nov 082012
 

 

* Le film « On the road » ( au cinéma Pine sous peu), raconte la virée en bazou par une bande de la « beat generation ». Pour apprécier ce film, lisez une autobiographe à deux voix de Ray Robertson : « Beat Vénération * ». Suis-je subjectif, ce « Beat vénération » est traduit par mon petit-fils, David. Un arrivage frais en librairies. Livre qui vous fera connaître ce descendant de « canayen-français » plein de verve et crachant son âme. En trois semaines. « On the road », au fond un reportage sauvage est un coup de tonnerre, sera trois fois réimprimé en 10 mois !

Kérouac vient de Lowell, Mass. Ray Robertson vient de Chatam, Ont. Et il est fou de Kérouac (et de Rimbaud). Ça se lit comme un roman. Ray, fils d’ouvrier, découvre donc Kérouac, ce french canadian surdoué et s’enflamme. Lui aussi vit une chétive jeunesse, père ouvrier —« papa pue le fer et la sueur » écrit-il. Il a une mère limitée. Une grand-mère maternelle (une Authier) qui est un sosie de la célèbre « moman » de Kérouac.

J’avais 35 ans en 1965 et moi aussi j’ai eu besoin d’aller en pèlerinage à Lowell. Pour voir le french ghetto de Saint-Jean Baptiste, la Merrimack sous le pont, l’énorme église Saint-Louis de France, tout; j’étais entré dans tavernes et bars tentant de faire évoquer « le grand Jack » disparu; en vain.

J’ai lu « Beat Vénération » et j’irai voir le film. Le jeune Kérouac, ex-footballeur blessé, ex-marine, sera comme assommé par ce fabuleux premier succès mais, plus tard, les insuccès vont se multiplier. Kérouac va sombrer : l’alcool à flots, aussi la drogue —speeds amphétamines. Orphelin jeune de Léo, —« papa pue l’encre et la sueur » dit-il—, le fils de la grosse veuve ouvrière (dans le cuir) devient un saoulard. Loufoque, il voyagera en Bretagne, à Paris, ira vagabonder à Tanger. Il cherche ses lointaines racines. Une marotte ?

« Il n’y a pire malheur que d’être apatride », a écrit Dostoïevski. » Voilà Kérouac, en 1967, jouant le généalogiste ? À Rivière-du-Loup ! L’accompagne partout Jos Chaput de Lowell, son inséparable  : deux avaleurs de gnole en motels crasseux, dans des bars miteux. Le voilà fier : il a dans ses branches le « Seigneur » Lévis de Kérouac de Cornouailles ! On rira de lui. Poivrot pitoyable, on peut le voir se racontant (dans son pauvre français !) à l’émission « Le sel de la semaine ». Voir sur Google. Une tristesse terrible !

Le traducteur de Roberston, mon cher David, s’est mérité des éloges; dont celles de Desmeules (Le Devoir) et de J.-P. Ferland ( du S.D. observatoire). Ray dit bien le génie fracassé qui trépigne en des ouvrages bizarres, de rares éclairs. Il reste l’odieux parasite de Gabrielle, mère économe à laquelle il s’accroche. Ce curieux couple mère-fils va déménager souvent. À la fin, terminus : St Petersburg, Florida, la fiasque à la main ! « Mémère », comme Jack l’appelle, vieillie, malade, prie son autre fils, Gérald, mort enfant. « Un saint mystique », prétend-t-elle et Jack en fera d’étonnants écrits. Kérouac, un anti-Noir patriotard, un ultraconservateur anti-Juif —tel le génial, hélas raciste, Ferdinand Céline. « On the road » reste un classique mondial.

* Texte revu le 9 novembre

**Ray Robertson, « Beat Vénération », traduction David Jasmin-Barrière.

 

