« Le monde a changé tit-loup », chantait en effet Dubois. Les jeunesses désormais voyagent. Autour de moi, Simon Jasmin, petit-fils, revient de Bogota, était à Dubaï, il y a peu, qui revenait de Bruxelles, eh ! Le prof de musique, Gabriel, autre petit-fils, visitait l’autre été Hawaï, s’en ira « vacançer » en février, à Saint Barthélemy. En juin, mon Laurent, expert en « saisie électronique d’images » (!) est rentré d’Istanbul, en Turquie, les yeux lumineux !
Moi ? Sédentaire crasse ? Bien, là, devant moi, un fabuleux voyage, très éblouissant. Sur la table à manger, un simple cactus qui soudain fleurit en mini « lys » tout de blanc et de rose ! Les fines étamines d’un rouge si vif dans les mini-cornets immaculés blancs, ces minces filaments cramoisis, fuschia (?). Hypnotisés, nous rçevons, elle et moi, on ne se lasse pas d’admirer. C’est une sorte de voyage, non ?
Amis, lectrices, lecteurs, il y a un moyen si facile de partir, de visiter le monde, de voyager et sans que cela ne vous coûte un seul sous ! Une façon formidable et, qui plus est, vous pouvez n’importe quand suspendre votre expédition à l’étranger, rentrer chez vous, reprendre votre existence normale et, paf !, repartir à volonté. À votre très libre gré.
Ainsi, tenez, j’en reviens, j’ai pu aller dans le « far west » de Moscou. Oui, oui, j’ai pris connaissance intime avec ce vaste pays froid qui allongeait l’URSS jusqu’en Chine, en Mongolie, aux frontières du Japon. Pour cette expédition fabuleuse J’avais, gratuit aussi, un fameux guide ! Alexandre Soljenitsyne, sa prose est d’un calibre parfait et avec lui, j’ai pu examiner avec horreur tous ces camps de détention staliniens, ce sinistre « Archipel du Goulag ». Voyage inoubliable.
En quelques mois, sans quitter Sainte Adèle et ma rue Morin, j’ai voyagé un peu partout et mon budget en a été préservé, intact, vraiment inentamé malgré les distances. Aussi, je ne cesse pas de m’interroger : pourquoi donc —oh oui, pourquoi ?— si peu de lecteurs dans notre monde ? À ma piscine de l’Excelsior, chaque jour, dans les chaises-longues de la jolie serre, voir tant de gens qui ne lisent pas ! Dans les salles d’attente des cliniques aussi ! Un profond mystère à mes yeux. Après tout, sur deux Québécois, il n’y a qu’un « analphabète fonctionnel », non ?
J’ai donc beaucoup voyagé (merci Kindle, adieu biblio !) ces derniers mois. Avec l’effrayant témoin du nazisme, Élie Wiesel (« À Coeur ouvert »), avec ce nasillard troubadour du chant « country USA », le Bob Dylan (« Chroniques »), avec mon cher Pagnol (« Confidences »). Avec René Fallet pour mieux savoir l’étonnant Brassens ( « Georges Brassens »).
Avez-vous bien compris ? Pour me rendre à Sète, pays de Brassens, ou à Paris, ou à Marseille chez Pagnol, ou en Russie ex-soviétique, combien cela m’aurait coûté ? Des fortune n’est-ce pas ? Et, savez-vous le plus beau ?, j’ai voyagé sans les sacrées contraintes, les inévitables : bagages mal faits, rares et ruineux taxis, aéroports bondés, files d’attente, parfois hôtels s’avérant minables, des lits bossus, des punaises descendues des plafonds ( Istanbul !). Oui, lire c’est voyager en tout confort, dans un bon fauteuil, chez vous, à l’abri de tout et peu importe la météo. Je vais le dire, le proclamer même : ceux qui se privent de cela sont des misérables. À plaindre. Je vous quitte, je repars, j’ouvre mon « e-book », pour voyager « dedans » le fameux bédéiste Gotlib, j’ouvre, page UN : « J’existe, je me suis rencontré.»
Je repars en voyage, au revoir !