Haïssez les entrepreneurs cupides qui coupent sans cesse dans les dépenses en vue de profits exagérés mais n’haïssez pas les trains. J’aime les trains, moi ! À cause du tragique accident au Lac Mégantic on a lu : « le maudit train fantôme, le démentiel train fou et ce salaud de train ». N’haïssez pas les trains mais ces avides brasseurs d’affaires qui négligent la sécurité du monde. J’aime les trains, moi.
Par temps « calme », certains soirs rares, enfant, j’entendais rouler —vous savez bien, ce son si caractéristique— le convoi ferroviaire dans la rue De Fleurimont (devenue Rosemomt ) à quatre rues de chez moi. J’ai aimé tout de suite le confessionnal de Josélito Moreau à cause de son train. J’étais fou comme un balai quand papa m’amenait avec lui, en train, au chalet de Pointe Calumet. J’aimais le train, son balancement, ballottement —vous savez bien, debout, il faut parfois s’accrocher— son goguenard conducteur et sa poinçonneuse, ses appels grognés : « All aboad ! Île Bizart, Île Bigras, Ste Dorothée, Laval Links, St-Eustache ! »
J’adorais, les jours de congé, avec les copains, aller flâner à la jolie Gare Jean Talon, près de chez moi, ce bonheur de voir partir ou arriver tous ces trains dans cette sorte d’église-du-chemin-de-fer ! Mon père, lui aussi, aimait les trains qui scandaient ses heures, ayant été élevé Rang du Crochet, à Laval des Rapides. Trains dont celui « Montréal- Québec », sur lequel à 15 ans je fus serveur —« sandwiches liqueurs cafés, thés ». Mon oncle Léo y était le cantinier. Bonheur et fierté d’apprendre à rester debout quand, « à fond de train » ?— file le redoutable et fumant engin noir ! On disait aussi « à l’épouvante ».
Vivre et élever ses deux enfants, durant des décennies, dans le Vieux Bordeaux avec dans l’un des quatre horizons, cette même ligne de chemin de fer et aimer ses convois, de marchandises ou de passagers. Sursauter parfois aux brefs mais alarmants coups de sirène, sourire de sa cloche. Sorte d’horloge en effet tant les passages sont à intervalles prévus, calculés. Plaisir vif d’apercevoir qui nous faisait de vigoureux saluts, ce même frère de papa, l’oncle Léo qui vieillissait fidèle au C.P. R. Dès lors Aimer à jamais le bruit comme fatidique des trains.
Devant aller dormir à notre pied-à-terre, Chemin Bates, (où aurait dû se construire avec bon sens le CHUM) à la frontière nord d’Outremont, c’est, immanquablement, le passage à n’en plus finir des longs convois de (jadis on disait de « freights ») de vrac inconnu. Dan les soirs, ces trains roulent vers l’ouest ou vers l’est avec l’éternel « ronron » à saccades rythmées. L’hypnotique chanson à voix basse, triste litanie prévisible. Un bruitage comme un comme un coeur qui bat. J’écoute cette mélopée triste, ce cantique pesant, qui achève chaque fois de me faire sombrer dans les bras du dieu Morphée. Oui, un somnifère efficace. Écouter cette berceuse un peu acariâtre, cette musiquette d’une mémé grognonne.
Mais oui, j’aime le train, moi ! Haïr ce maudit train fou de Mégantic, non. Haïssez ces maudits harpagons funestes, ces avares égotistes qui coupent ici et là, sans cesse, pour plus de profits aux actionnaires spéculateurs. Haine aussi pour tous nos élus mollusques —« responsables irresponsables de leurs responsabilités ». Honte aux complaisants complices qui ne prévoient rien pour réguler ces escrocs publics.
Et vive les trains !
MAUDIT TRAIN ?
Haïssez les entrepreneurs cupides qui coupent sans cesse dans les dépenses en vue de profits exagérés mais n’haïssez pas les trains. J’aime les trains, moi ! À cause du tragique accident au Lac Mégantic on a lu : « le maudit train fantôme, le démentiel train fou et ce salaud de train ». N’haïssez pas les trains mais ces avides brasseurs d’affaires qui négligent la sécurité du monde. J’aime les trains, moi.
Par temps « calme », certains soirs rares, enfant, j’entendais rouler —vous savez bien, ce son si caractéristique— le convoi ferroviaire dans la rue De Fleurimont (devenue Rosemomt ) à quatre rues de chez moi. J’ai aimé tout de suite le confessionnal de Josélito Moreau à cause de son train. J’étais fou comme un balai quand papa m’amenait avec lui, en train, au chalet de Pointe Calumet. J’aimais le train, son balancement, ballottement —vous savez bien, debout, il faut parfois s’accrocher— son goguenard conducteur et sa poinçonneuse, ses appels grognés : « All aboad ! Île Bizart, Île Bigras, Ste Dorothée, Laval Links, St-Eustache ! »
J’adorais, les jours de congé, avec les copains, aller flâner à la jolie Gare Jean Talon, près de chez moi, ce bonheur de voir partir ou arriver tous ces trains dans cette sorte d’église-du-chemin-de-fer ! Mon père, lui aussi, aimait les trains qui scandaient ses heures, ayant été élevé Rang du Crochet, à Laval des Rapides. Trains dont celui « Montréal- Québec », sur lequel à 15 ans je fus serveur —« sandwiches liqueurs cafés, thés ». Mon oncle Léo y était le cantinier. Bonheur et fierté d’apprendre à rester debout quand, « à fond de train » ?— file le redoutable et fumant engin noir ! On disait aussi « à l’épouvante ».
Vivre et élever ses deux enfants, durant des décennies, dans le Vieux Bordeaux avec dans l’un des quatre horizons, cette même ligne de chemin de fer et aimer ses convois, de marchandises ou de passagers. Sursauter parfois aux brefs mais alarmants coups de sirène, sourire de sa cloche. Sorte d’horloge en effet tant les passages sont à intervalles prévus, calculés. Plaisir vif d’apercevoir qui nous faisait de vigoureux saluts, ce même frère de papa, l’oncle Léo qui vieillissait fidèle au C.P. R. Dès lors Aimer à jamais le bruit comme fatidique des trains.
Devant aller dormir à notre pied-à-terre, Chemin Bates, (où aurait dû se construire avec bon sens le CHUM) à la frontière nord d’Outremont, c’est, immanquablement, le passage à n’en plus finir des longs convois de (jadis on disait de « freights ») de vrac inconnu. Dan les soirs, ces trains roulent vers l’ouest ou vers l’est avec l’éternel « ronron » à saccades rythmées. L’hypnotique chanson à voix basse, triste litanie prévisible. Un bruitage comme un comme un coeur qui bat. J’écoute cette mélopée triste, ce cantique pesant, qui achève chaque fois de me faire sombrer dans les bras du dieu Morphée. Oui, un somnifère efficace. Écouter cette berceuse un peu acariâtre, cette musiquette d’une mémé grognonne.
Mais oui, j’aime le train, moi ! Haïr ce maudit train fou de Mégantic, non. Haïssez ces maudits harpagons funestes, ces avares égotistes qui coupent ici et là, sans cesse, pour plus de profits aux actionnaires spéculateurs. Haine aussi pour tous nos élus mollusques —« responsables irresponsables de leurs responsabilités ». Honte aux complaisants complices qui ne prévoient rien pour réguler ces escrocs publics.
Et vive les trains !