oct 072012
 


Parlons automne. Ma marche rituelle autour du Rond et halte au joli parc publique de la rue Chantecler : le noir des grands sapins contraste avec le scintillement du lac au soleil et l’étincelant des érables d’octobre, décor de sangs et d’ors ! Admiratif, tu bénis la vie par ici. Et tu puis tu entres pour des rôties avec de la bonne confiture de ma chère École Hôtelière et tu ouvres ton journal puisque « être informé c’est la liberté ». Alors l’horreur reprend son cours : les mauvaises nouvelles, ON CACHE LES BONNES ?, pas ici à Pays d’en haut. Les reportages sur les gourous des Malboeuf et Vailles ( La Presse) : « d’ la vra marde », chanterait la Leblanc ! « Faux curés » (gourous) des détresses humaines, crapules, ici, dans nos collines, à Prévost, à Trembant. Ces «  curés laïcs » parfois charismatiques, existaient jadis. Existeront dans l’avenir. Soudain, mots de la fin, on lit : « Les professionnels de la santé admettent que cela (les bons) peut aider » ! Comment trier les bons des fumistes ! Autre point, Dame Justice (les polices) est impuissante car il y a, hélas, consentement et aucune violence exercée. En 2012, qui sont donc ceux qui gobent ces poutines ? Des gens fragilisés, proies don t la cervelle est comme annihilée ?

Marche mon vieux, marche et regarde encore le noir de sapins contrastant avec les scintillantes feuilles en sangs et en ors, le lac étincelant au soleil d’octobre. Le temps s’obscurcit et tu vas au cinéma. Merde: bien peu de public pour « Inch’Allah », de la brillante cinéaste québécoise, Anaïn Barbeau-Lavalette. Un magnifique film illustrant la Palestine murée par Israël. L’histoire d’une kamikaze, avec sa bombe dans son sac à dos, qui commande un café à une terrasse de Tel Aviv et « boum ! » Encore moins de monde pour « Rebelle », un film effrayant sur les enfants-soldats enrôlés pour tuer au Congo ! Lysiane Gagnon (La Presse) en est scandalisée et moi je crains le découragement du proprio du Pine, le cinéphile Tom, à faire venir de tels excellents films ! Oui, nation nigaude et qui me désespère.

Parlant de Lysiane Gagnon : courageuse elle vient d’oser condamner ces Juifs orthodoxes « à natalité galopante » —les Hassidims d’Israël. Majoritaires dans Jérusalem et aussi écoeurants que les fanatiques de l’Islam, pire que ces Salafistes d’Égypte, qui méprisent les femmes. Ces Juifs religieux détraqués (les Haredims) sont un fléau là-bas. Le corps de la femme c’est le mal. Nétanyahou est obligé de composer avec ces « fous furieux de HYAVEH ! Sophie Durocher défend la vaillante reporter du « Journal de Montréal » (Émilie Dubreuil) qui a bien fait de fustiger les écoles juives de Montréal où on oblige les enfants à n’étudier que Thora et Talmud, les destinant à un avenir bouché.

Nos taxes contribuent à payer ces écoles d’embrigadement. Ce con de rabbin, Allan Nader (dans The Gazette) en fut fou de rage. C’est l’intelligent Gershom Gorenberg —historien et journaliste en Israël— qui passe pour un « traître ». Il a osé publier « La démolition d’Israël ». « Des années d’études vaines et nulles, dit-il, qui ne préparent pas à la vraie vie. » Lendemain, faire face au lac scintillant, aux arbres étincelants de sangs et d’or. Je me console de ces sombres actualités.

 

 

 

août 122012
 

Ma chanceuse de fille me parle de beaux gros homards à très bon marché. Où ? À Cap Lumière, son camping chéri acadien. Éliane au téléphone : « Papa, ici, plein de homards vraiment pas cher, dans le 5 tomates, achetés frais péchés au quai de Richibucto. » Je lui révélais qu’au Maine, on crache 20 piastres (viande à chien) pour une bestiole à pincettes d’une livre et quart ! L’an prochain j’irai manger à ce Cap Lumière au pays de ma chère Sagouine.

Portrait d’Ogunquit ? Ce village « nouvelle Angleterre » était déjà populaire il y a longtemps. L’adonis Rudolf Valentino le fréquentait. Et Mary Pickford. Et Mae West. Cette station balnéaire —à la plage fascinante— eut la visite de fameux artistes dont Picasso et Matisse. S’y tenait une course automobile prestigieuse et de vieilles photos au HuckelBerry, (resto « style 1920 ») sur Beach Road illustrent ce lieu en vogue. À Ogunquit, plage inouïe qui, au rythme des marées, s’allonge sur plus de deux milles pieds ! Que de promenades dans l’air salin et iodé sur tout ce sable bien tapé, hypnotisé par la vue à la périphérie bleue embrassant des cieux infinis et cette mer au vert illimité et tout ce sable aux cent beiges sous les flots de parasols multicolores. Des vers de Rimbaud chantant « des plages de foules en joie » me hantaient. À Ogunquit on croise de nos compatriotes dans tous les coins, bien loin du Old Orchard commercial à motels entassés.

