hôtels renommés, à part la bonne vieille « Sapinière ». Jadis, le village a vu grandir sa réputation à cause de feu la très active et populaire boite à chansons « Le Patriote ». Qui s’est déménagée chez sa grosse voisine, Agathe ! Val David à prestige minimum est heureusement renforcé, (pas seulement par son petit marché populaire) par deux grandes expos de prestige : celle, singulières, initiée par le célèbre graphiste René Derouin sur son domaine et aussi celle de la céramique avec les « 1,001 Pots ». Quoi qu’il en soit, j’aime ce village modeste, sans gros centre commercial (ouf !). Charles Trenet chanterait assis sur un banc public : « On y voit le bleu du ciel, le rose des nuages qui courent au dessus des enfants du parc de la vieille gare… » Mais surtout, allez vite voir ce parc où la Nord coule en cascades scintillantes. Pressée d’arriver. Mais où donc ?
« Ah vous! On vous entend plus gueuler. Terminées le polémiste ? » Ça m’arrive de telles rencontres car on s’étonne de me lire, ici, gentil et affable. Chantre béat de la nature laurentidienne. Il y a eu d’abord cette relative surdité qui m’a frappé il y a une dizaine d’années, forcément, ce sera la fin des invitations en médias de « M’sieur-grande-gueule ».
Il y a eu aussi —ô vieillir— la découverte du bon statut de « sage » (relatif cela). Arrivé à un certain âge, les grands combats, les farouches luttes se relativisent —c’est le mot clé. En vieillissant une personne un peu équilibrée se rend bien compte de la vanité de maintes querelles; du côté « éternel retour » oui, cher Frederich Nietzsche !
Alors, oui, plaisir fécond nouveau chez l’ex-batailleur, la découverte de petites joies bienveillantes, ressourçantes stimulantes aussi. Oui, oui, ce bon bonheur bien vrai de chanter —en chroniques paisibles— les beautés, modestes ou grandioses, de la p’tite vie ordinaire : la nature, les petites gens, les us et coutumes de son entourage quotidien.
Jeunes gens qui manifestez —enragés noirs ou seulement scandalisés— bravo ! Sortez dans la rue et criez, dénoncez, enflammez-vous, c’est un signe de vraie jeunesse, de bonne santé civique. Ne lisez pas ceci : vous aurez 80 ans un jour et vous sourirez de vos emportements. Sans les renier. Une vie comporte des moments, des stades, des tempos mais malheur aux jeunes gens amorphes, indolents, jamais inspirés, jamais fouettés, jamais emportés le moindrement, jamais révoltés, ils auront une fin de vie à la mesure de leur triste désintéressement; ils feront « de vieilles âmes » tristes, mornes, vivant « leurs vieux jours » dans une sorte de limbes, de vie plate, d’existence incolore. Le salaire, la pension des mous !
Le bonhomme Charest a donc osé « jouer aux cartes » en plein été et voilà la nuée des vains commentateurs en liesse.
Ouash !, la redondance effroyable. RDI et LCN, une vraie farce plate où l’on répète jusqu’ à la nausée le moindre pet lâché, le moindre rot, la moindre grimace, le moindre petit mouvement. Quelle pitié. Les citoyens, pas fous, constatent ce vide, ce faux remuement.
La vie actuelle par ici, en pays développés, partout en occident, est une affaire d’administration. Adieu idéologies ! Adieu idées neuves. Une simple affaire de budget, d’impôts et de taxes à contrôler ou non. La nation offerte aux comptables, et, pour colorer le tableau, avec des petits cris, de soudaines accusations, un mot de travers… Mais pas de place pour les idées, alors le socialiste Québec-Solidaire semble obsolète, hors circuit et sympa. Les Libéraux de Québec, empêtrés de corruption, promettent calme et développement, c’est tout entendu. La CAQ de l’ex-péquiste et entrepreneur Legault fait voir « les deux pieds sur terre » et je voterais bien pour eux mais, rien à faire, un vieil indépendantiste comme bibi va chez Marois ou chez le petit nouveau. Une cause est sacrée. Mais le reste c’est la niaise foire. Criailleries qui me dérangent, cirque ennuyeux.
Vite, le 4 septembre, Seigneur ! Comptez-vous les « administrateurs » et la paix ! Silence, j’ai mes livres à lire (et à écrire), moi, mes bons films à visionner (Télé-Québec et ARTV). Mes petits bonheurs : oiseaux fous, fleurs folles, canards, tous nos vifs nageurs sillonnant le lac de bord en bord en combinaison noires, vrais Spidermen, Batmen ! En ce moment, on roule, rentrant —rituel annuel— du si bel Atlantique en Maine, j’avais l’ennui de mon village me taraudait.