Vers 1988, j’ai publié (biblio publique) « Une Duchesse à Ogunquit » pour raconter et le crime d’une duchesse (de carnaval) et aussi pour décrire ce pimpant village. Dont ce célèbre Marginal Way, sentier écolo qui surplombe de jolies falaises et qui prend fin à Perkin’s Cove, lagune remplie de baraques d’artisans, aussi mini-port aux barques-à-homards dansantes.

Il faut le voir pour le croire. Tous les soirs, une cohue humaine défile comme en liesse entre cafés, restos, un cinéma, magasin de glaces, de « toffee », des boutiques, une multitude bruyante sur Shore Road, des deux cotés du carrefour, là où la Route No.1, rencontre les autres chemins et, oui, oui, où il n’y a aucun feu de circulation ! Courtoisie obligatoire ! Sur le quai de Wells le bon homard. Cher. Au sud, vers Kittery, il y a —comme jadis rue Amherst à Montréal « La grange à Séraphin »— « The Barn », où on se régale —à bon marché— de gargantuesques pièces de viande rouge.

Un midi, une compatriote : « ‘Coutez donc vous, là, êtes-vous celui qu’on pense que vous êtes, mes amies pis moi ? » J’ai acquiescé. Dans l’écume du rivage, des gamins jouent d’adresse sur des planches de bois, des ados sur des planches de plastique dans l’écume du large. Sur la plage —après cinq heures— de jeunes surfmen s’ébrouent. Les goélands quittent le toit du Norseman (sorte de « motel-paquebot » échoué), les sand-pipers s’étourdissent. Deux Hemingway installent une canne géante avec sardine en appât. Je verrai, tour à tour, la sortie frétillante de deux grosses prises. « C’est du 20 livres, ça m’sieur ! », me dit un loustic épaté.

Du matin au soir, de jolis bus rouges, déguisés en tramways, font des navettes incessantes. Partout un peuple estival, jeunesses et vieillesses mêlées, font voir le bonheur de l’été. Revenu, je m’ennuie déjà de la respiration océane. Car la mer respire et l’entendre m’est une joie.

 

 

 

juin 112012
 

 

 

J’ai beaucoup et souvent jasé sur mes petites bêtes (marmotte et cie). Voici le temps des mini-mini animaux. Invasion malheureuse de mouches noires et heureuse de frétillantes libellules minimalistes, de jolis papillons bien énervés et d’abeilles. J’en vois, là, par centaines dans mon mahonia, un arbuste fruitier à feuilles aux corrugations prononcées. Monde lilliputien si vivant. Même monde vendredi dernier rue Sherbrooke, à Notre Dame. Ça grouille. Usine aux pavillons remplis de malades et de soignés ! Fourmillante machine qui fait peur et moi, civière en corridor, en jaquette bleue trouée, qui attend mon tour pour éliminer des cataractes —ô Niagara ! Vraie fourmilière, Notre Dame s’excite. Ça circule autour de ma couchette. Malades, médecins, ces « préposés » de bas et de haut rang, gradés discrets ou à torses bombés. À une passante courbée : «  Oh, madame je suis là depuis deux ans à poireauter ! » » Léger arrêt et regard affolé mais elle passe son chemin. Un bossu usé passe et, jouant le moribond, j’en rajoute : « M’sieur, m’sieur, ça fait 18 ans que j’attends dans ce corridor, on m’a trouvé au 3 ième sous-sol ! » Il me dévisage, hésite à rétorquer et il fuit —hagard comme Lucien Bouchard à Sagard-sur-Luxe, en Charlevoix.

Bon, maintenant n’allez pas croire que le « vieux (moi) qui a vu les séances d’Ovila Légaré et les films de cowboy en noir et blanc au sous-sol de l’Église Sainte Cécile, ignore l’actuel cinéma à effets électroniques. Non, non, j’ai vu et apprécié au cinéma Pine, « Men in Black », troisième mouture, avec Jones et Smih, ce jeune nègre épatant, si vif, si efficace, si surdoué.

Vous êtes là, assis tranquille rue Morin, et surgit Boris l’Animal.

Un motard super-hell’s-angel. Ce mastodonte aux lunettes engoncées dans les orbites, aux bras « gros comme des troncs d’arbre » (je te le dis Raoul Duguay), n’a qu’à ouvrir sa paume pour en faire surgir et s,Envoler un horrible crustacé aux lancettes empoisonnées, Ah oui, allez voir ça, c’est hallucinant, tout comme est renversant ce grouillant resto chinois où des humanoïdes d’un grotesque épeurant se font décapiter. On est loin des mélos d’Ovila, loin des méchants apaches cernant des caravanes bâchées du temps des « petites vues » des révérends frères.

Quel plaisir ! J’aime tant ces truquages inouïs ! Le vieux « in black » Jones y est, revenu et revenant, toujours blasé, l’adjoint dévoué (Smith, en Noir agile) veut le sauver. Un bizarre « ti-coune », sosie de Brière, tuque des Andes sur son crâne évidé, oui, en creux ( sans cerveau), un bonasse qui offre son dévouement. Elfe asexuée venu de planètes-aux-anneaux ? Vous voici soudain, exilé loin de la rue Morin, au coeur même de Manhattan et juché sur le Chrysler Building ! C’est vrai, réel, hallucinant. Plongée du gratte-ciel avec un appareil rétrogradeur. Alors, vous voilà en 1969. A Cap Canaveral. Une fusée va décoller et l’horrible Boris, « The Animal », rôde, être machiavélique. Je vous jure que vous serez au bord de l’Atlantique ! La reconstitution scénographique est mieux que parfaite. On en reste ébahi ! Je vous raconte ce « Men in black », tome trois, pour vous dire qu’on peut voir 81 ans et être absolument épaté par les prodiges d’une cinématographie à truquages. Allez-y voir.

avr 232012
 

Le président futur de la France: « Je n’aime pas les riches ». On lit ça… comme médusé. On se dit : Est-ce que j’aime les riches ? Comment mettre tout le monde (des riches) dans un même sac. N’y aurait-il pas des riches aimables. Peut-on dire :  « Je n’aime pas les pauvres ! » Quel risque électoral prend « le socialiste » à proclamer sa haine des riches ? Aucun. Il y a peu de riches et beaucoup de pauvres. Un romantisme datant des « années dix huit cent » criait : les riches, tous des salauds exploiteurs ! Les foules aiment les images…simplistes. Il y a des riches travailleurs, entreprenants, audacieux, acharnés face au succès. Une réalité. Il y a, certes,  des riches chanceux, beaucoup sont né en milieux favorisés et profitent de ce hasard-destinée. C’est injuste ? Fatal ?
Dans un (piètre) documentaire sur « Les belles soeurs » de Tremblay, on a émis l’opinion que c’était un texte sur « la jalousie ». Très vrai. La belle-soeur chanceuse se fera voler ses bons-coupon par ses propres belles-sœurs. Avouons-le, ce je n’aime pas les riches signifie « je suis « jaloux » des riches. J’ai connu des riches merveilleux. Un exemple ? Un très haut fonctionnaire (d’Outremont) qui nous hébergeait, bande de jeunes aspirants-artistes, à son domaine du Lac Brome et qui se faisait volontiers le mentor naturaliste. Claude Mélançon. Un autre ?  M. Chagnon. Qui soutient de son argent (via la vente de Vidéotron à Quebecor) une immense fondation caritative.
La « chasse aux riches » s’avéra un échec et causa le malheur de nations entières martyrisés par despotisme et dictature. On sait la catastrophe de « l’égalitarisme imposé » en pays soviétisés (Chine comprise). Pékin bichonne « ses riches » désormais. Parlant des « Belles soeurs » montrées en 1968,  la caricaturale Madame Courval paraîtra aux québécois —le moindrement lucides— non plus la maudite snob méprisante mais la clairvoyante. En 2012, elle aurait bien raison d’avoir honte de notre parlure brouillonne, de nos accents invertébré et de nos bouches-molles. De notre jargon, argot de paresseux, baragouin pour primates, créole à charabia pour jeunesse molassonne. Charabia « jello ».
Déprimé le chroniqueur ? Non, j’entends des jeunes qui se corrigent, j’en ai croisé en trois endroits :