Je passe le temps parfois tout souriant de voir ce joli ballet des feuillages des érables, des bouleaux. Ça tremble si joyeusement sous le vent de juin.
J’éprouve ces temps-ci, un vague sentiment d’angoisse. Il me taraude. Serait-ce la satanée « camarde » ? La mort ? Celle des vielles gravures, maigre sorcière dans de longs oripeaux noirs, avec sa face de crâne, la faux à la main ?
Quoi me hante ? Rien de précis, une impression, un sentiment d’être espionné, suivi, guetté mais est-ce vraiment elle ?, la mort, la camargue ?
La camarde, mais, maudite marde, je veux pas m’en aller du monde, moi. Pas avant cent ans. On a aucun contrôle là-dessus, hélas. Je la sens depuis des mois qui rôde, discrète, maligne, jouant l’innocente. Oui, quelqu’un est entré chez moi, une ombre, une silhouette floue, un soir c’est un point aux côtés, un matin, une douleur discrète au cœur ou à l’estomac, une petite vrille, des picotements, une fausse nausée, il y a peu. Brève. Le salaud ricaneur me suit donc partout, me toise, me jauge, me nargue.
Je ne sais plus si c’est « il » ou bien « elle » ! Il n’y a eu aucune invitation de ma part, je vous jure, mais vous verrez, jeunes gens, un bon jour, un mauvais jour, vous sentez soudain ce rôdeur qui marche dans vos pas, qui vous suit, qui vous colle au cul. Ouste !, déguerpis ! Sale fantôme ! La bête informe, gélatine infâme, s’allonge sur votre divan ! S’asseoit dans votre fauteuil pour de la télé. Mais qui c’est ce sombre ombrage ?
On ne sait pas, comme dans la chanson de Michel Rivard : « il se tient partout…il se tient partout » ! Rivard nous recommandait la méfiance du « Grand Amour » dont on ne sait ni son nom, ni son âge…dans des habits trop grands pour lui… »
Je devrais donc me méfier de cet imposteur qui m’invite à ralentir, à me procurer une canne, ses menaces vagues, en bon samaritain, le salaud d’hypocrite. Cette douleur dans la jambe droite, ce mal aux reins soudain, ce dos qui se déploie bien mal, le « goût » qui s’atrophie, « l’ouie » plus « dure » que jamais et mes yeux sous méchante pression…
Vieillir mes amis, ouash ! Je chasserai ce maudit co-loc indésirable, vrai démon. « Lâche prise, papi, relaxe, repos, cesse donc de t’exciter avec tout tes projets…» Sages conseils de ceux qui vous aiment, oui, mais agacement chez moi : « Quoi donc, ma vie active déjà terminée ? Devras-je fermer mon « magasin-aux-illusions », ma petite boutique qui m’a tenu en vie jusqu’ici ? Ceux qui m’aiment ont-ils aperçu la rôdeuse camargue ? Par ma démarche plus fragile ? Je me heurte plus souvent à tout ce qui est sur mon chemin ! Mes pas, hésitants, prudents, sont calculés désormais. Est-ce la fatale reconnaissance du : « tout s’achève ». C’est qu’il y a encore des images qui me poussent…À écrire. À dessiner. À modeler. Oui, fou reste d’énergie qui m’invite à rêver : d’une pièce de théâtre, d’un scénario de film, d’une série de tableaux géants ou de sculptures pour la piste piétonnière. D’une radio aux derniers aveux francs ou d’une télé en forme de miroirs cassés, quoi encore ? Non. Me retenir et me camer, ne plus qu’admirer le vent de juin qui fait danser les feuilles. La beauté simple. Sois sage oh ma-vie-des-années-qui0fuient ! Une décennie, désormais, me semble un bref écoulement de temps. « Tout s’en va », vrai ça, Léo Ferré ?
Du haut d’une colline, par temps clair, un bel après-midi récent, je voyais au loin de minces silhouettes mobiles qui sillonnaient le paysage saintsauverien, dévalant des côtes toutes blanches et j’ai pensé….
Adolescent, citadin de Villeray, nous allions skier aux Hirondelles, bien modeste site à colline du nord de Montréal, à quinze minutes de chez moi en tramway. Que d’efforts épuisants là où il n’y avait nul remonte-pente. Plein-air souhaité par tant de jeunes collégiens désargentés, épuisés de latin et de grec ancien à maîtriser.