  1. parmi d’autres opérés comme moi (pour des cataractes),
  2. dans le public d’un film à l’humanité merveilleuse, que je vous recommande chaudement, « Les Intouchables » au cinéma Pine.
  3. au lumineux resto, le plus joli de nos parages, le Viva Vina,  de biais avec le centre commercial de Ste Adèle. Là où l’hôte (sosie de Guy Laliberté), est le petit-fils de notre toute première « Donalda », Nicole Germain. Sa mamie chérie dont il cause et jase sans charabia et avec une belle empathie.
avr 162012
 

Soudain, un jour, récemment, regard par la fenêtre un matin et ça y est : l’eau est de retour. Le lac retrouvait sa nature normale. Molle ! Avec des reflets du firmament. Pas toujours. Des promeneurs vont venir arpenter le parc du rivage à l’est, le long de la rue Chantecler. Certains, comme on fait parfois, vont grimper aux terrasses de l’hôtel pour admirer, en belle plongée, tout le Rond. Immense mare fluide au fond de cette… arène?, cirque ?, amphithéâtre formé par les collines qui l’encerclent. C’est si joli !
Voir l’eau courante. Vieux besoin humain ? Je pense à des pays sans eau. Des états entiers sans grandes surfaces d’eau. Aux déserts du monde. Certains Québécois sont venus au monde proche d’un rivage généreux, sur les écores d’une rivière, d’un lac, voire du grand Saint Laurent. Il me semble que ce fait doit changer un nature ?
Je rêve ? De ma naissance jusqu’à dix ans, aucune rive dans nos horizons, rien, pas de ces cours d’eau impressionnants, aucune rivière ni même un ruisseau. La ville. Macadam, béton, asphalte partout. Seules, les eaux stagnantes de la carrière Villeray (aujourd’hui un grand parc rue Chrisophe-Colomb). Ajoutons quelques expéditions au grand parc Lafontaine, certains dimanches de grandes chaleurs, y admirer les deux étangs cimentés aux eaux sombres, à peine frissonnantes.
L’autre midi, « trois beaux canards », comme dans la chanson, « s’y viennent baigner » ! D’où sortent-ils donc ? Trio qui fait plaisir aux yeux, qui nous crie : « C’est vraiment le printemps ! »  Même si le froid persiste, hélas ! Ces jolies bestioles nagent autour du quai, hier encore, terminé la glace  figée dans le rivage ! Y a-t-il hibernation de certaines espèces ? Ô notre ignorance naturaliste à tous, hein ? Il y a peu, boules noirâtres au beau milieu du Rond ! Sortie des jumelles… et guère de précision. Qu’était-ce ? D’autre canards…comme ressuscités ? Des tout petit nouveaux nés ? Sont disparus soudain et pas revus ces objets bosselés qui ballottaient au large ! Une promesse : Sortir tôt la barque sous l’escalier —proche du terrier  de ma Donalda-Marmotte— et me mettre à la pêche à ces truites —qu’on nous dit « généreusement ensemencées par l’État ». Pas si loin de la rive, on voit des sauts, de brefs  remous. Mais oui, en fin d’été, des « chercheuses-écologiques-à-snorkel » nous avaient proclamé: « Des truites ? Il y en a, oui, plein, du côté du Chantecler, dans le très creux, grosses paresseuses ! » Bon, j’irai avec un casseau d’asticots bien gras pour garnir les hameçons. Vérifier ce « très creux » un bonne fois ! Ça va être cette année. L’eau, son attraction, mystère ? Je me souviens, j’avais trois ou quatre ans, ma rue Saint-Denis, enfin la pluie abondante a cessé et je descend du balcon vers le caniveau. Une eau sale courait, avec force, un vrai ruisseau rugissant, fascination, vite me faire un bateau de papier, le regarder filer tout tremblant vers le cinéma Château du coin ! L’eau, oui, une fatale attraction ?

avr 022012
 

Je lis (dans un hebdo rival) comme de la haine face à des commerçants qui s’installent. J’étais gamin et je découvrais le monde des commerçants et mon père en était un avec sa modeste gargote à l’ombre du cinéma Château. Je voyais mon oncle jasant avec son quincaillier rue Bélanger, ma grand-mère avec sa marchande de fleurs, rue Molière, un cousin avec notre « bedeau » rue Jules-Verne, le notaire chez notre barbier, rue Jean-Talon —j’écoutais, j’écoutais ! Chez le pharmacien : « Terrible m’sieur Martineau, eh oui, les nazis sont entrés dans Paris ! » Voir ma tante se confier à son boucher, ma marraine barguiner du linge chez Greenberg !
La vie et j’écoutais… le bavardage humain, communautaire, je prenais conscience que les gens se mélangent, échangent des nouvelles dans les commerces de proximité et cela me faisait chaud au coeur d’entendre jacasser chez le fruitier Di Blasio ou chez le cordonnier Colliza, rue Drolet. Je constatais l’importance des marchands. Il en va ainsi dans un village.
Pourquoi hargne et mépris ? A Saint-Sauveur ou à Ste-Agathe ! D’où sortent ces asociaux, ces misanthropes, ces écolos fanatisés, ces « verts » déboussolés, réfractaires, allergiques, à toute nouvelle installation marchande ? Ils sombrent dans l’urticaire et rêvent d’une pureté d’avant le Déluge, éden imaginaire. Sorte d’intégristes, de fondamentalistes qui font un vœu : « Un coup de baguette » et  tout développement s’effacerait. L’ancien village primitif (oh cliché béni !) surgirait.
Cela dit, on a le droit d’aller vivre en ermite.
Mais si on s’installe dans un village prospère, acceptons les bons cotés (écoles, rues éclairées, égouts, aqueducs, pompiers et polices) et aussi les mauvais (trafic, bruits augmentés, déchets variés). Enfant , déjà, je voyais que c’est à cause de tous ces services, échanges, négociations, que les gens en arrivent à parler ensemble, à se découvrir, à communiquer joies, chagrins, projets, déceptions et échecs. Aussi à s’apprécier et, parfois, à se détester ! Je reste donc surpris quand je lis de la rage envers les commerçants, cette réalité datant du début des civilisations en Mésopotamie !
Tenez, un exemple de convivialité ? Ma Raymonde achetait en 1973 sa vieille maison au moins centenaire. Vient un temps où il faut rénover. La toiture ? « C’est pourri tout ça ! ». Le verdict tombe, alors parlement et contrat à signer. Bon paquet de mille piastres viande à chien ! S’amenait une vaillante escouade, celle de Yannick Boyer (pub gratuite !), avec des représentants de trois générations. Alors, bing-bang !, zing-zong !, éclatera le concert de violons grincheux sur le toit ! Dès potron-minet, tout branle au dessus de nos têtes et on a peur !

mar 052012
 

 

 

Joie folle, enfant, que nos premiers films montrés au sous-sol de notre église. Quelle évasion ! Bonheur d’aaller à quinze ans, une première fois, au « vrai » cinéma du coin de ma rue, le Château.

Dans notre vaste région de collines, aucun cinéma à partir de Lafontaine, Saint Hyppolite…  Ni à Ste Agathe, ni à St-Sauveur ? Pas un seul grand écran. Rien. Ici, nous sommes chanceux, il y a Tom Farmanian, il y a ses salles de Sainte Adèle ! Quel bonheur pour les cinéphiles. Certes, Tom doit afficher les gros succès populaires. Il a ses frais, tant de factures et de taxes à payer mais, cinéphile lui-même, il offre aussi les meilleurs productions du moment.

Le cinéma Pine est une des bonnes raisons d’aimer vivre par ici. Remercions Tom —qui a été honoré avec justice récemment— son travail acharné nous permet, comme les citadins de la métropole du Québec, de voir le cinéma dont « on parle ». J’y ai vu « L’artiste », gadget très vide —en muet et en noir et blanc et je fais partie de cette minorité (sans doute !) qui a viscéralement détesté ce « navet » (selon notre couple). Mais les p’tits vieux du jury des Prix Oscars, eux, ont été flattés de cet hommage venant des frenchmen voulant saluer (sans scénario structuré) les pionniers d’Hollywood.

Dimanche, au lieu d’aller me balader sur le lac Rond au beau soleil, on a été voir vu le film iranien qui a battu « Monsieur Lazhard ». Je n’ai rien d’un chauvin (aller vérifier) : « La séparation » est un très long et très bavard et très ennuyeux face à face —bien film et bien joué cependant. Un paquet de fieffés menteurs empêtrés dans une querelle bien bête et qui n’en finit pas. L’impression que « La séparation » dure six heures !

Il n’en reste pas moins que malgré des déceptions,  et c’est fatal, nous avons la chance de voir les films « dont on parle ». C’est important. Chaque fois que nous descendons la Côte-Morin pour y aller, on a l’impression, de vacances, l’été, d’aller au ciné Ogunquit dans le Maine, ou en Floride jadis !