Notre autre grand pôle d’attraction ? Évidemment, le mont Royal. On s’y rendait sans cesse l’hiver, les mardis et jeudis après-midi de congé (Collège Grasset oblige). Prendre le tram St Denis, au coin de la rue Bélanger, heureux, munis de nos lourds longs skis de bois —avec stell edges— les attaches à lourds fermoirs à spring, nos pauvres bottines usagées, nos lunettes googles plastifiées, la tuque de laine tricotée par nos mères. Point de ces casques sophistiqués modernes des enfants d’aujourd’hui. Au sommet, proche du grand chalet —dix sous le chocolat chaud— au dessus du Montréal de bas de la ville, nous nous jetions dans la cuvette. On nous disait « vestige d’un ancien volcan » ! Nous risquions —l’audace des jeunes— de nous rompre les os dans les golleys (le petit et le grand). Active recherche de pentes plus raides encore, ô les casse-cous intrépides à quinze ans !
Des enfants choyés, dont les pères possédaient des autos, nous parlaient de vraies splendides excursions en ski…dans les Laurentides. Lointaines en ce temps-là. J’écoutais ces chanceux autour du petit Lac des Castors, là où il y avait un rude câble en guise de remonte-pente. Au chalet de ce bassin artificiel il y avait aussi du chocolat à dix cennes le grand gobelet.
Longtemps, par la fenêtre de mon bureau, j’ai admiré les mouvantes silhouettes de jeunes aux joyeux habits de ski d’un multicolore ardent. Un jour le Chantecler fermait hélas à jamais cette partie skiable aux pentes douces— d’en face de chez moi.
À quinze ans, les filles commencent à nous envoûter. Ayant su qu’il s’en trouvait de bien jolies sur les pentes douces du « pied du mont Royal », de la rue mont Royal à l’Avenue des Pins, je décidai d’y aller fleureter. Un beau soir sous la magie des lampadaires : la féerie des jeunes demoizelles glissantes dans la nuit douce de fin février. Je ne serai pas déçu. Ayant élu une ravissante skieuse dans sa combinaison moulantes aux tons de roses, je m’y attachai. Bout de conversation innocente —« il fait doux hein ? C’est beau la nuit hein ? J’aime les couleurs des pompons de ta tuque ! Quel est ton nom ? Tu étudies où ? — et je la suis partout. Voici qu’une lente neige à flocons immaculés se met à tomber, nous admirons les rideaux d’une voilure romantique dans les lueurs des réverbères. Nos coeurs en émoi s’agitent. Elle a enlevé ses mitaines et va s’asseoir sur un rocher, je veux toucher ses doigts, elle consent et nos visages se rapprochent. Premiers baisers, c’est si bon, je vois la beauté d’un ange. Tellement plus vivant que l’ange de bronze du monument voisin. Une quasi voisine car elle habite rue Saint Valier, 6970, chanterait Beau Dommage. Deux cœurs en fête iront prendre le même tramway.
Avoir vu quatre canards au rivage, qui tournent en rond, contournent des parties glacées du lac. Piégés ? Déséquilibrés ? Ils ne s’exilent donc pas, des sédentaires attachés à nos lieux ? Mystère. La météo varie tant en décembre; oui ou non, la glace va-t-elle mettre sa nappe blanche sur l’eau noire ? Un matin, oui, c’est pris, le lendemain, redoux, c’est le lac liquide partout.
Plus d’oiseaux ! Ah, revoir encore de ces boulettes plumées qui voltigeaient tout autour, c’était une fête.. J’ai beau aimer les petites bêtes, je garde l’œil ouvert. Tiens, l’Empire Desmarais —Suncor— se retire ( bien tard) de la Syrie du Assad-le-tueur. Attente impatiente des commerçants du nouveau régime ? Non, il n’y a pas que les canards dans la vie, devoir rester informé, lire deux quotidiens par matin). Ces hypocrites lamentations des relationnistes stipendiés. Cette Cynthia Vanier, rédactrice esclave chez SNC-Lavalin qui avait rédigé un rapport louangeur sur la « sainte famille Kadhafi ». Un milliard en contrats. Cynthia, dans la déroute du tyran, s’activait pour l’installation au Mexique —et à Toronto— d’un fils-héritier du dictateur. La voilà en prison au Mexique !
Quoi encore ? Avoir entendu ces prudents l’autre soir chez Miss Bazzo (déguisée en travesti) à Télé-Québec. Oui, ses chers chroniqueurs en face à la (mignonne) ministre Lemieux. Pas un mot sur les « enveloppes brunes » de la collusion aux bureaux du parti libéral. Pleutres, couards ! Voir aussi un Stéphane Roy, autre valet plumitif chez Lavalin, qui questionne : « Cynthia Vanier ?, comment pourrait-on dealer avec ce nouveau gouvernement Lybien ? » L’Isabelle Hachey (La Presse), candide reporter : « Mme Vanier a été naïve. » Ouash !