Hélas, on me dit que les jeunes visionnent sur le « tout petit » écran de leur ordinateur, connecté souvent au « petit écran » de leur télé, un cinéma, me dit-on, aux centaines de choix. Mais il n’y a rien d’aussi festif que de se rendre à une salle noire, se retrouver solitaires mais solidaires avec les autres. Non ? Hélas, comme la peinture, la musique qui se fait, où la littérature (je le sais trop !) et la danse donc, les créateurs sont méprisés par cette jeunesse rivée à l’ordi. Voilà une masturbation, oui, un onanisme via le web sur le net. On a dit que l’arrivée de la télévision (automne 1952) avait tué les artistes de variété, les cabarets, etc. On peut dire que la venue de l’ordinateur tue aussi. Pourquoi se priver de ces réunions humains où ça tousse, ça remue, ça s’émeut, ça grouille, ça mange du maïs ou de la réglisse, ça vit ensemble, c’est un grand tort. Ne grave erreur. Disons même une forme de déshumanisation —une de plus. De grâce, un effort villageois des alentours, allez au cinéma  Pine. Ceci n’est pas une pause « publicitaire », c’est un appel en faveur d’un minimum de vie grégaire, de vie humaine normale pour une existence un peu communautaire.

Tenez, allez vite voir « POLISSE », un vrai petit chef d’œuvre de madame Maïween qui est aussi excellente actrice dans son film. Un captivant récit sur des faits vécus dans Paris. Récits fascinants avec des jeunes gendarmes, tous excellents acteurs des deux sexes. Voyez une jeunesse vivante ! Merci Tom !

 

 

fév 282012
 

Je croise des gentils p’tits vieux (comme moi) qui sont scandalisés, atterrés même, par la mode actuelle de tatouage.

Des plus jeunes aussi (exemple : Sophie Durocher du J.de M. ) qui sont écoeurés face à ces hommes, souvent d’âge mûr, qui  affichent ces incrustations corporelles en vives couleurs.

Mon opinion ? Le plus souvent  j’en suis ravi. Eh oui ! On jurerais que trop  de gens oublient les furieuses condamnations du temps de leur jeunesse. Moi, je me souviens des cris d’horreur de mes parents au temps (1940-1950) où l’on écoutait —et on dansait— le boogie-woogie. Ce jazz infernal, une horreur pour nos « vieux » que cette musique dite de jitterbug et que nous aimions tant !

Évidemment, il y a des tatous de style « Hell’s Angels » mais, moi le fidèle baigneur de l’hôtel Excelsior, je vois aussi de jolis dessins en belles couleurs. Des tatous qui font voir d’esthétique «  entrelacs », rappelant les joliesses du « Modern Art », sauce 1900. Ou une tête de proue échevelée. Ou des images de fées mythiques au surréalisme complexe, ou des dragons chinois étonnants, des sirènes érotiques pour un des Ulysse contemporain. Bedonnant et quasi-chauves, le tatou rajeunit une silhouette. J’ai dit, ici, que cette volonté de « rester jeune » est humaine et n’est pas un péché. À L’Excelsior, je souris sous les feuilles de mon palétuvier en serre !  « De l’art sur la peau » et transportable ! Quand ces tatous sont dépourvus d’agressivité, ces étonnantes « gravures sur deux pattes », font voir du bon talent souvent. Il y a aussi des images tatouées qui relèvent de l’Halloween, hélas ! De sombres gueules comme s’ils étaient des guerriers (Maoris) d’Australie, ou de faux descendants de tribus africaines arriérées. En passant quel émouvant et excellent film que « Les descendants » au cinéma Pine.

« Des goûts et des couleurs… non discutandur », dit un adage bien con. Cœur-de-Pirate, la jeune chanteuse —au français obscur et confus— illustre sans vergogne aucune, cette mode nouvelle. Je conteste farouchement une opinion du psy Miche Dorais —signant néanmoins un excellent livre, « La sexualité »— qui clame : « Des Narcisses d’obsédé par la jeunesse. ». Allons, on se calme, docteur ?

Enfants, nous raffolions du tatouage, simples décalcomanies à bon marché qui, hélas, s’effaçaient au premier lavage ! Mais oui, jadis, le tatouage était la marque des marins, des romanichels de cirque ambulant, aussi des prisonniers à perpète ! Mais les temps changent et ça n’est pas mal plus mal que d’avoir envie de bijoux. Au nez ou aux sourcils. Chantons : « Entre la jeunesse et la vieillesse… » il y a incompréhension.  Oui, nos vieux parents se bouchaient « les oreilles » au son du jazz-swing sauce boogie-woogie, ne nous bouchons pas « les yeux » ! Une mode finit toujours par passer.

fév 192012
 

Mon jeune —de dix ans— camarade Tremblay s’est sorti de « la maudite camargue » deux fois. Une tumeur, plus tard, un cancer ! Courrez chez Duceppe, je l’ai fait vendredi, pour entendre ses terrifiantes, bouleversantes réflexions sur la mort proche. Vous verrez l’acteur Raymond Bouchard, son jeu impeccable, se débattre au seuil de la démence. Victime révoltée de cette  funeste maladie : « perdre sa mémoire ».

Tremblay fait entendre des réflexions d’une écriture intense. Frissons garantis ! Je voudrais bien obtenir le texte pour relire des phrases à l’humanisme désespéré et incomparable. Tremblay s’avance dans la force de l’âge avec, désormais, une intelligence, une sensibilité extrêmement profondes. Courrez admirer aussi le travail du talentueux Denoncourt, brillant « métronome » (rythme et calcul du temps). Il vous a organisé une étonnante chorégraphie, un ballet mortuaire hallucinant de cruauté avec les deux enfants grandis et l’ex-épouse, vengeresse. Tous venus au chevet de ce Monsieur Noël, pour l’accabler, ce très célèbre neurochirurgien mais qui fut aussi un parfait égocentrique, inapte à « la famille ».

L’auto-euthanasie plane chez Duceppe, tentation fatale. Je répète, vives émotions garanties et, parfois, un silence de mort » (c’est le cas de le dire) dans la salle, un public atterré, comme hypnotisé. Vendredi j’ai repensé au film —à voir au cinéma Pine— « Carnage » de Polanski qui montre le ravage, le naufrage dans deux familles. Avec « L’Oratorio de Noël », son auteur affirme hors de tout doute qu’il s’est construit « une oeuvre ». Pas seulement du divertissement. Le grand André Malraux, Calafarte, Milan Kundera, Cioran même, en conviendraient tous. Voyez donc de l’écrit qui compte.

Les fantastiques monologues de Bouchard ( au début et à la fin) vont vous amener au bord des larmes. Pourtant le metteur-en-scène, Denoncourt —il aurait pu— évite absolument le facile mélodrame. Terminé le cycle ( le cirque ? ) brillant du « joual » bellesoeurisantes. Voyez vite chez Duceppe —et bravo au directeur Michel Dumont—,  oui, vite, allez assister à ce fascinant lamento, un « tombeau » dédié aux carriéristes ambitieux, à un homme savant mais dur, fermé. À un professionnel qui a « oublié de vivre » une vie affectueuse. C’est rédigé —au scalpel, tiens !— avec des accents d’une vérité qui vous fera réfléchir longtemps une fois sorti de chez Duceppe. On veut remercier la providence d’avoir épargné (tumeur et cancer) ce dramaturge québécois surdoué.

À, bientôt, 70 ans, Michel Tremblay annonce avec son ORATORIO, musique de Mozart dans la salle), qu’il  fonce dans un nouveau cycle. Ce premier « opus » sera joué partout et encore dans 50 ans. Prédiction facile à faire. Même si vous n’êtes pas vraiment un amateur de théâtre, sachez qu’un texte de cette qualité, de cette profondeur humaine ne court pas les rues. Il vaut la peine d’aller l’entendre. Ce sera une date à graver (février 2012), dans ce qui se nomme notre « mémoire », collective, cela justement que personne ne veut perde, n’es-ce pas ? Voyez vite un acteur prodigieux, Raymond Bouchard, qui se débat, qui vacille et qui nous crie « Au secours ». L’homme est rendu aux portes des limbes. De ce « trou noir » (ses mots répétés), qui s’accroche dans sa jaquette bleue d’hospitalisé. Il nous secoue, nous émeut. Bouchard  nous gueule que la vie est un don précieux et on sort de chez Duceppe en se jurant de mieux vivre,  d’être plus humain. Merci à l’ancien p’tit gars venu de la rue Fabre. Merci Michel !

Sharing Buttons by Linksku