Je guette un écureuil énervé car visé par le matou voisin. Puis j’observe ce chien errant tout excité par un toutou de laine blanche et mal tenu en laisse. Dehors, dedans. Oui, je lis tout : ce retraité d’une multinationale donnant un sermon en tribune libre (La Presse) : « Oublier donc le français, dit René Miglierina, le monde réel est anglophone partout en OCCIDENT ». Ce René recommande d’ouvrir la Loi 101 mais pour y fourrer les droits de l’anglais ( tel quel). Faudrait jeter l’espagnol, l’italien et l’allemand ? De la merde, Molière, Cervantes, Dante et Goethe ! Ensuite, lire qu’un criminologue, Ribordy, ridiculise la loi sur les armes à feu que le Bonhomme Harper veut scrapper. « Nullité, gaspillage, dit Ribordy. Ailleurs, lire Sophie Durocher, jugeant Véronique Cloutier, rancunière qui boude le Journal de Montréal. La chroniqueure nous recommande : « Derrière l’État-Desmarais », livre de Robin Philpot. Le silence partout sur cet écrit, celui d’un Alain Gravel (Enquête), d’un Guy A Lepage. Louche cela non ? Mais soudain, dehors, roulent des bosquets de brume. L’horizon de nos collines tout enveloppé de tulle, marquisettes de ballerine? Rues et routes fantomatiques, le village en est spectral ! Plein de nuées vaporeuses et qui bougent … beauté scandinavienne en Laurentides. Rentré et lire : « Que cinq ans avant la catastrophe écologique, a^près ce sera l’agonie de notre planète »! Eh maudit !, est-ce que je lis trop ?
La sonnette de notre entrée (un ancien buzzer) fonctionne mal, aussi j’ai mis une note : frappez…J’entends justement frapper et je vais ouvrir :pas un chat ! Toc-toc toc, encore et je tends ma feuille de chou malentendante, ça vient du jardin. Y aller voir : un gros pic bois au boulot. Au bouleau justement ! Et puis un deuxième s’y jette… à plein bec ! Échos frénétiques. Recherche effrénée de larves, pucerons, vers ? Quelle beauté ces pics bois emmêlant leurs noirs et gris aux noirs et gris du bouleau, joli camaïeux !
Même jour, et pas moins énervés, la venue en masse de noirs étourneaux. Leur cible ? Le sorbier débordant de baies.R Remuantes taches noires en un buffet rougi. Pour manger sur place ou pour emporter ? Mon ignorance en ornithologie.
Viens, bel el automne, le vieux saule brille platine et des feuilles en sang dans les érables. Deuil de l’été. Devoir rentrer la chaloupe sous l’escalier, accoster le radeau (crotté), mettre les tuyaux d’arrosage à l’abri. Aller sans cesse à la cave pour vider l’eau du déshumidificateur. Et quoi encore ? Repeindre les marches. Faire le ménage de la cave (et de mon bureau).
Oh Seigneur !
« Ceux qui diront sans cesse Seigneur, Seigneur, n’entreront point en paradis », dit la Bible. Encore toc-toc toc ? Pics vaillants. Les imiter. Commencez par agir ? Ainsi — et j’y reviendrai jswqu’ APRÈS MA MORT — comment secouer ce Konrad, patron du CRTC ? Konrad Von Kenstein. Écrivez-lui à Ottawa, invitez-le à civiliser la télé. Ses annonceurs se répandant comme lierre. Le Konrad doit juguler la criarde hémorragie. Pas « murmure marchand » cher J. Godbout, non, vacarme, tintamarre, hourvari, fracas écoeurant.
Tiens, encore du toc-toc toc dehors. Frétilleur énergique…et nos ? Écrivez à Konrad ! Son CRTC pourrait aussi enrayer les abus des BELL, ROGERS, SHAW, VIDEOTRON, COGECO. Ils gobent les deux tiers des revenus. Une mainmise sur le câble. Konrad doit les forcer à stopper leur convergence. ( les obliger à offrir le hockey-des-pros à tous).
Question à Cogeco des Laurentides : pourquoi nous priver de l’excellent canal « TFO ». Débarrassez-nous plutôt de trop de canaux-USA. NBC, CBS, ABC, PBS, oui. Mais stop aux amériquétaineries. Konrad mettez fin au chantage des gros distributeurs. Nous, le peuple…propriétaires des ondes publiques, n’avons pas à subir ces querelles satellisées.
Côté pubs, j’y tiens : mettez-en 20 ou 50 en début et en fin d’émissions mais jamais pendant l’émission. Tiens, j’entends frapper encore ces acharnés pic bois, bon exemple, je me livre au bouleau. Non au boulot !